Un métier sur mesure qui lie ses deux passions par un trait d'union. De mâts en mâts, construits en ferraille, en bois puis en aluminium, François Puech reste fidèle au bambou. Au bout d'une trentaine d'années de "bambouterie," il est devenu un référent incontournable. On le surnomme "Monsieur Bambou".
Depuis ses dix-huit ans, François Puech est passionné par la conception de chapiteaux. Ses premières expériences consistaient à tirer une feuille vers le haut pour voir comment appréhender la forme. Pour concrétiser son projet, il est allé glaner des informations afin de trouver des réponses à ses questions. Un savoir-faire qu'il transmet à son tour aujourd'hui en tant que bamboutier chapitologue.
Passion bambou
Dès le départ, quand il a commencé à toucher ce matériau, il a compris qu'il y avait des possibilités d'utiliser le bambou en lamelles. Il a construit sa première planche de skateboard dans un garage à Hanoye. Des bambous pleins du Vietnam, il a ensuite créé son premier chapiteau. Le début d'une longue et belle histoire.
"Il fait partie de ceux qui ont lancé un mouvement pour le bambou, pour son développement, pour son utilisation. C'est toute la vie de papa. "Monsieur Bambou", je pense que c'est ce qui le définit le mieux. C'est sa vie, sa passion. Il ne voit que par le bambou."
Fanny Puech, Bamboutière
Fondateur de Bambouscoopic, François Puech, nous ouvre les portes de l'atelier à Ceaux-en-Loudun dans la Vienne.
Les mâts bambous de François Puech ont été testés en compression par le laboratoire de CTBA bordeaux avant leur mise sur le marché, quatre ans plus tard, en 2000.
Les essais ont été concluants et ont prouvé la résistance du matériau et validé son utilisation pour la construction aux normes européennes. Un Graal que l'on doit à la persévérance de Monsieur Bambou et qui permet l'ouverture au public de ces géants majestueux de toile et de bambou.
Faire connaissance avec le bambou
Le bambou est de la famille des graminées et plus précisément des Poacées. Il s'agit d'une plante et non d'un arbre.
En 2018, on a estimé qu'il devait exister 1642 espèces de bambou, dont 800 espèces tropicales inadaptées à notre sol métropolitain, mais que l'autre moitié, avait toutes les chances d'y prendre racine et de s'acclimater sans problème. Elles ne seront pas toutes candidates au voyage n'ayant pas les mêmes prédispositions à leur commercialisation.
Le bambou pousse très vite et permet de lutter contre l'effet de serre grâce à l'absorption de ces gaz. Sa photosynthèse est largement supérieure aux arbres et autres plantes.
Il restaure les sols en éliminant certaines toxines et peut-être utilisé en agriculture régénérative en apportant carbone et oxygène. Pour reconnaître l'âge d'un bambou, il faut avoir l'œil, le toucher, le nez ou l'oreille. La couleur, les tâches, les moisissures, le son, sont autant d'indices pour faire son estimation.
Il offre de nombreuses possibilités d'exploitation parce qu'il est l'un des matériaux les plus polyvalents du monde. Toutes les applications possibles sont encore à découvrir et les promesses en architecture et design sont très prometteuses.
Les objets bambou sont légers, solides et compostables, des atouts pour s'intégrer dans le domaine de l'aéronautique. Il prend peu à peu, aussi, la forme de nos objets du quotidien en remplaçant le plastique. Un matériau qui devrait en toute cohérence avec les attentes environnementales trouver de plus en plus sa place dans l'avenir.
À Amsterdam, l'hôtel Jakarta, est un palais du bambou. Les aménagements intérieurs, les cloisons et les planchers sont fabriqués en laminé collé bamboo.
"Un bel exemple d'utilisation de ce matériau pour la construction en Europe."
François Puech
Comme matériau de construction, il peut remplacer le béton, l'acier, l'aluminium et le PVC. Il renferme le CO2 dans le matériau lui-même pendant toute la durée de vie du produit, et même plus longtemps, si le produit est recyclé en produit durable.
Dans une économie circulaire, il est important de générer ces matériaux et de leur donner une chance de nous surprendre encore !
Le bambou est solide, bon pour la planète et tout en beauté, sublime la magnifique œuvre de l'artiste Klaus Pinter, installée dans le domaine de Chaumont-sur-Loire. Une sphère, grandiose et poétique, recouverte, à partir d'une structure en bambou, de plus de 1000 feuilles de zinc. Tout un art !
Mayotte
François Puech nous emmène à Mayotte, qui va devenir un élément important de la filière Bambou.
Un projet mené avec l'association BAM.Un travail titanesque après l'abandon des bambous à Mayotte. Pour nettoyer une touffe, il faut six personnes pendant sept à huit jours, en partant de zéro.
Dans les maisons traditionnelles anciennes, le bambou était enveloppé dans le torchis. Les constructions passaient l'épreuve du temps et dans le souvenir des habitants du village, elles étaient plus jolies que celles d'aujourd'hui, en béton.
Le bambou et sa mauvaise réputation
Qui n'a pas entendu dire que le bambou est invasif et préfère s'en passer ? Et s'il s'agissait seulement d'un mauvais choix ou tout simplement d'une méconnaissance ? Le bambou choisi pour planter dans une forêt doit-il être le même que celui du petit jardin familial ?
Le bambou dit traçant peut traverser le bitume pour envahir celui du voisin parce qu'il a des rhizomes qui se déploient sous terre.
Le bambou, non traçant, va rester bien sage, là, où vous l'avez planté.et ses racines vont se développer près de la touffe.
Monsieur Bambou ne compte pas s'arrêter là, puisqu'il veut faire vivre sa passion jusqu'à ses cent ans.
Documentaire "Monsieur Bambou" de Christophe Ramage, produit par A Propos production et France 3 Centre-Val de Loire, à voir ce jeudi 12 octobre à 00.00 sur France 3 Centre-Val de Loire et à retrouver en replay sur france.tv.