La cour d'assises d'Indre-et-Loire vient de rendre son verdict et condamne Pierre Olivier à 8 ans de prison ferme. Il était jugé, depuis lundi 23 janvier, pour le meurtre de sa femme malade. Alors que son état physique et mental se dégradait, il souhaitait mettre fin à leurs jours à tous les deux.
La cour d'assises d'Indre-et-Loire n'a pas suivi la théorie du "geste d'amour" défendue par les avocats de Pierre Olivier, mercredi 25 janvier. Après tout juste deux heures de délibération, l'homme est condamné à 8 ans d'emprisonnement, une peine inférieure aux 10 ans requis par le ministère public. "Le tribunal a entendu rappeler l'interdiction formelle d'ôter la vie à une personne, quelles que soient les circonstances" affirme Aude Cristau la présidente de la cour.
Les jurés ont en revanche retenu l'altération du discernement de l'octogénaire, comme l'avait estimé l'expert psychiatrique. La veille à l'audience, il confirmait que le retraité souffrait de dépression, de fatigue accrue, qu’il était sous tranquillisants et victime d’une altération du discernement au moment de son geste.
Des mots de soutien
Alors que le verdict est détaillé, Pierre Olivier a les mains posées sur le rebord du box des accusés. Ses traits sont tirés, flottant presque dans son gilet en laine et son jean brut. Dans le public, les visages sont fermés, les yeux rougis. "On est de tout cœur avec toi mon Pierrot" lui lance un homme venu le soutenir "j'ai appris ça dans le journal hier, j'espère que tu ne vas pas retourner en prison".
Face à lui Pierre Olivier semble serein : "je vais y aller, mais ce n'est pas grave. Et puis pour pas très longtemps". Avant de retourner dans sa cellule, l'escorte policière a autorisé quelques échanges. Aude Cristau précise : "vous pourrez déposer une demande de libération conditionnelle" en raison de son âge. Avant d'être jugé, il a déjà fait 32 mois de détention provisoire.
À 88 ans, il comparaissait devant la cour d'assise depuis lundi 23 janvier pour le meurtre de sa femme. A l'arrivée de la crise sanitaire, il se retrouve unique proche aidant. Les troubles cognitifs de sa "bien aimée" se dégradent de jour en jour. Elle était atteinte d’une maladie de la thyroïde, de dénutrition et de troubles cognitifs sévères.
Double suicide raté
Après 62 ans de mariage, il décide de mettre fins aux souffrances de son épouse. Le projet était loin du résultat : un double suicide, à l'aide d'une bouteille de gaz ouverte, paisiblement installés dans leur lit conjugal, à Francueil. "L’un et l’autre s’étaient promis de ne pas se laisser partir dégradés" détaillait alors Me Guillaume Bardon, l’un des deux avocats.
Marcelle Olivier est finalement tuée de plusieurs coups de cross de fusil de chasse par son mari, qui rate ensuite son suicide. Le corps médical avait reconnu sa détresse. Dans un silence général, Pierre Olivier est raccompagné par son escorte à la tombée de la nuit.