Faire du logement la première étape d'un parcours de réinsertion, c'est le changement de modèle proposé par le plan Logement d'abord, dans lequel s'engage la ville de Tours.
Lancé en 2017 par Emmanuel Macron, le plan pour le Logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme se présentait comme un changement de méthodes et de mentalités. Au lieu d'accompagner palier par palier les personnes sans domiciles vers la réinsertion, en se basant sur l'hébergement d'urgence, l'idée était de miser sur un modèle à la Finlandaise, où l'accès au domicile est la première étape de cette réinsertion.
Le logement, première étape d'une nouvelle vie
Le 29 janvier, le gouvernement a choisi 23 nouveaux territoires pour une mise en place accélérée de ce plan très ambitieux. La ville de Tours fait partie de la sélection, qui porte à 46 les territoires qui se partagent une enveloppe bonus de 15 millions d'euros. "Les dossiers retenus reflètent la diversité des situations territoriales et des problématiques liées à l’accès au logement (...) Des agglomérations de taille moyenne souhaitent s’engager sur des stratégies ambitieuses de résorption du sans-abrisme comme la ville de Tours", écrit le ministère.
? La Ville de Tours a été retenue pour la mise en oeuvre de #LogementDAbord.
— Ville de Tours (@villedetours) January 30, 2021
Ce plan plan vise à orienter les personnes sans domicile de l’hébergement vers un logement durable, grâce à un accompagnement adapté, modulable et pluridisciplinaire.
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Le plan met à disposition une direction, des priorités et des méthodes. Produire des logements sociaux adaptés, mobiliser le parc immobilier privé, transformer les centres d'hébergement en logements de longs termes, mieux accompagner et informer les personnes sans-domicile... Autant d'axes forts dont la ville de Tours devra se saisir.
L'un des points prioritaires du plan consacre la réduction des expulsions locatives. Le gouvernement Macron revendique d'ailleurs en 2020 "une diminution historique du nombre d'expulsions locatives". Avec la crise du covid et la prolongation inédite de la trêve hivernale jusque mi-juillet, 3 500 personnes ont été explusées de leur logement, contre plus de 16 700 en 2019, sous le même gouvernement.
Des décisions "à rebours" des intentions
Pourtant, les tentatives individuelles de lutte contre les expulsions sont systématiquement freinées. En 2019, le maire de Grenoble, Eric Piolle, avait signé un arrêté conditionnant l'expulsion à l'existence d'une solution de relogement. C'est la préfecture, représentant de l'Etat sur le territoire, qui a attaqué en justice cet arrêté, finalement annulé le 19 janvier 2020.
Ici et là-bas | L’arrêté anti-expulsions locatives d’Eric Piolle annulé par la justice https://t.co/RK139Dc3Ad | WNEWS pic.twitter.com/evcNha0Dkv
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La Cour des comptes, dans un rapport rendu en octobre 2020, s'est également montrée plus que dubitative. "À mi-parcours du plan quinquennal, les progrès ont encore un caractère plus expérimental ou marginal que systémique, loin du changement d’échelle et de l’ambition d’une transformation structurelle des politiques en faveur de l’accès au logement des personnes sans domicile" écrit l'autorité.
Elle enfonce le clou quelques lignes plus bas : "Loin de conforter la politique du "logement d’abord", plusieurs décisions récentes, à rebours, ont conduit à produire et pérenniser des places d’hébergement, au risque d’alimenter la critique selon laquelle le plan quinquennal n’aurait jusqu’ici que peu influé sur les schémas fondamentaux des politiques de l’hébergement et du logement."