À l'occasion de la quatorzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la tendance générale est à la baisse en Centre-Val de Loire. Le sociologue et politiste au CNRS, Maxime Quijoux y voit "une forme de résignation" de la population.
Cette fois, il n'y aura pas de débat. Pour la 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le nombre de manifestants a largement chuté. Ils étaient 3500 à Tours (selon les syndicats) et entre 2000 et 5000 à Orléans. On est loin des mobilisations historiques des premiers mois qui avaient rassemblé plus de 10 000 personnes dans les deux grandes métropoles du Centre-Val de Loire.
Côté syndical, si on reconnaît une mobilisation en baisse, on préfère voir le verre à moitié plein : "Il y a toujours des moments plus forts que d'autres dans un mouvement de contestation. Mais, objectivement, nous avons eu une mobilisation qui reste importante. C'est plutôt bon signe de voir qu'on a pu constituer un socle important", veut croire Pascal Sudre, le secrétaire départemental de la CGT du Loiret.
"Ça coince pour tout le monde"
Comment expliquer une telle baisse ? Pour Dominique Ménard, le secrétaire départemental CGT Fonction publique territoriale 37, la succession de grèves commence à se faire sentir dans les poches des salariés contestataires : "Quand on a fait trente jours de grève, ça coince pour tout le monde. On peut perdre jusqu'à 1000 euros de salaire".
C'est vrai qu'on a peut-être raté le coche quand la mobilisation était à son maximum. J'étais de ceux qui militaient pour que tout le monde s'arrête de travailler.
Dominique Ménard, le secrétaire départemental CGT Fonction publique territoriale 37
"Il y a une forme de résignation"
Pour Maxime Quijoux, sociologue et politiste au CNRS, cette baisse de mobilisation n'a rien à voir avec un basculement de l'opinion publique : "On est plutôt sur une forme de résignation. Les personnes les moins politisées que l'on a pu voir au début dans les manifestations se sont sûrement plus rapidement démobilisées", analyse-t-il.
Selon lui, cet essoufflement n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui : "Lorsque l'appel à bloquer le pays au mois de mars n'a pas fonctionné, on a senti un début d'essoufflement". Un changement qui se traduit également dans le discours des patrons des syndicats majoritaires : "Quand vous écoutez les interviews, vous avez un quart qui porte sur la réforme des retraites. Le reste, c'est la crise démocratique, c'est les salaires, l'inflation".
Autant de sujets explosifs que les syndicats espèrent tourner à leur avantage pour mobiliser à nouveau : "D'ici la fin du quinquennat, il va se passer quelque chose. Les salariés n'en peuvent plus", prévient Dominique Ménard.