Octobre rose : l'ancienne députée Sophie Auconie nous parle de son cancer du sein et de ses combats depuis sa guérison

Ancienne députée de la troisième circonscription d'Indre-et-Loire, Sophie Auconie s'est battue pendant deux ans contre un grave cancer du sein. Depuis un an, elle s'engage pour sensibiliser les femmes au dépistage grâce à la Marche rose et interpelle le gouvernement pour une meilleure prise en charge de la chirurgie réparatrice.

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Entre deux marches roses sur les routes et les chemins de Touraine, l'ancienne députée d'Indre-et-Loire, Sophie Auconie a accepté de répondre à nos questions et de parler sans tabou du cancer du sein qu'elle a vaincu.

Pour elle, aujourd'hui l'urgence est la sensibilisation au dépistage, que la poitrine des femmes soit reconstruite le jour même quand c'est possible et qu'une ablation totale avec reconstruction pour les femmes porteuses du gène du cancer du sein soit prises en charge.

Qu'est ce qui a été le plus difficile quand vous avez eu ce grave cancer du sein ? 

Sophie Auconie : "Le plus difficile d'abord ça a été l'annonce parce qu'en fait on se sent infaillible, invulnérable et on a le sentiment que ça ne peut arriver qu'aux autres. Or moi j'étais une femme à risque puisque ma mère et mes deux tantes ont eu des cancers du sein qui ont récidivé et ma cousine est décédée à 33 ans. Donc l'annonce a été un moment très pénible et douloureux. Je me suis tout de suite revue aux obsèques de ma cousine. Donc ça a été très difficile. D'autant plus que les médecins n'ont pas le temps. C'est assez brutal. Ils n'ont pas le temps de faire dans la psychologie. Ils sont là pour soigner des cancers en nombre hallucinant. Je n'ai pas du tout été accompagnée. J'ai gardé cette information pour moi toute seule pendant des semaines ne sachant pas trop comment l'annoncer ma famille. J'ai choisi d'attendre d'avoir toutes les informations avant d'en parler. 

Vous vous battez aujourd'hui pour que les femmes soient mieux dépistées. Le problème du dépistage tardif, c'est quelque chose qui vous concerne directement ? 

J'ai été diagnostiquée en septembre 2020 et opérée en novembre, deux mois après. J'ai eu de la chance parce qu'il n'avait pas métastasé. La raison pour laquelle je fais cette marche rose, c'est que j'étais vraiment un sujet à risque et que je n'ai jamais fait de mammographie. Non pas par défiance mais parce que je suis un peu douillette et puis parce qu'il faut prendre un rendez-vous dans trois mois. J'avais toujours quelque chose à faire sur le plan professionnel en tant que parlementaire. Résultat : je reportais ans cesse. Jusqu'au jour j'ai eu mal au sein droit et que le médecin de l'Assemblée nationale m'a dit qu'il y avait un problème au sein droit mais aussi au sein gauche. 

Que souhaitez vous concernant le dépistage ? 

Ce que je demande au gouvernement, c'est que quand on identifie une personne à risque, ce serait bien de commencer dès 40 ans. Que le ministère envoie une prescription de mammographie à toutes les femmes à risque directement chez elles. Comme c'est le cas pour les femmes de 50 ans aujourd'hui.

Et sur le plan médical ? Votre cancer était très agressif. Les médecins voulaient enlever un sein et traiter l'autre. Vous vouliez que les deux soient enlevés pour qu'il n'y ait pas de risque de récidive. Et là ça a été très compliqué ?

J'ai rencontré beaucoup de difficultés à ce qu'on accepte l'idée de m'enlever les deux seins et de me remettre le jour même des prothèses. Mais c'est ce que je souhaitais pour être certaine de ne pas avoir de cancer récidivant comme ma mère et de mes tantes. Si j'avais gardé mon sein gauche comme le proposaient au départ les médecins, le risque existait. J'ai donc payé moi-même l'ablation et la reconstruction du sein gauche. La sécurité sociale et la mutuelle m'ont payé celui de droite qui était très atteint. Pour une femme qui le fait à ses frais c'est aujourd'hui plusieurs milliers d'euros. Ça signifie que si on n'a pas les moyens, on ne peut pas le faire. Et ça aussi c'est douloureux. Moi j'ai pu assumer financièrement tout ça mais je trouve que pour des gens plus modestes ce n'est pas acceptable et c'est quelque chose qui m'a vraiment gênée. 

Votre autre combat c'est le gène du cancer du sein. Expliquez-nous.

Aujourd'hui,on sait détecter le gène du cancer du sein. Vous faites une analyse génétique, c'est l'institut Curie qui propose ça mais je pense que des généticiens ici en Indre-et-Loire peuvent le faire aussi. Ça coûte un peu cher mais on peut le faire. Ce que je demande c'est que si la patiente qui a le gène du cancer du sein le souhaite, on prenne en charge l'ablation totale des deux glandes mammaires et qu'on reconstruise la poitrine. Et ça aux frais de la sécurité sociale.

Une opération préventive, cela ne vous semble-t-il pas impossible financièrement pour la sécurité sociale ?

C'est sûr que ça représente un investissement nouveau pour la sécurité sociale sauf que quand on est diagnostiquée porteuse d'un cancer du sein, on fait plein d'examens, on est hospitalisée, on est anesthésiée, on est opérée, on est en convalescence, on a des soins, hormonothérapie, rayons, chimiothérapie...Et ensuite quand il faut une reconstruction, il y a de nouveau une hospitalisation, une anesthésie, une opération, une convalescence...donc en réalité, si les femmes sachant qu'elles ont le gène du cancer souhaitent se faire enlever leur poitrine et se la faire reconstruire le jour même, il faut qu'elles puissent le faire. C'est un investissement sur le coût mais ça fera économiser à long terme beaucoup d'argent à la sécurité sociale. 

Trois ans après votre diagnostic et votre opération, comment vous sentez-vous ?

Je me sens bien. À 60 ans, j'ai la poitrine d'une femme de 40 ans plus jolie qu'avant. Même si je mesure que j'ai deux corps étrangers à la place de la poitrine. J'ai aussi pris conscience qu' en tant que femme publique, j'ai un rôle à jouer pour désacraliser le cancer. J'en ai marre de ces phrases qui disent : "Elle est décédée d'une longue maladie." Elle est décédée d'un cancer et ce n'est pas un gros mot. Ce n'est pas une maladie honteuse. Il faut en parler. Maintenant ma Marche rose attire beaucoup de monde. À la Membrolle-sur-Choisille le week-end dernier, nous étions 120. Des dames malades. Des dames qui sont en rémission. Des gens qui viennent nous soutenir. Tout ça me donne une pêche d'enfer, vous n'imaginez pas."

Le programme des marches roses du 13 au 15 octobre 2023

Vendredi 13 octobre, la Marche rose partira à 10 h de la salle des fêtes de Chédigny et arrivera à Chambourg sur Indre vers 16h30 soit 14 kms avec une pause déjeuner à Azay-sur-Indre. 

Samedi 14 octobre, la Marche rose part à 10 h place de l'église à Rochecorbon, passe par Vouvray et se termine à Noisay.

Dimanche 15 octobre, ce sera dans le Sud-Lochois : Chambon, Barrou-Laguerche. 

Au total, Sophie Auconie aura parcouru 250 kms en Touraine en un mois avec cette marche rose qui a permis de récolter près de 5000 euros en 2022 pour la Ligue contre le cancer et les associations qui accompagnent les femmes malades comme "Flamme en rose".

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