Témoignages de parents qui télétravaillent et font l'école à la maison : "On est en mode survie"

Nombreux sont les parents qui se sont mis au télétravail le temps du confinement. Mais à leurs journées professionnelles s'ajoute l'école à la maison. Des doubles journées pas toujours simples à gérer. Témoignages de parents en Centre Val-de-Loire après trois semaines d'expérience. 

Depuis trois semaines à la masion c'est comme un relais 4 x100 mètres sans ligne d'arrivée

Nicolas et sa femme Gwendoline sont les parents de deux enfants scolarisés en CE1 et en Grande section. Tous les deux sont en télétravail et jonglent avec les devoirs à la maison. "Ils sont encore petits et pourtant il y a au moins quatre heures de devoirs par jour", nous explique le papa, fatigué.

Une organisation quasi-militaire

Ils ont organisé leur journée de travail autour des devoirs des enfants. Le timing est serré. " Le matin, on lève les enfants vers 8h. Ma femme commence les devoirs pendant que je travaille deux heures. L'après-midi c'est l'inverse."

L'objectif est que les enfants ne soient pas trop devant un écran. 
"Il y a déjà beaucoup de devoirs sur l'ordinateur donc on limite au maximum. "

La soupape de sécurité c'est le sport deux fois par jour

Tous les matins et tous les après-midi, la petite famille s'autorise une demi-heure de sport. " C'est la seule façon qu'on a trouvée pour évacuer les tensions à la maison."

Puis il nous confie. " Quand les enfants sont couchés, on termine notre journée de travail jusqu'à 23 h. Ce qui est fatigant, c'est que nos managers nous en demandent plus que d'habitude alors qu'on a les enfants à gérer. On ne tiendra pas comme ça pendant trois mois." 

Le couple entre parenthèses 

Le couple de quadragénaires s'autorise un café ensemble le midi et un petit temps le soir avant de se remettre au travail.  "On est en mode tout pour les enfants. Notre couple est entre parenthèses", raconte ce papa. 

Camille vit près de Tours avec son mari et ses trois enfants de 11 ans, 7 ans et 3 ans. "On vit comme des colocataires pas comme un couple. La seule chose qu'on a maintenue, c'est de dîner tous les deux le soir. On fait manger les enfants avant.

"Depuis une semaine c'est l'enfer "

" Les deux premières semaines, ça allait car j'ai pu bénéficier des 14 jours de garde d'enfants. Mon mari pouvait télétravailler sereinement. Et je pouvais accompagner mes deux grands pour les devoirs". 

Cette maman dynamique a l'habitude de bien organiser son petit monde. Mais là, le télétravail ajouté à l'école à la maison, c'est devenu intenable. " Je me lève à 5h30 du matin pour réaliser les formations demandées par mon employeur jusqu'à 9h30. Puis je mets les enfants au travail et un ado de 11 ans est très difficile à mettre au travail. " 

Crise de larmes, tensions, grande fatigue. Camille dresse un bilan terrible de sa première semaine de double journée : " On vit ensemble mais on ne partage rien à part de la colère. C'est très difficile. "

Pourquoi tant de tensions ?

La difficulté est de gérer son travail quotidien que l'on veut bien faire comme d'habitude et les multiples devoirs donnés par les enseignants notamment au collège. " En 6 ème, les enfants ne sont pas vraiment autonomes et assez immatures. Quand on les laisse faire leurs devoirs sur la tablette on les retrouve sur des jeux parce qu'ils n'ont pas réussi à faire le devoir demandé. Donc on s'énerve. On est moins patient. "

Camille comprend les enseignants mais elle se demande pourquoi ils donnent autant de travail à faire à la maison. " La continuité scolaire est trop poussée. Ce n'est pas une région ce sont tous les enfants de France qui sont confinés alors si il leur manque quelques notions pour la classe supérieure ce n'est pas si grave."

Et elle ajoute, à bout : "J'ai l'impression de passer mes journées à me fâcher. Le confinement, si il n'y avait pas toute cette lourdeur scolaire ça irait. Mais là c'est trop. Des fois j'ai envie de faire leurs devoirs à leur place pour que ça aille plus vite. Et puis je pense aux enfants qui se gèrent seuls ou à ceux qui ont des parents qui ne suivent pas sur le plan scolaire. Ce n'est pas du tout équitable. " 

Aurélie, maman d'un collégien à Tours fait le même constat : "Je savais que mon fils avait besoin d'aide mais là comme il n'y a pas eu de cours en classe avant, on part de zéro à chaque fois. Les maths, le français, l'anglais, je comprends mais la musique, les arts plastiques, la SVT et la physique je suis vite dépassée et mon fils aussi par les nouvelles notions à acquérir sans enseignant. "

Cette maman n'a qu'un enfant mais a du mal à gérer ses obligations professionnelles quotidiennes et les devoirs de son fils de 11 ans : "Le matin je me lève une heure plus tôt pour imprimer les devoirs à faire dans la journée, je convertis les fichiers dans le bon format car mon fils ne peut pas lire des documents word sur la tablette, je fais des plannings de travail pour qu'il ne fasse pas tout en même temps. Bref c'est l'horreur.

L'important c'est de garder un rythme

Habitué à travailler à la maison, Jorane est compositeur indépendant à Blois dans le Loir-et-Cher. Avec sa compagne, il s'occupe de six enfants dont cinq scolarisés. " On a essayé au début de faire un emploi du temps carré mais on a vite abandonné. L'important c'est de garder un rythme. On met le réveil, on prend le petit déjeuner, on se lave et on se met au travail. "

Ce papa est plutôt philosophe face à cette période. " En une semaine j'ai composé trois minutes de musique. Normalement je compose 1h30. J'ai beaucoup de mal à me concentrer. C'est comme ça. On n'a pas le choix de toute façon. Les clients sont compréhensifs. " 

Et il voit le bon côté de cette situation : " Même si ce n'est pas facile, ça me plaît de passer du temps avec mes enfants, de savoir où ils en sont pour de vrai sur le plan scolaire."

Et les vacances approchent ...

Les vacances de printemps en région Centre Val-de-Loire, c'est vendredi prochain, le 10 avril.
Les parents font un voeu : " J'espère que les enseignants auront la finesse de ne pas donner de travail pendant les vacances. On pourra faire autre chose en famille même si on ne peut pas partir en vacances. On a besoin de se retrouver et de partager des jolis moments pas uniquement des tensions" conclut Camille avant d'aller jouer avec ses deux grands dans le jardin pendant la sieste du petit dernier. 
 
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