Solidarité : le travail vital des médecins français de la Chaîne de l'Espoir au Burkina-Faso, au chevet des enfants malades

Ils souffrent de cardiopathies congénitales, parfois sévères. Mais dans leur pays, le Burkina Faso, la prise en charge est tardive et onéreuse. Elle est aggravée par un faible pouvoir d’achat des parents. Grâce à la Chaîne de l’Espoir, des consultations pédiatriques vont s’enchaîner au CHU de Tengandogo à Ouagadougou. Une course contre la montre. Une course pour la vie.

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Malgré l’heure matinale, les familles sont déjà nombreuses à occuper la salle d’attente du Service de cardiologie pédiatrique.
Plongés dans un sommeil réparateur, les plus jeunes sont à califourchon sur le dos de leur mère. Quelques uns tètent goulûment un sein nourricier. Les plus dégourdis s’inventent des jeux à se poursuivre. Quand les plus faibles, les suivent d’un regard intéressé mais impuissant.
Pour ce rendez-vous qui engage la vie de leur enfant, certaines mamans ont parcouru des centaines de kilomètres. Un voyage harassant. Il fallait bien cela pour espérer une prise en charge et pourquoi pas une guérison.

"Tétralogies de Fallot. Persistance du canal artériel. Cardiomyopathie."

Ils sont trois cardiologues pédiatres dans la salle de consultation. Les rôles sont réglés comme du papier à musique.
Le Docteur Safiatou Kaboré accueille les mères et leurs enfants. Elle consulte les dossiers médicaux des jeunes patients qui sont ensuite examinés.
Grâce aux émissions de l’échographie, on entend battre des petits cœurs malades.

Le Docteur Hippolyte Somé est également un cardiologue du CHU de Tengandogo. A la différence du Professeur Alain Chantepie du CHRU de Tours, venu en soutien grâce à la Chaîne de l’Espoir.
A tour de rôles, les deux cardiologues sondent les petits cœurs, interrogent les mamans, confrontent leurs avis et leurs conclusions.

Parfois, le diagnostic est rassurant : "Pas de souci. Votre petite fille va bien. Elle va continuer à aller bien. Elle peut attendre encore plusieurs années. Attendre d’avoir 9 ou 10 ans avant d’être opérée. Aucun traitement médical et surtout pas d’opération. Il faut la laisser vivre tranquillement.". La maman est soulagée. Elle repart ragaillardie.

"Là, on est dans le cas typique d’une malformation assez fréquente appelée la persistance du canal artériel…"

Le Professeur Alain Chantepie devient pédagogue.
"C’est un canal qui fait communiquer l’aorte et l’artère pulmonaire avant la naissance. Mais dans certains cas, ce canal ne se ferme pas. Si bien qu’il y a du sang qui va vers les poumons. Ça essouffle l’enfant. C’est une anomalie assez fréquente et assez facile à traiter."

Actuellement, ces enfants sont opérés au Burkina Faso par le Dr Adama Sawadogo qui est le chirurgien cardiaque. Il le fait très bien et ça donne de très bons résultats. En France, ce genre de malformation ne s’opère plus. On les ferme par ce que l’on appelle un cathérisme interventionnel.
Les deux cardiologues se répondent en écho et travaillent dans une saine émulation.
Le Docteur Hippolyte Somé caresse l’espoir de devenir un jour, comme son mentor, le Professeur Chantepie. En attendant, il se met dans les pas de celui-ci. 

"Nous venons de voir chez cet enfant un cas de persistance du canal artériel comme le Professeur Chantepie l’a expliqué. C’est un système de communication qui existe à la période fœtale. Après la naissance, ce canal doit se fermer. Chez certains enfants malheureusement, le canal persiste et peut être à l’origine de troubles de la croissance et même de décès… Désormais, ces cas sont opérés chez nous, au CHU de Tengandogo. Nous sommes à une trentaine de cas opérés avec zéro décès. 5 patients viennent d’être identifiés et sont en attente."

La Chaîne de l’Espoir contribue à nous aider à les opérer.

Docteur Hippolyte Somé, cardiologue au CHU de Tengandogo

La journée de consultations pédiatriques est loin d’être terminée. Les cardiologues travaillent à flux tendu et dans une saine émulation.

Chambrer son mentor et son aîné, la marque d’une grande complicité et d’un respect mutuel

"Avec le Docteur Somé, nous allons avoir un programme chargé car il aime beaucoup travailler." dit en souriant le Professeur Chantepie à l’adresse de son jeune confrère.
En une matinée, 21 enfants sont prévus à la consultation sans parler de ceux qui sont programmés pour la chirurgie. Puis vient un cas d’école.
Un petit garçon présente une cardiopathie cyanogène. Une malformation qui provoque un mélange de sang non oxygéné, bleu, avec du sang oxygéné, rouge.
Toujours pédagogue, le cardiologue explique pourquoi ce garçon a les ongles bleus. "Le manque chronique d’oxygène qui circule dans ses vaisseaux… Des doigts déformés en baguette de tambour. Tétralogie de Fallot, du nom de son découvreur, un médecin marseillais (1889-1960)."
"C’est un énorme plaisir." admet le Dr Hippolyte Somé d’avoir à ses côtés le Professeur Alain Chantepie, un éminent cardiologue de la cardio-pédiatrie.
"Au Burkina Faso, c’est une spécialité qui est nouvelle. Nous manquons de praticiens. Nous faisons également grâce à lui, des séances à distance de téléconsultations. Environ une fois par mois. Pour nous, ce sont des opportunités d’apprendre et de soigner les malades qui en ont grand besoin…"
Vous allez Docteur Somé avoir une consultation marathon. Ne redoutez pas de finir par épuiser le Professeur Chantepie ?"
"Non, il est arrivé fraîchement. Je pense qu’il est encore dynamique même s’il est allé à la retraite. Il regorge encore d’énergie. Et nous le remercions vraiment pour sa disponibilité."
Un large sourire éclaire le visage des deux hommes. Le Professeur Alain Chantepie tapote aimablement l’épaule du Docteur Somé. La complicité professionnelle.

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