"Fier, heureux mais usé", Bruno Poilpré démissionne à la grande surprise de la présidence du TVB après la quête d'un 6ème doublé historique Coupe-Championnat cette saison. Parmi les motifs : une forme de découragement face à la baisse des subventions un peu plus chaque année.
Il a décidé de partir après un doublé. En poste depuis deux ans et demi, Bruno Poilpré va annoncer officiellement ce jeudi 1er juin sa démission de la présidence du Tours Volley Ball. Selon certaines sources, il était "préoccupé" ces derniers jours mais il était difficile d'imaginer qu'il quitterait le TVB après une si belle saison, ponctuée de deux titres majeurs : une onzième Coupe de France et un neuvième titre de Champion de France. Sans oublier une qualification directe pour la prochaine campagne de Champion's League.
Un départ au sommet
Joint par téléphone le 31 mai, Bruno Poilpré confirme sa décision et avance la raison principale de ce "choix cornélien" : "Avec la conjoncture actuelle, je dois gérer pleinement le groupe Roulliaud et les 300 collaborateurs [secteur du second oeuvre, NdR]. Il est de mon devoir de président du TVB de reconnaître que malheureusement l’investissement nécessaire sur cette nouvelle saison ne pourra être conciliable avec mon activité de Président du Groupe Roulliaud. Mais je suis fier de partir au sommet après ce doublé."
Sur le plan sportif, Bruno Poilpré aura connu cinq finales en deux ans avec deux titres en 2023, ce qui fait de Tours le club majeur du volley-ball français. Il précise : "lorsque j’ai pris la présidence de la SAS TVB en décembre 2020, mon ambition était de maintenir le club au plus haut niveau français et d’atteindre un top 8 européen. Le contrat est rempli malgré la petite désillusion de la saison 2021/2022. Les résultats sont plus qu’élogieux pour le club avec 5 finales disputées en 2 saisons."
Quand on l'interroge sur de possibles autres raisons qui l'ont amenées à prendre du recul, Bruno Poilpré, ne souhaite pas s'étendre ni en "dire plus".
En cause, la baisse des subventions ?
Pourtant, selon des sources internes au club que France 3 a pu interroger, le futur ex-président du TVB aurait très mal vécu ce qui est considéré comme un manque d'accompagnement de la part de certaines collectivités locales ces derniers mois.
La région Centre-Val de Loire, en premier lieu, a décidé de ne plus accorder une subvention de 120 000 euros par an pour le club professionnel mais versera désormais 80 000 euros pour le centre de formation du TVB. Il y a peu, la Région versait encore 200 000 euros par an.
La Métropole de Tours baisse également son enveloppe : elle passera de 220 000 euros à 200 000 euros pour la saison prochaine. Seul le Département d'Indre-et-Loire maintient sa participation à 200 000 euros, et ce depuis plusieurs années.
La mairie opposée à un projet de naming
Quant à la mairie de Tours, elle conserve également la même enveloppe mais, lors de l'été 2021, elle s'était vivement opposée au projet de "naming". Un projet dans lequel le TVB devait devenir le premier club de volley français masculin à basculer dans le naming en s'associant à la marque McDonald's.
Ce projet a avorté au début de la mandature Emmanuel Denis, maire EELV de Tours alors que certains au club assurent que cela aurait aidé le TVB à se développer économiquement et donc sportivement. Dans un entretien accordé à France 3 Centre-Val de Loire juste avant la finale retour du championnat de France face à Chaumont, le mois dernier, Pascal Foussard, directeur délégué du TVB, nous confiait que pour espérer gagner à nouveau la Ligue des Champions, le club devait se doter d'un million d'euros de budget en plus. Incontestablement, cela n'en prend pas le chemin.
Un budget revu à la baisse
Pour construire le budget de la saison 2023-2024, qui devrait s'établir à un peu plus de deux millions d'euros, des décisions importantes ont d'ailleurs d’ores et déjà été prises en lien avec le directeur délégué du TVB, Pascal Foussard, avant même la décision de Bruno Poilpré de démissionner : il n'y aura plus quatorze joueurs professionnels mais treize désormais.
La masse salariale sera ainsi abaissée de 180 000 euros. Cela constituera une diminution considérable pour le club, même si des joueurs importants (Neto, Michael Parkinson ou Leandro Nascimento Dos Santos) restent. Et le club a décidé de s'appuyer sur de nouveaux talents comme le jeune espoir français Antoine Pothron, au poste de réceptionneur attaquant.
Ce qui est vécu par comme un manque de considération par Bruno Poilpré, ajouté au fait que ce poste de président nécessite d'être toujours plus présent et impliqué dans le focntionnement quotidien de la structure, l'ont donc invité à prendre cette décision : "Je fais donc le choix difficile de quitter mes fonctions de Président de la SAS TVB à la fin de la saison pour permettre au Club de trouver un Président qui pourra lui consacrer tout le temps nécessaire et lui permettre de se maintenir et de continuer à grandir."
Il s'agit maintenant pour le TVB d'élire un 10e président dans la quête d'un 10e titre de champion de France et ce, avant le départ du patriarche en juin 2024, l'homme de tous les titres, Pascal Foussard.