Insolite : un directeur du CHRU de Tours plébiscité en auteur de livres jeunesse, avec une saga fantasy "Le serment des sept miroirs"

Directeur général adjoint au CHRU de Tours, Samuel Rouget, vient de publier, aux éditions Gulf Stream, "Les vents de Terreciel", livre 1 d'une trilogie baptisée "Le serment des sept miroirs". Un premier roman qui, en moins d'un mois, s'est hissé parmi les meilleures ventes du genre fantasy jeunesse. Portrait d'un haut fonctionnaire en quête d'évasion littéraire.

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Samuel Rouget, 40 ans, a été nommé directeur des ressources humaines du CHRU de Tours il y a maintenant 7 ans. Il en est devenu aujourd'hui le directeur général adjoint. Lui qui n'avait jamais écrit de fiction a décidé de tenter l'aventure à l'été 2019 :

C'est un exercice auquel je ne m'étais jamais essayé. J'avais besoin de faire autre chose que mon travail, un métier très prenant, besoin de m'échapper un peu. Je racontais des histoires à ma fille le soir et j'avais inventé un monde imaginaire dans lequel se passaient un certain nombre d'aventures. De fil en aiguille, comme je cherchais une échappatoire et que ça commençait à prendre forme dans ma tête, je me suis dit que je pourrais essayer d'écrire

Samuel Rouget, directeur d'hôpital et primo-romancier

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Avec ce monde imaginaire élaboré pour sa fille, Samuel Rouget s'oriente naturellement vers un roman fantasy destiné à la jeunesse, ados et jeunes adultes. "Pas mal de gens qui ont grandi avec Harry Potter, qui ont aujourd'hui 25-30 ans voire plus, continuent à lire ce qu'on appelle de la fantasy young adult".

7 versions différentes pour le livre 1

Dans ce genre littéraire à la croisée du merveilleux et du fantastique, la saga, le récit au long terme, est presque un passage obligé. Alors le haut fonctionnaire, qui se rêve en primo-romancier, décide, vaste programme, que "Le serment des sept miroirs" sera une trilogie !

"Cela ne me paraissait pas forcément hors de portée à l'époque, ce qui était assez présomptueux...Quand on se met à écrire, on prend vite des leçons de modestie. J'ai dû mettre à peu près deux ans pour faire une première version du premier livre, et je l'ai beaucoup fait lire, à des amis, des collègues, à leurs enfants, pas moins de 150 personnes ! J'avais besoin du regard des autres, besoin de savoir si c'était lisible, compréhensible, ce qui marchait ou pas. Et je l'ai beaucoup, beaucoup retravaillé, sous sept versions différentes."

Directeur adjoint d'un grand hôpital public dans une période pour le moins difficile, père de deux jeunes enfants (9 et 6 ans aujourd'hui), comment Samuel Rouget peut-il encore trouver le temps de s'adonner à l'écriture ?

Après le travail, les soirées d'écriture

"J'ai besoin d'écrire, ce n'est pas de la prétention de dire cela, c'est juste un constat. J'étais à un moment de ma vie où j'avais besoin de raconter une histoire, de me glisser dans un monde imaginaire. Mais de le faire vraiment, le cul sur ma chaise, sans distraction, sans écran, sans télé. Cela demande une vraie discipline, je rentre chez moi vers 20 heures, je mange, et, une fois les enfants couchés, j'écris tous les soirs., pendant 2 heures ou plus. C'est parfois pénible, ce n'est pas un loisir, certains soirs j'écris difficilement 10 lignes que je vais trouver nulles le lendemain..."

Bien qu'il n'ait aucune pression, Samuel Rouget s'impose ce travail conséquent et parfois fastidieux. Car, dès le départ, il s'est fixé pour objectif de proposer son ouvrage aux maisons d'édition. S'il écrit pour lui-même, il espère aussi être lu, et le plus possible.

"J'ai la chance de n'être pas pressé, de pouvoir écrire à mon rythme. Il n'y a aucune urgence puisque je ne vis pas de l'écriture. J'ai écrit le livre 2 dans la foulée, en 9 mois, avant de l'envoyer aux éditeurs, en me disant que proposer d'emblée deux livres sur une saga montrait le sérieux de mon projet."

Un coup de cœur pour les éditeurs

Après une longue attente, Samuel reçoit 3 avis favorables ! Mais lui visait un éditeur en particulier, la maison nantaise Gulf Stream :

"Gulf Stream travaillait exactement dans la cible que je visais, romans jeunesse, fantasy young adult, et publiait beaucoup de sagas. Mon premier envoi est resté sans réponse, il faut dire qu'ils reçoivent 4000 manuscrits par an, impossible de tout lire ! Alors j'ai fait un deuxième envoi, sous un autre nom...par chance, une assistante d'édition a dévoré les deux tomes en un week-end, puis les a fait lire à tout le monde !"

Retour éditorial, réécriture du tapuscrit, délai de retour, Samuel Rouget découvre la richesse des échanges entre un écrivain et son éditeur :

"J'ai dû faire tout un travail très important avec mon éditrice, Caroline Merceron. J'avais plein de choses à apprendre sur les techniques de narration, l'écriture des dialogues, c'est une leçon de modestie à toutes les étapes, il faut savoir écouter ceux qui connaissent les façons d'emmener le lecteur. Grâce à ce travail, je pense que Le serment des sept miroirs est agréable à lire."

Pour le plus grand bonheur du nouvel écrivain, c'est aussi, semble-t-il, l'avis des libraires et des lecteurs des Vents de Terreciel. Les premiers retours, moins d'un mois après la publication, sont excellents et l'éditeur a fort à faire avec les demandes de réassort. Dans certaines librairies, le livre caracole parmi les meilleures ventes, aux côtés de romans adaptés sur Netflix ou de "grosses machines" anglo-saxonnes qui font le buzz sur les réseaux sociaux !

Au centre hospitalier de Tours aussi, des employés avouent au directeur avoir dévoré Les vents de Terreciel, fatigués, parfois, par une nuit trop courte, trop occupés à tourner page après page. Et Samuel Rouget ne s'inquiète guère de ceux qui pourraient lui reprocher de s'adonner à sa nouvelle passion plutôt que de s'occuper d'un hôpital public bien mal en point :

Je ne pense pas que l'hôpital irait mieux si je bossais 3 heures de plus le soir au lieu d'écrire. L'engagement qu'on a, toutes et tous et le fait qu'on y croit, n'interdisent pas, heureusement, d'aspirer à autre chose, d'avoir un équilibre dans sa vie personnelle. S'il y a bien une chose qui n'est pas en trop dans notre monde, c'est l'imagination !

Samuel Rouget, auteur "Le serment des sept miroirs"

Les tribulations de Naalisse

Roman d'apprentissage, quête d'identité, Samuel Rouget exploite, selon ses propres dires, une veine très classique de la fantasy :

"C'est l'histoire d'une petite fille, Naalisse, qui a peur du regard des autres car elle est différente. À 13 ans, elle doit entrer à l'Étude, l'école des Sylphes, dans un monde où l'on apprend à écouter les vents. C'est un cadre très classique, semblable à celui d'Harry Potter, un point d'accroche à partir duquel je vais ouvrir dans les tomes suivants, à des rencontres avec d'autres peuples, d'autres croyances, d'autres modes de vie. L'héroïne va découvrir des systèmes de valeur différents sans être dans le jugement..."

Tout en apportant quelques touches finales au livre 2 (parution en novembre 2024), le nouveau romancier est d'ores et déjà plongé dans l'écriture du livre 3 (prévu pour la fin 2025). Et, même si le succès des Vents de Terreciel venait à se confirmer pour les deux tomes suivants de la trilogie, Samuel Rouget ne se voit en aucun cas abandonner sa carrière à l'hôpital :

J'adore ce que je fais et ne ferais autre chose pour rien au monde. J'adore l'hôpital et je n'ai aucune envie de ne faire qu'écrire. J'exerce un métier très sérieux où l'on compose en permanence avec le réel, sa dureté et ses contraintes...Même s'il n'a rien à voir avec le milieu hospitalier, je pense que ce livre aurait été nettement moins riche si je ne faisais qu'écrire toute la journée.

Samuel Rouget, directeur général adjoint CHRU Tours

Samuel Rouget sera en dédicace à Libr'enfant (48, rue Colbert à Tours) le samedi 8 juin et à La Boîte à livres (19, rue Nationale à Tours) le samedi 28 septembre.

>>>Extrait tome 1 :

"Il avait enfilé sa kapaile, cette combinaison ailée que les Sylphes revêtaient pour planer. Une fois celle-ci solidement attachée au col, comme une cape, ses arceaux longeaient les bras pour laisser se déployer une membrane capable de convertir les vents en mouvement. Une fois la kapaile de Grand-Père solidement nouée aux poignets, aux coudes et aux épaules, Naalisse approcha pour se placer derrière lui :
— Tu te souviens ? Comme lors de nos répétitions, dans la clairière. Tu serres les poignées de la kapaile, là, sur mon dos. Tu bloques tes pieds dans les cales, au creux de mes reins. Sans toucher la toile de la membrane, sinon ça diminue la portance.
— La portance ?
— Le fait de prendre les courants pour les changer en vitesse. C’est ça, la Danse du Vent. Mais surtout, quoi qu’il arrive : tu ne me lâches pas.
— Compris !
— Quant à moi… je vais essayer de me souvenir comment on fait.
Naalisse écarquilla les yeux et faillit descendre, mais le clin d’oeil de Grand-Père la rattrapa. Il sortit avec précaution du renfoncement. Les montagnes volantes habillaient les hauteurs, par centaines. Petits points piqués dans le ciel bleu, les plus hautes planeuses paraissaient inaccessibles. Pourtant, c’était bien jusque-là qu’il leur faudrait s’élever pour atteindre l’Étude. "(Chapitre 2, L'ascension)

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