Julie Galmard, 29 ans, est infirmière au CHRU de Tours depuis plus de six ans. Au service de pneumologie. Elle est en première ligne dans cette crise sanitaire engendrée par l'épidémie de COVID 19. Entre colère et inquiétude, elle nous raconte ses journées de travail.
Le service de pneumologie a été réorganisé pour se consacrer entièrement aux patients qui présentent les symptômes du COVID 19.
Des patients qui sont de plus en plus nombreux. Nous travaillons dans la peur car nous manquons de moyens de protection, masques et surblouses. Nous n'en avons que deux pour un service de huit heures. Il nous faut donc les garder quatre heures... Ensuite, il faut savoir que si l'on baisse le masque, pour boire ou manger par exemple, il ne ne nous protège plus".
À l'évidence, la situation est extrêmement difficile pour le personnel soignant. Elle l'est aussi pour les patients.
"C'est très dur pour les patients. Souvent, ils arrivent en urgence. Ils n'ont pas d'affaires et ne peuvent pas voir leurs proches. On a demandé à ce qu'ils bénéficient du téléphone et de la télévision gratuitement, pour garder un minimum de lien social. Réponse négative... Sauf peut-être pour la télévision depuis ce week-end."
Les soignants vivent aussi dans l'angoisse
Nous avons peur d'être contaminés, bien sûr, mais aussi de contaminer à notre tour nos proches ou d'autres personnes, quand nous allons faire nos courses, par exemple.
Julie n'a pas d'enfant, mais elle redoute de contaminer son conjoint qui, lui, est en télétravail.
"Contrairement à d'autres, j'ai fait le choix personnel de rentrer à mon domicile, car j'en éprouve le besoin, pour mon équilibre, pour le réconfort... Mais cette peur de contaminer est très culpabilisante."
Très fatigué, du fait notamment de la réorganisation permanente des services, le personnel soignant est en colère :
"Cela fait des années que nous luttons contre les suppressions de lits et d'emplois, mais le gouvernement n'a pas voulu nous entendre. Nous avons alerté sur les risques encourus en cas de crise sanitaire... et voilà, on y est !"
Tout cela aurait pu, aurait dû être anticipé. On n'en serait pas là aujourd'hui. Maintenant on doit réquisitionner du personnel, rappeler des retraités, mettre à contribution des étudiants qui vivent dans le stress car ils doivent aussi préparer leurs examens.