Une vaste enquête commandée par le Syndicat des mobilités de Touraine éclaire la distribution et les modes de déplacement dans le département. Un outil précieux pour les pouvoirs publics.
On n'y pense pas forcément, mais chaque fois qu'on prend le bus ou la voiture, on devient une minuscule goutte d'eau dans l'immense torrent des flux de transport. Et comme tous les torrents, sa mauvaise gestion peut avoir des conséquences nuisibles, voire catastrophiques, depuis les nuisances sonores à une surmortalité routière.
C'est justement pour mieux comprendre ces flux qu'une vaste étude sur l'année 2019 vient d'être publiée par le Syndicat des mobilités de Touraine et le Syndicat mixte de l'agglomération tourangelle (SMAT). En deux mots, elle se présente comme une photo en haute définition des habitudes de transport des habitants du département, depuis l'équipement des ménages jusqu'aux grandes dynamiques de transport quotidien.
"Cette enquête aidera à la préparation des projets de transport public et l’organisation des mobilités à venir, mais aussi à mieux prendre en compte les enjeux environnementaux et de déplacements dans les futurs projets urbains", expliquent les auteurs en guise d'introduction.
2 millions de déplacements, chaque jour, tous les jours
Avec près de 600 000 habitants, l'Indre-et-Loire compte environ 2 millions de déplacements quotidiens, dont 95% ont lieu à l'intérieur du territoire. Chaque habitant se déplace en moyenne 3,84 fois par jour, tandis que 11% d'entre eux ne quittent jamais leur domicile ou leur lieu de résidence. A eux seuls, les habitants de la Métropole tourangelle accumulent près de 5 millions de kilomètres parcourus chaque jour ! Or ces déplacements, en moyenne assez courts (de l'ordre de 5 km), sont répartis à hauteur de 45% au niveau des heures de pointe, entre 7h et 9h et entre 17h et 19h.Cliquez sur le "+" pour ouvrir l'infographie, ou cliquez ici
A l'échelle des EPCI (communautés de communes et d'agglomération), les habitants qui se déplacent le plus se regroupent sur l'axe ligérien : dans la Métropole, mais aussi dans les EPCI Touraine Est Vallées et Touraine Val de Loire, où l'on s'approche des 4 déplacements journaliers. A contrario, les habitants du Lochois par exemple ne se déplacent en moyenne que 3,41 fois par jour chacun, et une grande partie de leurs déplacements s'effectue à l'intérieur même de la Communauté de communes, comme l'indique l'analyse des flux de déplacements.
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L'agglomération tourangelle et le défi du transport propre
Avec près de la moitié de la population du département, l'agglomération tourangelle représente 1 million de déplacements quotidien, dont 91% restent sur le territoire de la Métropole et dont la majorité a lieu aux heures de pointe. Une cause majeure d'embouteillage et de pollution, surtout lorsque l'on constate que la plupart des trajets en voitures représentent 52% des déplacements dans l'agglomération (contre 62% à l'échelle du département) et jusqu'à 76% de la distance parcourue. Par ailleurs, dans 74% des cas, le conducteur de la voiture est seul. Un chiffre qui monte jusqu'à 99% pour les déplacements domicile-travail. La bataille du covoiturage n'est pas gagnée.Néanmoins, au cours des dernières années, les transports en commun et les modes de déplacement non polluants comme la marche à pied et le vélo se sont démocratisés dans la Métropole. L'usage de la voiture a ainsi reculé de 4,8 points depuis 2008 (et jusqu'à 5,9 points à Tours même et dans sa petite couronne), tandis que les modes de déplacements "actifs" ont progressé de 1,9 point et les transports en commun de 4 points.
D'après l'enquête, il semblerait aussi que la marche à pied ou le vélo l'emportent sur la voiture dans la plupart des déplacements de moins de 2 km, tandis que la part des transports en commun, sans être très importante, progresse quant à elle avec la distance de trajet.
Fait intéressant, l'analyse croisée entre distance et mode de déplacement pour Tours Métropole Val de Loire montre également un "creux" dans cette progression : si 20% des Tourangeaux utilisent les transports collectifs dans les trajets de 5 à 10km, cette proportion s'effondre à 9,8% face à la voiture entre 10 et 25 km, pour remonter à 19,8% au-delà des 25 km. Une préférence pour la voiture dans les trajets moyens qui indique que l'offre de transport en commun entre les différents EPCI pourrait être améliorée.
De fait, les nombreuses conclusions de l'Enquête mobilité, disponibles publiquement ici, promettent d'être extrêmement utiles aux décideurs publics. Qu'il s'agisse d'Emmanuel Denis, le maire EELV de Tours qui promettait lors de la campagne de faire la part belle aux mobilités douces, des élus de la Métropole et de leur président Wilfried Schwartz (DVG) ou des élus départementaux et régionaux qui vont remettre leur mandat en jeu en 2021, il y a du pain sur la planche.