Photographe indépendant tourangeau depuis plus de 30 ans, François Tomasi a décidé d’exposer ses œuvres dans son jardin. Une façon aussi d’alerter les pouvoirs publics sur la fragilité des artistes indépendants, pour la plupart sans revenu depuis 2 mois avec la crise du Covid 19.
"Cette exposition, je l’ai faite dans mon propre jardin. J’ai payé moi-même mes tirages photos en 100 cm par 70 cm et je les ai collés sur du Dibon. C’est un panneau rigide avec une feuille plastique qui est prise entre 2 plaques d’aluminium ".
En tout, dans son jardin, situé à Saint-Cyr-sur-Loire en Touraine, François Tomasi présente une quarantaine de photos grands formats : " Ce sont des photos prises entre 1999 et aujourd’hui, lors de voyages entre Paris, Cuba et Los Angeles. "
Il improvise un " jardin galerie " et l'ouvre au public
Au départ, François a accueilli juste ses voisins, mais il aimerait maintenant ouvrir son jardin à un plus large public.
"Vu que c’est chez moi, il n’y a pas vraiment d’horaires, mais c’est mieux de passer l’après-midi, entre 14 et 20 heures".
Bien sûr, le public sera invité à rentrer au fur et à mesure, sans dépasser la jauge de 10 personnes.
Pour lui, c’est aussi une bouée jetée à la mer car, avec le confinement, c'est toute son activité professionnelle qui s’est arrêtée d’un coup.
Artistes indépendants : les oubliés de la culture
François Tomasi veut aussi utiliser cet événement pour alerter les collectivités locales sur le devenir des artistes indépendants :
"Il y a une urgence, il faut absolument que l’on nous ouvre des lieux publics, dès cet été, pour exposer nos œuvres. Cela peut être des places publiques, des jardins."
Et François ne manque pas d'idées pour décloisonner la culture et mettre en avant les artistes qui, pour lui, ne doivent pas faire partie des oubliés de cette crise.
"En plus, en Touraine, il y a plein de châteaux. Au lieu de faire la fête de la citrouille, on peut mettre en avant des photographes, des peintres. Je pense que nous, les artistes, on peut aussi faire venir beaucoup de monde et être aussi un moteur de l’économie."
Là au moins je peux présenter ce que j’ai envie, François Tomasi - Photograhe
"Moi, si je ne vends pas de photos, en ce moment, je "crève" littéralement. Vous savez, j’ai calculé, si je m’arrête de travailler à 62 ans, j’aurai 500 euros de retraite par mois.
Si je m’arrête à 67 ans, ce sera 850 euros par mois. Avec cette somme, je ne vais pas aller bien loin. Pourtant, j’ai travaillé toute ma vie et je dois encore courir comme un lapin aujourd'hui. C’est ça la réalité de la vie d’artiste."
François Tomasi expose ses œuvres dans son jardin au : 69 rue Bretonneau à Saint-Cyr-sur-Loire, tout ce week-end, jusqu’au lundi de Pentecôte inclus.
Les galeries peuvent à nouveau exposer des artistes
La galerie Veyssière, située dans le centre historique de Tours, est un lieu hybride, où se mélange l’art et la littérature. "Mon père était libraire ici, je lui ai tout de même laissé une petite place." nous confie Elie Veyssière, galeriste.Cette galerie expose aussi bien de jeunes artistes locaux que des artistes confirmés, qui exposent aussi à l’étranger.
Pour nous, ces 2 mois de confinement ont été une période difficile. Nous avons dû fermer du jour au lendemain. On a pu rouvrir dès le 11 mai et même si on ne peut plus organiser de moments aussi conviviaux, comme des vernissages, je suis content de voir que nos fidèles reviennent." Elie Veyssière galeriste.
À partir du 5 juin, la galerie Veyssière accueille Emilie Lagarde, artiste tourangelle. Elle exposera ses peintures à huile et ses dessins. " C’est notre "expo" de déconfinement" s'amuse Elie Veyssière, " on l’a intitulée "Sortez masqués""