Intelligence artificielle : une start-up tourangelle au service du vaccin contre la Covid-19

La découverte d'un vaccin contre le coronavirus est espérée rapidement. Et c’est là que MAbSilico, spécialiste dans les algorithmes d’intelligence artificielle, intervient pour accélérer sa production.

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MAbSilico, c’est une start-up tourangelle, spécialisée en intelligence artificielle, qui travaille à la découverte et la caractérisation des anticorps thérapeutiques et la production de bio médicaments.

« On utilise l’intelligence artificielle et la simulation numérique pour guider la découverte, la caractérisation et l’optimisation de nouvelles biomolécules. On fait de la modélisation informatique pour préqualifier des anticorps. Notre objectif est de pouvoir capitaliser sur l’IA pour développer des anticorps monoclonaux, incluant des bispécifiques innovants » explique le bio-informaticien, Vincent Puard.

Le langage est un peu barbare pour nous, "simples terriens", face à ces biologistes de la nouvelle génération. Vincent Puard fait parti de ces bio-informaticiens, comme on les appelle. Avant même que je lui demande, il entend la détresse dans ma voix et a la prévenance de me faire la traduction.  

« Si vous voulez, aujourd’hui entre le moment où on va avoir une idée de traitement pour une pathologie et le moment où le patient va recevoir un médicament, il y a 10 ans qui vont s’écouler et presque un milliard d’euros qui seront dépensés.
Dans ces 10 ans, il y a deux phases : les 5 premières années que l’on appelle la phase préclinique, qui consiste à tester sur des animaux. La seconde est la phase clinique, 5 ans aussi mais ici incompressifs, qui consiste à faire les tests sur les humains avant de commercialiser le médicament.
Nous, nous intervenons sur la phase préclinique de 5 ans, que nous pouvons réduire à quelques jours, au maximum quelques semaines. Comment ? Grâce aux modélisations que nous faisons sur ordinateurs en lieu et place d’essais faits en laboratoires.
Concrètement, pour vous donner un exemple : quand en labo on se rend compte que des molécules sont "foireuses" au bout de quelques années, nous on le peut le savoir dès le premier jour en utilisant la puissance de calcul des ordinateurs. Vous me suivez ? ».

En d’autres termes si l’on veut raccrocher cette explication à l’actualité brulante, MAbSilico fait tout pour accélérer la création d’un vaccin contre la COVID-19.

« La réponse est triplement oui ! Nous travaillons sur plusieurs pistes.

Premièrement, nous avons collaboré avec une entreprise nantaise qui développe un vaccin en utilisant une petite protéine qu’ils avaient selectionné. Nous avons fait 25 000 modélisations de cette protéine pour savoir quelle molécule était la bonne. Une fois trouvée, les chercheurs nantais ont pu se focaliser dessus. C'est d’ailleurs encore à l’étude.

Au sein de notre équipe, nous avons plusieurs axes de travail. Le premier nous l'appellons la méthode MAbMature. Elle est utilisée pour convertir les anticorps anti-SARS-CoV (la version antérieure de la Covid-19, responsable de l'épidémie de 2003) en anticorps anti-SARS-CoV2 à partir du plasma des patients ayant développer ces anticorps résistants à la première épidémie. Les data-scientists de notre équipe sélectionnent les anticorps qui ont la plus forte affinité avec le nouveau virus. Une fois collectés, les biomathématiciens modifient ces anticorps avec quelques mutations pour les adapter au nouveau virus.

Notre seconde piste est assez similaire mais avec des patients ayant contracté la Covid-19 et étant guéris. Elle s'appelle MAbSelec. Nous travaillons à partir de leurs anticorps. Nous prenons le sang d’un patient infecté. Nous faisons nos bidouilles informatiques qu’on appelle une séquence ADN et une fois que nous avons l’information qui nous permet de savoir quels anticorps sont dirigés contre le coronavirus, on les sélectionne et on les reproduit massivement ».

Cette jeune start-up (3 ans), implantée depuis peu au HQ de Tours (l’espace de coworking), compte bien poursuivre son développement fulgurant. Ses 8 bio-informaticiens espèrent prochainement changer la vie des milliers de personnes atteintes de la Covid-19 ou d’autres maladies graves.

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