Affaire Münsch-Masset à Tours : "la confiance est rompue" témoignent d'anciens salariés de l'Apajh 37

Ce lundi 6 décembre, la première adjointe de Tours PS Cathy Münsch-Masset a annoncé sa démission après l'annonce de poursuites judiciaires la visant ainsi que son mari pour détournement de fonds. Localement, d'anciens salariés rapportent des anomalies qui n'ont pas pu échapper à la présidence de l'association.

Elle, elle était bien, mais lui, une catastrophe !” Au lendemain de la démission de la première adjointe (PS) de Tours, Cathy Münsch-Masset, poursuivie avec son mari dans une affaire de détournement de fonds publics, les langues se délient dans l’agglomération tourangelle. Jacqueline*, toujours partagée entre “colère et tristesse” se souvient de certaines pratiques étonnantes au sein de l’Apajh, dont elle est une ancienne salariée. Suspendue de ses délégations, Cathy Münsch-Masset demeure néanmoins conseillère municipale et régionale.

Un manager peu apprécié de ses équipes

Depuis fin 2016, Guillaume Masset était directeur de l'Association pour adultes et jeunes handicapés d'Indre-et-Loire (Apajh 37), qui se consacre à l’accompagnement de personnes handicapées. Entre 2018 et 2020, il aurait encaissé, outre son salaire, “24 chèques pour un montant de 350 000 euros”, dont une partie a transité sur le compte joint du couple, selon les révélations du procureur de la République de Tours fin novembre.

Évidemment, nous on ne pouvait pas savoir” estime Jacqueline*. En tout cas pas le détail. Mais elle se souvient très bien comment, le jour où elle a voulu quitter son emploi, Guillaume Masset lui a proposé de passer son salaire de 1700 euros par mois à 2500 euros. Mauvais manager, caractériel, instable, le directeur de l’association était bien moins apprécié que son épouse, qui l’a dirigée jusqu’en 2016. “Je l’aimais beaucoup, Cathy.

Nous étions contents et soulagés quand on a appris” la mise à pied de Guillaume Masset, abonde Michel*, quant à lui toujours salarié de l’Apajh. Bien que “très surpris” par le placement en garde à vue du directeur et l’ampleur des faits qui lui sont reprochés, Michel* estime que beaucoup savaient, comme lui, que ce dernier n’était “pas vraiment honnête”.

"C'était un enfant, il tapait du pied"

Il prenait les décisions tout seul sans consulter les salariés et les médecins”, poursuit l’employé. “Il prenait les salariés à part en leur criant dessus. Même en réunion, c’était un enfant, il tapait du pied, se mettait en colère. Il mettait la pression sur le personnel du siège aux Deux Lions. Il y a une personne du siège qui ne voulait plus rentrer seule dans son bureau sans un représentant syndical !

Quant aux rumeurs de détournements, elles n’ont guère attendu les poursuites judiciaires visant les deux époux. En tout cas, Michel* n’a aucun doute sur le fait que Jacques Biringer, le président de l’association, “savait”. “Il savait pour la voiture haut de gamme”, insiste-t-il. “Elle a été prise en leasing, elle coûtait 1000 euros par mois. Avant lui, l’ancien directeur-général roulait en Renault Modus. La brigade financière a montré les fausses factures à la comptable, qui n’avait rien vu !” Et de citer également le recrutement “sans passer par une procédure” d’une salariée immédiatement promue à un poste d’encadrement et rémunérée selon lui “au même niveau d’un directeur adjoint qui encadre 30 à 40 personnes”.

La seule arrivée de Guillaume Masset à la tête de l’Apahj fin 2016, succédant à son épouse, a jeté des doutes au sein de l’association, affirme encore le salarié. Lors de ce recrutement, au moins “soixante-dix CV” arrivent sur le bureau du président de l’association. A l’arrivée, seuls trois candidats sont reçus, “dont Guillaume Masset”. “Les deux autres candidats avaient un bon profil et des expériences dans le médico-social. Mais le président, Jacques Biringer, a annoncé en réunion que c’était le mari de Cathy Münsch-masset qui était recruté.” Or, ce dernier ne possède aucune expérience dans le domaine. “Ça nous a déprimés.

"Guillaume s'est mis à bricoler n'importe quoi"

Dans le monde politique aussi, l’annonce des poursuites et de la démission de Cathy Münsch-Masset a fait l’effet d’une petite bombe, autant dans la majorité que parmi l'opposition de droite, comme l'ont constaté Jean-Patrick Gilles (PS) et Marion Nicolay Cabanne (LR). “Je les connais bien, on est tombés de l’armoire”, affirme Jean-Patrick Gilles, ancien député socialiste et conseiller municipal tourangeau. Selon lui “Guillaume s’est mis à bricoler n’importe quoi car il avait des emprunts, des dettes. Cathy n’était pas au courant. Ils ne mangeaient pas du caviar à la louche !

En tout cas, “ça fragilise un peu plus le PS qui n’avait pas besoin de cela”, diagnostique l’élu. Aux élections municipales, l’alliance passée entre le PS et les écologistes aurait dû permettre un ticket commun aux législatives, porté potentiellement par Cathy Münsch-Masset. Pour le ténor socialiste, “Guillaume a dû faire ça par amour, pour ne pas perdre la face devant sa femme. Selon moi, il n’a pas bien géré la dette liée à la faillite de ses deux entreprises et la dette s’est amplifiée”.

En revanche, pour l'opposition de droite, la majorité et le maire "minimisent" les faits. Dès le mois de novembre 2020, Marion Nicolay Cabanne, conseillère municipale LR, avait soulevé des doutes sur la nomination par le maire au Centre communal d'action sociale (CCAS) de Guillaume Masset. "Il y a une espèce de système entre eux, quand l'un rentre quelque part il fait rentrer l'autre et ainsi de suite", affirme l'élue municipale. "Effectivement, mon alerte se posait sur le CCAS, mais il y avait déjà une question qui se posait sur l'Apajh, sur Habitat et humanisme. C'est une alerte qui était sérieuse."

Quel que soit le résultat du procès prévu, le 8 février prochain, l'avenir s’annonce donc bien sombre, tant pour les époux Masset, toujours présumés innocents, que pour l’association désormais un peu orpheline. “Ça va être compliqué pour reconstruire, la confiance est rompue”, assène Michel*. 

En première instance, le 8 mars 2022, Guillaume Masset a été condamné à 18 mois de prison ferme et Cathy Münsch-Masset à 18 mois avec sursis. Lors du procès en appel de Cathy Münsch-Masset, cette dernière a finalement été relaxée, le 15 novembre de la même année.

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