Les chercheurs de l'université de Tours et de l'INRAE se penchent depuis l'été dernier sur un vaccin sous forme de spray nasal. Une alternative prometteuse pour essayer d'endiguer l'épidémie.
Une bonne nouvelle pour ceux qui craignent les aiguilles. Alors que la stratégie vaccinale se poursuit en France, une vingtaine de chercheurs de l'université de Tours et de l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement (INRAE) travaillent depuis l'été dernier sur un vaccin administrable par voie nasale.
"L'idée serait d'injecter le produit sous forme de gouttelettes à l'extrémité des deux narines pour diffuser au niveau de toute la surface muqueuse" explique Nicolas Aubrey, chercheur et maître-conférencier à l'université de Tours. Mais comment deux injections dans le nez pourraient nous protéger du Sars-CoV-2 ?
Objectif : empêcher le virus d'atteindre notre organisme
A la différence de Pfizer ou encore Moderna, ce vaccin nasal n'est pas à ARN Messager. Cela signifie qu'il ne contient pas les molécules (traduits par la suite en protéine qu'on retrouve dans le virus) permettant d'activer les défenses immunitaires en cas de contact avec le virus. Comme les vaccins administrables par voie intramusculaire, il nécessitera cependant une deuxième injection, trois semaines après la première d'après les premières estimations.
L'idée, c'est de faire une vaccination directement dans le nez pour activer les réponses immunitaires locales. C'est par là que le virus rentre donc les deux injections permettraient de le bloquer
Sa facilité d'injection permettrait aussi à un plus grand nombre de personnes d'être en mesure de l'administrer s'il venait à être commercialisé. De plus, les doses se garderaient plus facilement, puisqu'il peut être conservé dans des lieux où il fait entre 4°C et 20°C. Mathieu Epardaud, chercheur à l'INRAE, pense aussi que "ça plaira aux gens qui préfèrent avoir un spray dans le nez qu'une injection par aiguille, surtout si on doit faire des rappels réguliers tous les un ou deux ans comme des vaccins classiques".
Isabelle Dimier-Poisson, la directrice du projet, espère que ce vaccin par injection nasale pourra être vendu le plus rapidement possible. "Avec ce candidat vaccin, on est à même de dire qu'on a de très bonnes réponses immunitaires. On réfléchit déjà aux tests cliniques, qu'on effectuera sur l'Homme, pour permettre sa mise sur le marché". Le verdict sera connu d'ici la fin de l'année 2021. En attendant, elle ne manque pas de rappeler qu'aujourd'hui "au moins 250 vaccins contre le Covid-19 sont à l'étude", mais que "la quasi-totalité sont administrables par voie intra-musculaire".
D'autres pays se penchent aussi sur ce procédé
Cette idée de vaccin par voie nasale a aussi émergé de l'autre côte de l'Atlantique. Aux Etats-Unis, des chercheurs de l'université de Washington avaient déjà réussi les premières phases d'essai sur des animaux en août 2020. Ils ont réalisé des tests sur des souris et ont alors remarqué que la voie nasale était plus efficace pour empêcher l'infection. Avec ce type d'administration, la réponse immunitaire est très forte.
L'université d'Oxford, au Royaume-Uni, réfléchit quant à elle à un vaccin qui serait administré par la bouche. Pour cela, l'usage d'un aérosol similaire aux traitements contre l'asthme est envisagé. Reste maintenant à savoir si ces nouvelles méthodes d'injection seront efficaces, ou non, sur le long terme.