Le coût de l'énergie oblige de plus en plus de municipalités à procéder à des fermetures de piscines en hiver. Dernier exemple en date, la piscine Les thermes de Luynes en Indre-et-Loire. L'établissement sera fermé au public en février 2024, puis 3 mois, de décembre à février, tous les hivers suivants. Cette décision de Tours Métropole Val de Loire, inquiète sérieusement le club local de natation.
La piscine de Luynes va fermer ses portes pendant un mois en février 2024, puis ce sera trois mois à partir du 1er décembre 2024, ainsi que tous les hivers suivants. Une décision radicale, actée lors du conseil métropolitain du 11 décembre dernier, justifiée par la flambée des coûts de l'énergie et la nécessaire sobriété qui en découle.
Lors de son inauguration, et pour les années suivantes, le coût annuel de la piscine de Luynes s'élevait à 520 000 €, en 2022 il était passé à 695 000 € (+ 33,6%).
"Quand on a renégocié la délégation de service public, les candidats nous ont fait des offres à 829 000 €, près d'un million, explique Sébastien Marais, vice-président de Tours Métropole Val de Loire, en charge des équipements sportifs. On a donc demandé un autre modèle et c'est cette fermeture hivernale de 3 mois qui a été proposée. On parle d'une piscine avec des bassins extérieurs, ces 3 mois représentent 41% de la consommation annuelle de gaz et seulement 14% de la fréquentation annuelle."
Mon travail est de faire en sorte que nos équipements perdurent dans le temps. Les élus ne prennent pas ce genre de décision de gaieté de cœur, mais il y a des réalités économiques, et à un moment, il faut faire des choix. Certaines collectivités en sont carrément à fermer leur piscine !
Sébastien Marais, Vice-président TMVL délégué aux équipements sportifs
Cette décision de fermeture hivernale ne convainc toutefois guère les Corsaires du port de Luynes-Fondettes. Le club sportif, qui a l'ambition de développer les pratiques de la natation et du sauvetage aquatique dans ce secteur semi-rural, dénonce le manque de concertation.
Les corsaires du port en mauvaise posture
"Il n'y a pas eu du tout de consultation, on en a eu vent par hasard parce que la piscine changeait de directeur, raconte Guillaume Roguet, le président du club. Cela nous a vraiment surpris et mis en colère. C'est comme ça et pas autrement, à nous de nous organiser, de trouver des créneaux ailleurs. Il n'y a pas de budget prévu pour cette délocalisation, ce sera à la charge du club et des parents."
Le club sportif, qui compte aujourd'hui 90 adhérents, pourrait bien ne pas survivre à cette "délocalisation forcée", si l'on en croit le président :
"Si réellement nous n'avons aucun accompagnement de la métropole, cela peut être la mort de notre club ! On a fait le calcul avec la fermeture de février, puis celle de décembre 2024-février 2025, cela représente un surcoût de 20 000 €, pour la location de minibus, le carburant, les assurances, etc. Or notre budget annuel est actuellement de 21 000 € !"
La Fédération vole au secours du club
Michel Sauget, président régional de la Fédération Française de Natation, a lui-même adressé un courrier à Frédéric Augis, président de la Métropole, pour contester cette décision de fermeture :
"Ces fermetures ne sont pas sans avoir des répercussions importantes dans le domaine sportif puisque bon nombre de nageurs vont être privés de leur équipement et vont devoir abandonner leur pratique sportive, mettant en péril la survie des clubs qui œuvrent chaque jour pour l'apprentissage et le perfectionnement sportif", y écrit-il notamment.
Dans un souci d'apaisement, la Métropole indique que "l'acquisition du savoir-nager est un sujet prioritaire pour les élus" qui veillent, par ailleurs, "à la poursuite des activités associatives, notamment celles liées au secourisme."
Le vice-président Sébastien Marais rencontrera prochainement les responsables du club Luynois. En attendant, il affirme que ses services cherchent des solutions pour que les Corsaires puissent poursuivre leurs activités.