16 ans de lutte citoyenne contre les politiques migratoires mises en place dans notre pays, et dans toute l'Europe : à Tours le premier Cercle de Silence s'est tenu en mars 2008. Il s'agissait alors surtout de dénoncer l'enfermement des demandeurs d'asile dans les centres de rétention administrative.
Des frères franciscains sont à l'initiative du premier Cercle de Silence, qui s'est tenu à Toulouse, à l'automne 2007. Une manifestation symbolique, visant à dénoncer l'enfermement dans des CRA (centres de rétention administrative) de personnes étrangères en situation irrégulière.
Un peu partout en France, les organisations de défense des migrants, les militants pour un accueil dans la dignité ont suivi l'exemple toulousain. À Tours, l'association Chrétiens-Migrants est à l'origine du Cercle de Silence, organisé pour la première fois sur la place Jean-Jaurès en mars 2008.
Mois après mois, pour un accueil dans la dignité
"Il s'agissait alors d'une réaction contre l'enfermement dans les centres de rétention qui n'étaient rien d'autre qu'une prison, se rappelle Louis Barraud, cofondateur et président de Chrétiens-Migrants. Un premier combat, mais, depuis, les associations font face à des lois de plus en plus répressives et à l'obsession politique de tous les pays d'Europe d'exclure les demandeurs d'asile."
Témoins d'une mobilisation citoyenne en Touraine en faveur de l'accueil et de la protection des étrangers demandeurs d'asile, les cercles de silence sont ainsi devenus un rendez-vous mensuel, organisé le dernier mardi de chaque mois, à 18h30. De nombreuses associations appellent désormais à y participer, parmi lesquelles RESF, Emmaüs 100 pour UN ou Utopia 56, mais aussi la Ligue des Droits de l'Homme, la CIMADE ou Amnesty International.
La politique migratoire actuelle va de pair avec l'évolution vers l'extrême droite des partis politiques de France. Mais je pense que l'histoire jugera et qu'il y aura un retournement de situation. Nos valeurs fondamentales, la France terre d'asile, et notre besoin d'accueillir des jeunes vont reprendre le dessus.
Louis Barraud, président de Chrétiens-Migrants
"Le patron du MEDEF lui-même explique qu'il nous faudra 150 000 étrangers par an d'ici 2030 pour soutenir la production, poursuit Louis Barraud. Je viens de passer quelques semaines à l'hôpital, où une aide-soignante sur deux est étrangère...Nous avons impérativement besoin de ces personnes ! La politique à l'égard des étrangers est totalement incompréhensible, nos dirigeants font preuve d'irresponsabilité sur ce plan-là."
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"On ne va pas baisser les bras !"
16 ans et 200 Cercles de Silence plus tard, malgré des textes de loi toujours plus durs et plus nombreux à l'encontre des demandeurs d'asile, pas de découragement chez ces militants, l'indignation reste de mise :
La politique que l'on mène à l'égard des étrangers est scandaleuse. On laisse à la rue des milliers de femmes et d'enfants qui vont devenir la proie des proxénètes ou des vendeurs de drogue. Et, de toute façon, il est moralement inacceptable, pour des Français comme nous, de refuser d'accueillir des personnes en difficulté !
Louis Barraud, président de Chrétiens-Migrants
Depuis octobre 2013 et son 68ème rassemblement, le Cercle de silence de Tours publie chaque mois un bulletin conçu autour d’un thème différent adapté à l’actualité de l’immigration en Europe, en France et en Touraine.
"Dans les 132 bulletins diffusés à ce jour, sont inlassablement exposés les douloureux parcours migratoires des exilés qui espèrent trouver dans les pays européens de meilleures conditions de vie et condamnés les mauvais traitements qui leur sont infligés : les morts en mer toujours plus nombreuses, les refoulements criminels aux frontières extérieures ou encore l’obsession des gouvernements successifs de légiférer en permanence pour justifier des méthodes inhumaines de rejet des étrangers et soutenir l’idéologie de l’envahissement" (extrait du bulletin diffusé à l'occasion du 200ème cercle de silence de Tours).
Le fondateur des cercles de silence veut malgré tout conclure sur une note optimiste :
"Je ne désespère pas et nous n'allons certainement pas baisser les bras ! Je reste certain qu'on peut revenir à des positions humanistes, sérieuses, qui correspondent aux valeurs fondamentales de notre pays. Nous nous opposons à des idées nauséabondes, nous luttons cotre le retour de la peste brune. Mais je ne crois pas que les Français soient des adeptes du rejet de l'autre. À de très rares exceptions près, nous ne recevons que des encouragements lorsque nous nous réunissons sur la place Jean-Jaurès."
