Tous les 4 novembre, un hommage est rendu à Yitzhak Rabin devant la stèle érigée en son honneur sur le parvis de l'hôtel de ville de Tours. Hommage au signataire des accords d'Oslo, une tentative de construction d'une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, qui prend forcément un relief tout particulier cette année.
Comme dans toutes les grandes villes de la région Centre-Val de Loire, un rassemblement est organisé à Tours ce samedi 4 novembre, à 15h, place Jean-Jaurès, en solidarité avec le peuple palestinien pour exiger un cessez-le-feu immédiat, l'arrêt des bombardements et la levée du blocus.
À quelques mètres de là, un autre rassemblement aura lieu, lui, à 18h30, dans la cour d'honneur de l'hôtel de ville. À la mémoire du Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par un étudiant juif extrémiste religieux. Il y a tout juste 28 ans.
Cette cérémonie est l'occasion de réfléchir sans haine à un avenir que l'on doit espérer meilleur. Non pas une cérémonie des uns contre les autres, mais un hommage à un homme de paix, reconnu comme tel dans le monde entier.
François Guguenheim, président asso Touraine-Israël, délégué régional du CRIF
Avant de devenir cet homme de paix, Yitzhak Rabin, né en 1922 à Jérusalem, a été un militaire s'illustrant dans les guerres arabo-israéliennes, jusqu'à être nommé général et chef d'état-major de Tsahal. Entamant une carrière politique dans les années 70, il devient une figure du Parti travailliste, est nommé Premier ministre en 1974, puis à nouveau en 1992.
L'homme de paix a fait la guerre
"C'est un homme de paix qui a d'abord été un militaire, un général qui a fait la guerre, reprend François Guguenheim, organisateur de la cérémonie en hommage à Yitzhak Rabin. Arrivé aux responsabilités politiques, il a voulu montrer qu'il n'y a pas de solution à la guerre sans construction de la paix derrière."
Rabin entre dans l'Histoire lorsqu'il signe, le 13 septembre 1993, les accords d'Oslo avec Yasser Arafat, leader de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Quelques jours auparavant, Israël et l'OLP ont déjà fait un pas immense en s'accordant une reconnaissance mutuelle. Les accords d'Oslo enclenchent un processus de négociation et jettent les bases d'une autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza (reconnaissance à venir de l'Autorité palestinienne).
Héros pour les uns, traître pour les autres
Les accords d'Oslo suscitent beaucoup (trop ?) d'espoir dans le monde quant au règlement de l'interminable conflit israélo-palestinien. En 1994, le Prix Nobel de la paix est décerné à Yitzhak Rabin, Yasser Arafat, ainsi qu'à Shimon Peres. Homme de paix pour les uns, Rabin est considéré comme un traître par d'autres. Il est abattu de deux balles dans le dos après un discours lors d'une manifestation pour la paix à Tel Aviv.
"Il a été assassiné par l'un des siens, ce n'est pas un cas isolé pour les hommes qui recherchent la paix. Le président égyptien Anouar el-Sadate, lui aussi, a payé de sa vie la paix signée entre l'Egypte et Israël. Même si ça fait plus de 70 ans que cela dure, il n'y a pas de raison qu'un jour, des hommes d'Etat de grand courage, comme il y en a eu dans le passé, trouvent des solutions de paix."
Un message d'espoir que François Guguenheim s'empresse de relativiser :
"Ce jour, je le vois très lointain, en ce qui me concerne. Sans espoir, il n'y a pas de vie, mais je ne suis pas convaincu qu'aujourd'hui les responsables politiques de part et d'autre veuillent la paix. Les peuples la veulent, mais je ne crois pas que les dirigeants actuels feront cet effort de paix."