Depuis le 2 décembre, les salariés de l'entreprise tourangelle SES, propriété de Colas, connaissent leur sort : en 2020, la société spécialiste des panneaux de signalisation va fermer ses portes. Ce mercredi 10 décembre, ils étaient réunis sur le parking pour dénoncer la situation.
"Ils nous virent et on ne sait pas pourquoi… C’est un choc !" Yannick, 56 ans, est mécanicien-monteur pour l’entreprise SES, fabricant de panneaux routiers, depuis 27 ans. Ce mercredi 10 décembre, alors que les syndicats sont en négociation avec la direction, une cinquantaine de salariés se sont postés sur le parking de l’entreprise."Il y a de la haine, de la colère", poursuit Yannick.
Une semaine plus tôt, les salariés de SES apprenaient la fermeture du site de Tours-Nord courant 2020 : 93 licenciements sont prévus. Depuis, l'activité de l'entreprise tourne au ralenti. Malgré ce coup de massue, les salariés ont décidé de se battre pour partir dans les meilleures conditions.
Sur de grandes banderoles déployées sur le parking, on peut lire "Merci Colas ! 93 licenciements : Joyeux Noël" ou encore "Colas brasse des millions et vire SES Tours". Colas, filiale de Bouyges, avait rachetée SES lors d’un redressement judiciaire en 2011. Illustration du soutien dont bénéficient les salariés de l’entreprise tourangelle, automobilistes et camions klaxonnent en passant devant les banderoles.Juste à côté, une guillotine tranchant la tête d’un mannequin est installée, ainsi qu'un cercueil avec la mention "SES Tours 1973-2020". Ici, la colère gronde. Les premières lettres de licenciement pourraient être envoyées en mai 2020.
"C’est comme nous lancer une bombe en pleine face"
Le choc de l’annonce de la fermeture du site, Alexandra, 43 ans, l’a vécu avant les autres. "Je fais partie du CSE, donc je l’ai su avant tout le monde… ça a été très dur de le garder pour moi pendant deux jours", témoigne celle qui travaille à la comptabilité depuis 15 ans, avant de poursuivre : "C’est comme nous lancer une bombe en pleine face." À ses côtés, une collègue craque et fond en larmes. "On ne lâchera rien !", lui promet Alexandra. "On va se battre pour obtenir un maximum d’indemnités."
"Depuis 2011, il y a une ingérence de la part de Colas", dénonce une autre salariée venue réconforter sa collègue.
Il y a des gens qui s’écroulent et rien n’a été fait pour sauver l’entreprise et les emplois.
"Comment voulez-vous que je retrouve un boulot à mon âge ?"
Selon Jean-Luc Debord, délégué syndicat FO, "la majorité des salariés a plus de 50 ans et beaucoup risquent d’avoir des difficultés pour retrouver un emploi". À l’instar de Bernard, 57 ans. Chef d’équipe de fabrication depuis 35 ans, il se sent désemparé face à la situation : "On sait juste qu’on aura le droit au chômage pendant trois ans… Et la suite ? Comment voulez-vous que je retrouve un boulot à mon âge ?" Même discours chez cet ouvrier : "J’ai des problèmes de santé… Personne ne voudra m’embaucher à 70 % à quelques années de la retraite !"
Les négociations entre les syndicats et la direction sur les modalités du PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) se tiendront ce jeudi. La période de négociation devrait s'achever mi-février.