"Nous allons les inonder de courriels et de courriers" : face à la pénurie de professeurs de français, une mobilisation des parents parfois vaine

A Montargis et son agglomération, certains élèves du secondaire n'ont pas eu de cours de français depuis la rentrée. Pour tenter d'obtenir un professeur, leurs parents manifestent devant les établissements. Sans toujours être couronnés de succès.

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"Nous sommes écœurés, c'est affligeant".  Ce mercredi 26 novembre, cela fait plus de deux semaines que les parents d'élèves du lycée Durzy ont manifesté devant l'établissement montargois. Et toujours aucune solution proposée.

Le motif de leur colère ? L'absence, depuis la rentrée, de professeur de français pour deux classes de secondes : "Une semaine après notre mobilisation, le rectorat a même osé appeler le proviseur pour lui demander  "Vous pensez qu'ils vont recommencer" ?,"  déplore une mère d'élève. Nous allons recommencer, bien sûr. Écrire. Les inonder de courriels et de courriers. Ça fait maintenant 10 semaines de cours manqués pour nos enfants."

Actionnées en désespoir de cause pour tenter d'obtenir des moyens, les mobilisations de parents se heurtent, ces dernières semaines, à l'échec ou au "demi-succès".

Risque d'échec au brevet

Au collège Pablo Picasso de Châlette-sur-Loing, dans l'agglomération montargoise, les parents comptabilisent déjà deux manifestations en deux ans. Du jamais vu. La première mobilisation de février 2023 avait permis d'accélérer le remplacement d'un poste de professeur de français sur les deux vacants, "en partie grâce à la médiatisation de notre cause".

Restait un poste à pourvoir, qui n'est jamais venu. Résultat : une classe de 3ᵉ est aujourd'hui lourdement pénalisée. "Le problème inédit de cette année est que, parmi les élèves de la 3ᵉ concernée, il y en a 12 qui n’ont pas eu de cours de français depuis la rentrée 2023, pour la 2ᵉ année consécutive donc, s'alarme Alexandre Linon, président du conseil local des parents d’élèves. C’est dramatique pour la suite de leur scolarité, car ils risquent d’échouer en français au brevet et surtout de ne pas être au niveau pour débuter le lycée."

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Le 19 novembre dernier, les parents ont donc de nouveau tapé du poing sur la table, en montant d'un cran dans la contestation. Ils ont bloqué l'entrée du collège.

Pour quel résultat ? "On est dans l'expectative, souffle Alexandre Linon. Il manque précisément 8h30 de cours de français. La solution pourrait être interne. En jouant sur les heures supplémentaires, et en supprimant les groupes de niveau (instaurés cette année pour les classes de 6e et de 5e en maths et français, NDLR), ça libérerait des heures, ce qui permettrait aux élèves concernés d'avoir enfin un professeur face à eux". Les parents devraient être fixés ce vendredi.

Cellule de recrutements

D'autres faits interpellent, comme au collège Lucie Aubrac, à Villemandeur toujours dans le Loiret, où un professeur de français a pris en charge une classe de 3e sur ses heures supplémentaires, "mais il manque encore 9h de français par semaine, souligne Sadiha Khalfa, présidente du groupement des parents d’élèves. Pour que tout le monde ait cours, la direction a préféré faire provisoirement l'impasse sur les groupes de niveaux en 6ᵉ / 5ᵉ".

Des situations alarmantes et des enfants parfois laissés sans solution. Comment en est-on arrivés là ?

Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse le 22 novembre dernier, le recteur de l'académie d'Orléans-Tours, Jean-Philippe Agresti, reconnaissait des problèmes de recrutement, "notamment à Montargis et en professeurs de lettres". La ville serait en effet moins attractive qu'Orléans ou Tours.

On n'attend pas qu'il y ait une manifestation devant l'établissement ou que la presse se saisisse du sujet pour s'en occuper

Jean-Philippe Agresti

Recteur de l'académie d'Orléans-Tours

En cas d'absence, les chefs d'établissement ont l'initiative : "Dès qu'ils sentent que ça va au blocage, ils saisissent la cellule académique, précise Jean-Philippe Agresti. La cellule a un taux d'efficacité de remplacement de 96%. Pour les 4% qui restent, c'est toujours trop."

Les parents dénoncent, eux, la mise en place de groupes de niveaux "sans moyens en face", alors que la dotation horaire "était déjà inférieure aux besoins réels", regrette Sadiha Khalfa.

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