Fermeture de Recipharm à Monts : " C'est un drame social et un gâchis monumental"

Financé à hauteur de 15 millions d'euros par l'État, le site de production de vaccins contre le covid va fermer ses portes, faute de demande. L'usine emploie encore 225 salariés.

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"On était 360 et maintenant ce sont 225 postes qui vont être supprimés. Même si on s'y attendait depuis longtemps, l'annonce a été brutale et nous fait peur". Serge Aumont, représentant Force ouvrière des salariés de Recipharm à Monts, a enchaîné les réunions depuis l'annonce de la direction de fermer le site en 2025. " Beaucoup de salariés étaient en pleurs. Il y a des couples et des familles qui travaillent ici. C'est un véritable drame social !" 

Ce mardi 21 novembre, le laboratoire suédois Recipharm a annoncé que le site de Monts en Indre-et-Loire cessera son activité mi-2025. L'entreprise spécialisée dans le remplissage et le conditionnement de produits injectables avait été soutenue par le gouvernement à hauteur de 35 millions d'euros pour son projet d’extension de ses capacités de production. Une aide devait lui permettre de déployer une plateforme de production de vaccins anti-Covid utilisée pour le vaccin Moderna.

"Recipharm annonce cesser ses activités mi-2025 sur son site de Monts, et va déployer ses efforts pour la recherche d’un repreneur", indique le communiqué de presse par lequel la direction du laboratoire suédois Recipharm a annoncé la nouvelle après avoir informé ses salariés. 

 "Après deux années d'efforts intensifs dédiés à l'amélioration de la qualité et de la durabilité de notre site, Recipharm a conclu que les importantes initiatives entreprises n'ont pas produit les résultats escomptés et ne garantissent pas une viabilité économique suffisante pour le site", précise-t-elle. En cause "des normes de qualité qui ne seraient pas à la hauteur et des arrêts de production pour assurer une fabrication conforme trop fréquents. "

L'entreprise dit "se mobiliser pour rechercher un repreneur pour les activités de Recipharm Monts SAS et allonge de plusieurs mois le délai légal prévu par la loi Florange."

Les salariés sont effondrées et en colère. Ils sont restés parce qu'ils y croyaient. La fin est brutale. 225 postes en plus des 160 déjà supprimés. C'est un gachis monumental !"

Serge Aumont, élu FO chez Recipharm à Monts

France 3 Centre-Val de Loire

Les salariés ne croient pas en la reprise du site

En fin d'après-midi, les représentants des salariés ont été reçus par la direction qui leur a parlé de leurs efforts pour trouver un repreneur. "Cela fait longtemps que le groupe a ouvert des négociations. Il y a eu un ou deux prospects qui sont venus mais qui n'ont pas donné suite. Ce que souhaite la direction c'est qu'on meure en silence et qu'on travaille jusqu'au dernier jour", s'insurge Serge Aumont, élu FO chez Recipharm à Monts. Et d'ajouter : "Les salariés sont effondrés et en colère. Ils sont restés parce qu'ils y croyaient. La fin est brutale. 225 postes en plus des 160 déjà supprimés. C'est un gâchis monumental !"

L'État demande le remboursement des 15 millions d'euros d'aides

Cette annonce intervient deux ans et demi après l'octroi par l'Etat d'une aide de 35 millions d'euros pour doubler sa production. Le 22 avril 2021, la ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher avait visité le site de Monts avec Marc Fesneau. "Nous allons débloquer 35 millions sur un projet chiffré à plus de 50 millions d'euros. C'est le résultat d'un appel à projets lancé en juin dernier, permettant d'accompagner les entreprises qui participent à la lutte contre la Covid", avait déclaré la ministre déléguée à l'industrie lors d'un point presse sur le site de l'usine près de Tours. "Nous sommes engagés dans un sprint, celui de produire le plus rapidement possible des doses et nous devons construire l'avenir et notre capacité pour faire face à d'éventuelles nouvelles pandémies", avait-elle ajouté.

Selon la ministre, c'était une première étape dans la reconstruction de sites de production pharmaceutique en France. En définitive, 15 millions d'euros avaient été versés à Recipharm, dont l'État réclame désormais le remboursement.

"Cet argent a été mal géré par le groupe. Notre dette s'élève à 130 millions d'euros. On est victime des choix du groupe et maintenant le groupe nous lâche", siffle Serge Aumont. "Demain, nous irons voir les salariés dans les différents services. Ils étaient prêts à redoubler d'efforts pour sauver leur entreprise. Mais ce n'est plus la peine. La direction a décidé de fermer". 

Une baisse d'activité entamée en décembre 2022

En 2021, 260 personnes travaillaient sur le site de Recipharm à Monts. Une centaine de personnes supplémentaires devaient être recrutées pour l'activité de mise en flacon de vaccins. 

En décembre 2022, en raison d'une baisse des commandes et une baisse d'activité de 20%, Recipharm avait réduit le temps de travail des 350 salariés du site de Monts. Guénaëlle Holloway, porte-parole de Recipharm, expliquait alors : "Nous fabriquons des vaccins, mais nous dépendons de la demande du client. Nous avons une baisse du premier d'entre eux et peu de visibilité. Aussi nous sommes dans l’obligation de réduire le temps d’activité." L’entreprise se voulait rassurante : "Nous mettons en place des lignes de production, car on croit à la pérennité du site. Les commerciaux ont une activité de prospection très forte et de bons espoirs."

Recipharm avait alors mis en place un plan d’activité partielle de longue durée (PAPLD). Les salariés étaient passés à la semaine de quatre jours avec une baisse de salaire de 6 %.

Le 19 avril 2023, du fait de la baisse de commandes de vaccins Moderna contre le Covid-19, le laboratoire pharmaceutique avait annoncé un plan de départs volontaires de 95 personnes, sur les 320 que comptait le site. 

Recipharm est un groupe suédois qui compte 9.000 salariés dans le monde, dont 5.000 en Europe et un millier en France sur quatre sites. Seul le site de Monts travaille pour Moderna.

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