"Mettez-vous à la place des animaux sauvages", cirques et militants tentent de se comprendre

Le cirque Zavatta s'installe sur le parking du parc des expositions de Tours du 10 février au 10 mars, avec ses animaux sauvages domestiqués. Face à la loi qui interdira cette pratique en 2028, une vingtaine de militants animalistes sont venus protester devant le chapiteau.

"On veut nous enlever nos enfants, on les a élevés", s'agace Fredo Douchet, dompteur et directeur du cirque Zavatta-Douchet. À quelques heures du spectacle, les esprits s'échauffent sur le parking du parc des expositions, où s'est installé le chapiteau.

Deux visions irréconciliables

Une vingtaine de membres du Collectif "Stop Cirque 37" sont venus affirmer leur opposition à la tenue de représentation avec des animaux sauvages. "En 2024, nous n’avons plus besoin des animaux pour nous divertir", affirme l'organisation dans un communiqué à la presse.

"Nous ne sommes pas contre les gens du cirque mais pour les animaux"

Emilien Cousin-Hamelal, Porte-parole du Collectif Stop Cirque 37

"Les circassiens doivent d'ores et déjà commencer à placer leurs animaux dans des sanctuaires au lieu  de s’entêter à les exploiter", insiste Emilien Cousin-Hamelal. "Vous avez un sanctuaire, vous ? Un endroit qui les chouchoutera comme nous ?" rétorque le dresseur, visiblement agacé. Les deux parties s'entendent, mais ne semblent pas s'écouter face à deux visions radicalement opposées. "Mettez-vous à la place des animaux", implore une militante. 

Avec 10 000 euros, vous pouvez aller tuer des animaux en Afrique, c'est là qu'il faut manifester.

Fredo Douchet, directeur du cirque Zavatta

Se mettre à la place de l'autre pour se comprendre ? 

Déjà habillés pour la représentation à l'heure où les plus jeunes prennent leur goûter, Fredo et un autre membre du cirque expliquent : "nos animaux on ne va pas les prendre dans la savane, ils naissent en Europe depuis 150 ans". 

Le dialogue parvient parfois à s'entamer, et chacun de pouvoir s'exprimer "on est civilisés, on veut bien vous accueillir, mais venez voir d'abord comment ça se passe". "Vous êtes bien d'accord que dans un espace comme celui-ci, ils n'ont pas assez d'espace", poursuit une militante, montrant la cage des animaux. Le circassien d'acquiescer, avant d'affirmer que des aménagements et projets sont en cours "nous, on veut évoluer, on est en train de se préparer, laissez le temps au temps".

L'avenir des animaux sauvages domestiqués encore flou

La question qui reste entière pour Fredo Douchet, c'est la mise en place de la loi. À partir de 2028, il sera officiellement interdit pour les cirques de détenir des animaux sauvages. Lui qui considère les siens comme ses "enfants" reste dubitatif quant aux moyens déployés pour la mise en place de sanctuaires. Qui s'en occupera ? Une interrogation sans réponse pour lui, quatre ans avant le couperet.

 Les talents humains dont les cirques français regorgent devraient largement se suffir à eux même.

Emilien Cousin-Hamelal, Porte-parole du Collectif Stop Cirque 37

Pour le dresseur, "un cirque sans animaux, c'est du théâtre. Pour nous c'est perdre l'âme de notre cirque". À ses yeux, il serait davantage nécessaire de "continuer les contrôles" pour s'assurer que les entreprises respectent les lois en terme de bien-être animal et de soins.

Les gens qui ne veulent plus d'animaux dans les cirques ne connaissent pas la vraie vie des cirques.

Fredo Douchet, dresseur pour le cirque Zavatta

L'itinérance des animaux concentre une grande partie des inquiétudes de leurs défenseurs. "Si c'est ça le problème on fera à domicile, sur des grands terrains", solutionne le professionnel.

En 2022, le cirque Zavatta avait été prié de quitter les lieux à Blois, sur décision du tribunal administratif. La ville interdit les cirques avec animaux sauvages depuis 2020.

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