Météo : Après un printemps pluvieux, le temps des cerises n'est pas pour tout de suite

Juin est le mois de la variété en terme de fruits et légumes. Courgettes, concombres, fraises, asperges, abricots, cerises… Les étals commencent lentement à prendre les couleurs de l'été. Mais cette année, le printemps pluvieux a retardé et diminué la production, certains prix ont flambé et les cerises locales ne sont pas près d'arriver. Reportage sur le marché Coty à Tours nord.

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Juin est normalement la pleine saison des cerises... mais sur les étals du marché Coty de Tours ce mercredi matin, il était difficile de trouver ce petit fruit sucré ou acidulé qui annonce le retour de l'été.

"Des cerises locales il y en a mais elles sont fades. Elles ont eu trop d'eau", constate Jojo, revendeur de fruits et légumes sur le marché Coty à Tours nord. "Alors on a des cerises du sud de la France, de la Drôme. Ils ont eu moins de pluie là-bas. Plus de soleil, plus de sucre !" 

Juste à côté, les abricots commencent à arriver. "Ils manquent un peu de sucre" lâche une cliente. "C'est un peu tôt. Et puis regardez la météo ce que ça fait..." Jojo rectifie : "Ils ne sont pas abîmés, ce sont des traces de branches. Avec la pluie et le vent, ils ont été marqués mais ça ne change rien au goût et il n'est pas abîmé. Il a juste des petites coupures. "

Pour les cerises de Touraine, il faudra attendre un bon petit mois. Pour que la cerise ait du goût, il faut du soleil. 

Didier, vendeur de fruits et légumes Coop nature

Didier et Ahmid sont vendeurs pour Coop nature à Tours au marché. "Les produits comme les épinards par exemple, ont été ramassés sous la pluie. Ils se conservent moins longtemps et comme il y a eu moins de soleil, il y a eu moins de production," explique Didier. La cerise qu'il vend vient du Tarn-et-Garonne. "Pour les cerises de Touraine, il faudra attendre un bon petit mois. Pour que la cerise ait du goût, il faut du soleil". 

Ils arrivent mais en petits volumes

Mathieu achète des fruits et légumes à des producteurs de la région et les revend sur le marché Coty. Son étal est un de ceux qui proposent le plus de produits locaux. C'est d'ailleurs là que la file d'attente est la plus longue. Mais cette année, c'est compliqué. "Il y a beaucoup de produits en moins. Les salades peinent à arriver, les petits pois... en revanche on a les premières tomates qui viennent de Saint-Genouph et les courgettes qui viennent de Saint-Pierre-des-Corps. Mais ce ne sont que des petits volumes." 

Dans la file d'attente, Armelle Julen, habituée du marché Coty, vient acheter des courgettes, des concombres et des brocolis.  Elle a constaté l'augmentation des prix mais elle tient à acheter des légumes locaux et de saison. "Quand on voit cette fraîcheur et cette qualité, ça donne envie. Le retour du soleil aussi. Ça doit être hyper dur de conserver des récoltes optimales avec cette météo. Je leur tire mon chapeau. Quand on vit la météo, ce n'est pas évident. " 

Les gelées tardives d'avril plus néfastes que les pluies de mai

Arthur Le Clech s'est installé à son compte comme maraîcher à Marcilly-sur-Maulne en juillet 2022. Il cultive des légumes et des fraises. Il n'a qu'une seule serre. Pour lui "C'est plus le mois d'avril qui m'a fait du tort avec les gelées tardives. Le mois de mai, ça a été une alternance entre pluie et beau temps."

Ses cultures ont explosé au mois de mai mais en avril, la gelée du 20 avril l'a poussé à transplanter ses concombres.

"Même s'ils étaient sous serre, ils ont pris le froid et ont eu du mal à démarrer. J'ai perdu les cotylédons. Ce sont les deux premières feuilles qui ont été blanchies par le gel. La photosynthèse ne s'est pas forcément faite comme il aurait fallu. Ça a retardé le développement mais j'ai eu de la chance." 

La pluie en particulier en mars et avril a rendu difficile le travail de la terre. "Surtout que ma terre est argileuse, donc c'était compliqué. Mais je n'ai pas eu trop de baisse de production", confie le jeune maraîcher. 

Quel effet sur les prix ? 

Contrairement à Arthur Le Clech qui s'en sort bien, la plupart des vendeurs du marché constatent une réelle baisse de la production.

Pour ceux qui travaillent en circuit court, la baisse de production n'a pas eu trop d'effet sur les prix. "Là où ça a augmenté le plus c'est sur les prix des fruits à noyau comme les abricots," constate Mathieu, revendeur de fruits et légumes locaux. 

 Ahmid de Coop nature rappelle que "le poireau et le chou-fleur se sont vendus 40 % plus cher que l'année dernière."

"Quand le produit est cher, les gens achètent moins. Quand vous avez trois enfants vous ne pouvez pas prendre un kilo de cerises à 9,80 euros, plus un kilo de pêches ou d'abricots à 4,90 euros. Les deux ensemble c'est 14 euros et c'est parti en deux jours. Donc les gens prennent moins. 150 grammes de cerises, 150 grammes de pêches, de fraises. C'est plus le pouvoir d'achat en baisse qui limite les achats, pas la météo," ajoute Jojo revendeur de fruits et légumes sur le marché Coty. 

Selon une étude de France Agrimer, réalisée en mai 2024, le prix des concombres par exemple a augmenté de 45 % en 5 ans, la courgette enregistre une hausse de 28%, le kilo de fraises a augmenté de près de 20 %. La forte pluviométrie, le faible ensoleillement de ce printemps 2024 et les baisses de volume ne sont pas les seules raisons de ces hausses. L'augmentation des coûts de l'énergie a largement participé à cette flambée des prix. 

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