Pour savoir "d'où parlent" les journalistes vedettes, les militants France Insoumise de Tours leur adressent un questionnaire. Une façon de lancer le débat qui est mal vécue par les "professionnels de la profession."
Lundi 29 janvier, une quarantaine de journalistes vedettes ont eu la bonne surprise de découvrir dans leur boîte mail un questionnaire spécialement rédigé à leur attention par la section France Insoumise de Tours. Des questions comme "quelles sont vos différentes activités ? Quelles sont les rémunérations que vous percevez ? Faites-vous des ménages ? Etes-vous adhérent d'un parti politique ou d'un think tank ?"
Non mais c’est quoi ce courrier ???? Signé d’un militant @FranceInsoumise de Tours... pas de réponse pour l’instant à ma demande d’explications pic.twitter.com/ymHX7hiZLP
— Elise Karlin (@elisekarlin) 31 janvier 2018
Pierre Bitoun, l'un des porte-paroles du groupe FI 37 reconnaît et assume le côté provocateur de la démarche. "La question essentielle est de savoir d'où parlent ceux qui confisquent la parole et occupent les postes-clés dans les médias centraux. On leur demande la transparence qu'eux-mêmes réclament quand ils interrogent des élus ou des syndicalistes."
Leur but est de lancer le débat sur ces questions et il est déjà en partie atteint puisque au sein du monde médiatique, certains, se sentant visés par la démarche, ont rapidement réagi. Vaste panorama de réactions indignées qui vont du Figaro à Closer Mag (peu habitué à relayer les actions de la France Insoumise) en passant par l'éditorialiste-philosophe d'Europe 1 Raphaël Enthoven (peut-être véxé de ne pas figurer dans cette liste prestigieuse à la différence de son voisin de table chez Lagardère Patrick Cohen.)
Un questionnaire envoyé à 50 journalistes par la France Insoumise de Tours : "Sous prétexte de démocratie, on organise la censure", dit @Enthoven_R #E1Matin pic.twitter.com/XZrjXkFzyb
— Europe 1 (@Europe1) 1 février 2018
"Des réactions corporatistes"
"La réaction de ceux qui se sont énervés est très corporatiste," estime Pierre Bitoun. "Alors que ces journalistes sont les premiers à dénoncer le corporatisme quand il s'agit par exemple des fonctionnaires."
A l'heure où ces lignes sont écrites, une seule réponse de ces journalistes en vue est parvenue aux insoumis tourangeaux qui ont pris cette initiative localement avant d'en informer leurs instances nationales. S'ils ne se font pas d'illusions sur le taux de réponse, ils comptent tout de même les publier s'ils en reçoivent un nombre significatif.
Ce coup d'éclat national devrait être suivi par d'autres actions locales. Les Insoumis tourangeaux qui ne s'intéressent pas qu'aux vedettes comptent organiser prochainement un débat sur la précarité sociale des journalistes, autre facteur du manque de diversité d'opinion au sein des médias centraux.