Une équipe de chercheurs intégrée au service de recherche Infectiologie et Santé Publique de l’université de Tours/INRAE vient de publier une étude prometteuse concernant le traitement des métastases du cancer du poumon. Et ce, grâce aux capacités thérapeutiques d’un protozoaire inoffensif pour l’Homme.
Le protozoaire, l’avenir de la lutte contre le cancer ? Neospora caninum, le petit nom de cet organisme unicellulaire aux propriétés anti-tumorales, est, depuis près de 10 ans, au coeur des préoccupations des scientifiques de l’équipe BioMAP (Biopharmaceuticals and Microorganisms Against Pathologies ).
Réapprendre au corps à combattre le cancer
En effet, si notre système immunitaire élimine naturellement les cellules tumorales qui se forment en permanence dans notre corps, la dangerosité du cancer vient du fait qu'il déjoue cette défense naturelle. Comme l'explique l'INRAE, l'immunothérapie est une piste visant non pas à détruire "directement" les cellules cancéreuses (comme les rayons ou la chimio) mais à "réactiver" le système immunitaire pour qu'il les élimine. C'est en tout cas le but poursuivi par les chercheurs, en modifiant génétiquement Neospora caninum.
Pour cette étude, les scientifiques ont fait synthétiser par le protozoaire une protéine appélée cytokine (Interleukin 15) présente naturellement chez l’homme. Cette cytokine, surnommée protéine-messager, est capable de communiquer des informations au système immunitaire et donc de le stimuler. Une fois le Neospora caninum modifié, il est administré par voies nasales à un panel de souris.
Les scientifiques ont pu démontrer dans cette étude que les métastases régressaient sur les poumons des souris testées. Une première pour cette équipe tourangelle intégrée au service de recherche Infectiologie et Santé Publique de l’Université de Tours/INRAE. Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec Kymeris, une société privée canadienne spécialisée dans l’onco-immunologie et à la recherche de financement pour tenter des essais cliniques sur l’Homme.
Les biomédicaments : l'avenir de la recherche
Car dans la recherche de traitement contre cancer, les biomédicaments ont la cote. Virus, bactéries ou protozoaires, les micro-organismes sont l’avenir pour l’immunothérapie, beaucoup moins invasive que les méthodes qui l'ont précédée.
Aujourd’hui cette découverte ouvre de nouvelles portes vers les traitements combinés. Si la chirurgie est surtout privilégiée quand on aborde la lutte contre le cancer, les biomédicaments sont une innovation de plus. Elle pourra se combiner avec d’autres traitements. Pour Louis Lantier, chef de projet de l’équipe BioMAP, l’avenir est ouvert. Cela permettra aussi de "combiner les thérapies, en apportant de nouveaux bénéfices aux thérapies actuelles", comme la chirurgie ou les rayons. Et peut-être suffire à combattre certains cancers. Mais, ça ce sont les études sur l’Homme qui pourront le déterminer.
Le Neospora caninum, petit, mais costaud, pourrait être la clé de la recherche contre d’autres types de cancers.