Les violents orages qui ont touché une grande partie de la France entre ce samedi 4 et ce dimanche 5 juin en fin de nuit ont eu de graves conséquences pour les agriculteurs et notamment pour les viticulteurs dont les vignes ont été "hachées" par la grêle.
Après la pluie, vient le triste bilan pour Matthieu Bellivier, viticulteur à Huismes en Indre-et-Loire. "50% de l'exploitation est détruit à 90% et le reste est détruit entre 30% et 40%. On aura des vendanges sur une partie du vignoble, sur l'autre partie il ne reste qu'une ou deux grappes", déplore t’il en longeant ses rangées endommagées.
"Il y aura moins de grains et une récolte quasi nulle"
Samedi 4 juin, un orage de grêle s’abat sur ses 6 hectares de vignes destinées à la production de vin de Chinon. En un quart d’heure, 32 millimètres de pluie et de glace s’abattent sur ses parcelles. Grappe après grappe, le constat est amer: "Tous les grains qui sont noirs, vont soit sécher, soit vont cicatriser mais il y aura un impact direct sur le volume du grain de raisin. Une grande majorité va tomber. Donc il y aura moins de grains et une récolte quasi nulle."
L'orage intense qui a traversé la France a été une "vraie catastrophe" pour l'agriculture, la grêle ayant touché aussi bien des vignes, des cultures de céréales que des bâtiments, a déclaré dimanche la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. "Des viticulteurs ont une vigne totalement hachée", tandis que les intempéries ont touché "aussi du blé, de l'orge", et que l'on compte également "des dégâts sur les bâtiments, des toitures totalement percées", a indiqué la responsable du principal syndicat agricole français.
Des systèmes de protection impuissants face à la grêle
Pour les agriculteurs, le fléau de la grêle s'ajoute à la sécheresse rencontrée ces dernières semaines, après un mois de mai classé comme le plus chaud et sec jamais enregistré en France. Des systèmes existent bien pour tenter de minimiser les dégâts comme les canons d’iodure d’argent ou les filets anti grêle mais, pour le premier, "parfois cela fonctionne, parfois non", déplore Matthieu Bellivier. Pas mieux pour le second qui offre aussi une protection très limitée. "Quand il s'agit de grêlons gros comme des balles de ping-pong ou de tennis, même les toits en tôle des bâtiments sont percés. Donc il n'y a pas de protection possible", constate Christiane Lambert.
La question de l’indemnisation
Dimanche 5 Juin, Bruno Lemaire a tenté de rassurer les agriculteurs sinistrés : "Nous allons étudier, département par département, là où il faut déclencher le dispositif de calamité agricole, et nous le ferons au plus vite", a promis le ministre de l’Economie.
Invité de Franceinfo le même jour, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté, Marc Fesneau, a lui précisé que les services de l'État étaient "en train d'évaluer" les pertes, "territoire par territoire pour faire les choses sérieusement et qu'on puisse mettre en place les outils" pour aider les agriculteurs. Il détaillait par ailleurs qu'une " quarantaine de départements" sont concernés et que "des dégâts très importants sur la viticulture, l'arboriculture" ont été constatés.
Plus que des paroles, Matthieu Bellivier attend "les actes". "Nous ne sommes pas assurés parce que mon père a eu deux épisodes de calamités. Un de grêle en 1994 et un de gel en 1991. Et vu ce qui arrive maintenant, on va peut-être finir par se poser la question et se faire assurer."
En attendant une possible indemnisation de l’Etat, "On va continuer à devoir travailler quasiment pareil pour ne pas avoir de récolte", explique résigné le vigneron qui va désormais devoir s’affairer à traiter la vigne pour éviter les contaminations de champignons.