C'est une première dans la région : il est interdit de fumer à moins de 15 mètres de l'entrée des écoles élémentaire et maternelle de Ligueil dans le Lochois. Le maire de la commune de 2300 habitants, Michel Guignaudeau a pris cet arrêté suite à la demande des enseignants.
Michel Guignaudeau est le maire de Ligueil et proviseur de lycée à la retraite. Il a pris cet arrêté en juin dernier. Les panneaux et les deux espaces sans tabac ont été inaugués vendredi 6 décembre 2019 en présence d'Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer. C'est d'ailleurs la Ligue contre le cancer qui a fourni les panneaux et financé leur installation.C'est une initiative des enseignants qui étaient ulcérés de constater que les parents fumaient à proximité immédiate des écoles et que le sol était jonché de mégots
" Les enfants ont appelé Axel Kahn le professeur. Il leur a expliqué avec des mots simples les conséquences du tabagisme sur la santé de leurs parents. Les élèves même en maternelle ont écouté dans un silence total. Nous espérons que les enfants convaincront leurs parents d'arrêter de fumer", raconte le maire qui lui-même a arrêté de fumer pour éviter que sa fille ne tombe dans cette addiction.
En quoi consiste cet arrêté ?
Michel Guignaudeau, maire de Ligueil :Il est désormais interdit de fumer à moins de 15 mètres autour de l'entrée de l'école primaire et de l'école maternelle de Ligueil. Bientôt le collège Maurice Genevoix va suivre. Car ils ne veulent plus voir d'élèves de 6ème arriver au collège en fumant et en jetant le mégot au sol.
Est-ce légal ? Cela ne va-t-il pas à l'encontre de la liberté individuelle ?
Michel Guignaudeau, maire de Ligueil :C'est tout à fait légal puisque le périmètre "Education nationale" est de 30 mètres autour de l'entrée d'une école. Dans cette zone, le Maire peut prendre un arrêté pour protéger la santé des enfants tant qu'il est conforme aux lois de la République.
Comment les parents ont-ils réagi ?
Michel Guignaudeau, maire sans étiquette de Ligueil :
Le soir même, les membres de la FCPE tenaient une assemblée générale. Ils trouvent cette initiative très importante pour protéger leurs enfants. Les enfants en ont d'ailleurs beaucoup parlé à la maison. Si cela a pu permettre aux enfants d'exprimer leurs craintes pour la santé de leurs parents c'est très bien. "
Qui est à l'origine de cette idée ?
Michel Guignaudeau, maire sans étiquette de Ligueil :
C'est une intiative des enseignants notamment de l'école maternelle. Ils doivent enseigner la santé et la citoyenneté alors que juste devant l'école des parents fumaient et jeter leurs mégots par terre.
Les adjoints municipaux participent aux Conseils d'école. Les enseignants leur ont raconté comment les parents fumaient dans le sas d'entrée en attendant leurs enfants. Quand les portes de l'école s'ouvraient, toute la fumée entrait dans l'établissement.
A un moment donné il faut être clair : on ne rentre pas dans une école avec une cigarette au bec ! Alors nous avons pris cet arrêté. En plus, c'est très bien pour la ville car les agents municipaux ramassaient des kilos de mégots sur le sol.
Vous semblez satisfait d'avoir pris cet arrêté ?
Michel Guignaudeau, maire sans étiquette de Ligueil :
Nous ne sommes pas des brutaux. Nous sommes là pour protéger l'espace des enfants. On estime faire oeuvre utile pour notre pays. C'est bien le rôle de maire et d'enseignants. D'ailleurs après l'article paru dans la presse régionale, on a reçu beaucoup d'appels d'élus qui veulent prendre le même genre d'arrêtés.
Quel est le montant de la contravention ?
Il s'agit de l'article R610-r du Code Pénal. Le non respect d'un arrêté de police du Maire correspond à une contravention de première classe soit 38 euros.Ligueil n'est pas une première France : autres exemples
- Un arrêté d'interdiction de fumer déjà pris en novembre 2015 à Solesmes dans le Nord
Le 4 janvier 2016, pour montrer leur mécontentement, des habitants avaient déversé des tas de mégots devant une des deux écoles.
L'amende est de 17 euros mais personne n'a été verbalisée depuis la publication de l'arrêté. Pour le maire de Solesmes, il s'agit d'une mesure symbolique qui vise à protéger les enfants. "L'important, c’est d’éviter que les enfants agissent plus tard par mimétisme".
- Juin 2018 : Yvetot en Seine-Maritime
- Ouistreham dans le Calvados
- Kaltenhouse dans le Bas-Rhin.
- Septembre 2018 : Michèle Delaunay, élue socialiste à Bordeaux voulait créer des périmètres non-fumeurs de 20 à 30 mètres aux abords des écoles maternelles et élémentaires. Michèle Delaunay voulait étendre cette mesure aux collèges et au lycées. L'objectif de cette mesure : lutter contre la banalisation du tabac et dissuader les jeunes de commencer à fumer.
- octobre 2019 : des communes telles que Poix-de-Picardie (Somme) ont déjà mis en place des espaces sans tabac devant les écoles. La Communauté de communes Somme Sud-Ouest (CC2SO) est la première intercommunalité à mener ce type d’actions sur son territoire.