Nucléaire : pourquoi les anti-nucléaires vont manifester contre les nouveaux réacteurs EPR 2 à la centrale de Chinon

Tandis que le plan de relance de la filière nucléaire annoncé par le gouvernement commence à se mettre en place, les associations et collectifs d’opposants se mobilisent et annoncent pour ce samedi 21 et dimanche 22 octobre 2023 deux journées d’actions nationales. Y compris en Touraine.

Avec les déboires de l’EPR de Flamanville, dont la date de démarrage n’en finit pas d’être repoussée en raison de faiblesses technologiques et dont le coût ne cesse de s’alourdir, la filière nucléaire avait besoin d’un sérieux coup de pouce.

Voulu par Emmanuel Macron, le plan de relance prévoyant, pour commencer, la construction de six réacteurs EPR de deuxième génération – supposés plus faciles et moins onéreux à réaliser – à horizon 2035 tombait à pic. Après Penly (Seine-Maritime) et Graveline (Nord), le site de Bugey, dans l’Ain, a été retenu pour accueillir la troisième paire de réacteurs EPR2.

Bientôt deux EPR2 à la centrale d'Avoine

Du coup, dans le Chinonais, d‘aucuns verraient d’un bon œil EDF choisir le site de la plus ancienne centrale française – à savoir Avoine – pour accueillir deux EPR2 supplémentaires. "La communauté de communes est résolument candidate" peut-on lire sur la dernière édition de CVL Infos, la revue de la communauté de communes Chinon Vienne et Loire.

Motif de cet enthousiasme, la perspective de conforter les retombées économiques et les 1200 postes de salariés induits par la centrale. Une manière de se "tourner vers l’avenir", et de participer à la décarbonation à laquelle la France s’est engagée.

Sur un territoire riche de nombreux atouts et fort d’une histoire commencée il y a tout juste 60 ans, ce projet fédère les élus et bien au-delà

CVL Infos

Pas si simple, rétorque Greenpeace. L’association environnementale y voit au contraire "un mauvais choix". Dans un rapport publié au début du mois d’octobre, elle s’est attachée à comparer l’impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la construction d’infrastructures d’énergies bas carbone et renouvelables à la place des six réacteurs nucléaires.

L’ONG estime qu’"une utilisation de ces 52 milliards d’euros – coût estimé pour la construction des 6 EPR2 - pour le développement d’un mix 60 % éolien et 40 % photovoltaïques entraînerait la réduction de quatre fois plus d’émissions de CO2 d’ici à 2050 que les six EPR2 – tout en produisant trois fois plus d’électricité".

Production de déchets dangereux, "irradiation" des routes due à la multiplication des transports nécessaires à l’acheminement des combustibles et à l’évacuation des déchets, pollution des nappes phréatiques : pour le réseau Sortir du Nucléaire, "depuis 80 ans l’industrie nucléaire nous promet un avenir meilleur ; en réalité c’est 80 ans de déchets radioactifs dont personne ne sait sereinement que faire et des pollutions journalières liées à l’activité de l’ensemble de cette industrie."

Implanter des réacteurs supplémentaires : "une aberration !"

En jeu également, l’indispensable refroidissement des réacteurs, "qui représente, en France, la deuxième activité la plus consommatrice d’eau (31%), derrière l’agriculture (45%), et devant l’eau potable (21%) et les usages industriels (4%)", selon cette organisation.

Même analyse pour Philippe Gardelle, membre du groupe local Sortir du Nucléaire Touraine : "vouloir implanter à Avoine deux réacteurs en plus des 4 déjà existants est une aberration ; le niveau de la Loire est au plus bas, les barrages en amont sont presque vides, cela n’est pas raisonnable" estime-t-il.

C’est dans ce contexte que le Réseau Sortir du Nucléaire et le collectif Loire Vienne Zéro Nucléaire (LVZN) ont décidé de concentrer leurs efforts sur la Touraine à l’occasion de ces deux journées d’actions antinucléaires et d’en faire l’un des 20 sites du territoire national à être ainsi placés sous les projecteurs.

Au programme samedi 21 octobre, (centre Pluriel du Sanitas, 6 rue du général de Gaulle, Tours) :

  • De 11h à 16 h, rencontre avec des représentants de l’ACRO et la CRIIRAD, deux laboratoires indépendants créés à la suite de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, sur le thème de la pollution de l’eau, des végétaux et de l’air engendrée par le nucléaire.
  • A 20h, réunion publique sur le même thème.

Au programme dimanche 22 octobre :

  •  A 11h, rassemblement devant le CNPE de Chinon, à Avoine suivi d’un pique-nique tiré du sac.
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