TEMOIGNAGE. « On ne veut pas attendre la catastrophe » raconte une infirmière de l’hôpital Clocheville de Tours

A l'appel de neuf organisations de la fonction publique hospitalière (dont la CFTC, la CGT et FO) et du collectif inter-hôpitaux, rassemblant médecins et personnels soignants, une manifestation de soutien à l'hôpital public doit se tenir, ce mardi 15 octobre, à Paris.

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Alors que la grève des services d'urgences, qui perdure depuis maintenant sept mois, peine à trouver une sortie de crise, l'objectif est, pour les organisateurs, est de ne pas relâcher la pression et de réclamer, entre autres, davantage de recrutements, ainsi qu'une hausse générale des salaires. 

A Tours, Gaëtane Modicom, représente CGT du CHU à Clocheville et infirmière puéricultrice nous livre son témoignage sur la situation qu'elle et ses collègues vivent au quotidien. 


"On ne veut pas attendre la catastrophe"

Selon l'infirmière, le personnel ne se sent pas du tout écouté. "Comme ils sont souvent d’astreinte, les membres du corps soignants ne peuvent souvent pas aller manifester, ce qui les rend « invisible ».
Lors de la réunion avec la direction de l’hôpital jeudi 10 octobre, "on m’a demandé à moi ce que je proposais,
s’offusque-t-elle. Ce n’est pas à moi de trouver une solution"
  • Quelle est la situation à Clocheville* à Tours (spécialisé dans la pédiatrie) ?
La restructuration des services et la fermeture des accueils de nuit ont des conséquences désastreuses. Les gens sont obligés d’attendre sur des brancards, comme les services de nuit ferment, il n’y a plus de lits. Les gens sont quand même malades donc ils viennent quand même la nuit » (les gens qui sont malades et qui ne sont plus accueillis que la journée ont quand même besoin de soin la nuit donc se retrouvent aux urgences. Avoir une réponse de soin, ça devient compliqué hors des urgences. Et avoir un rdv chez le médecin c’est compliqué, donc les patients se retrouvent aux urgences. 
  • Quelles conséquences ?
Quasiment tous les soirs, on est en sous-effectif. On revient sur nos jours de repos et sur nos vacances pour assurer le planning. On n’a plus de vie personnelle. On ne peut pas soigner comme on devrait. On a du personnel en souffrance. Il y a beaucoup de gens qui s’arrêtent. J’ai des collègues qui arrivent en pleurs et qui repartent en pleurs. Nos collègues augmentent de jour en jour leur fragilité. Les femmes enceintes partent plus tôt car les conditions sont trop dures. L’idéal pour former c’est d’être en sureffectif et là c’est l’inverse. Les jeunes ne se sentent pas épaulées et les anciennes sont fatiguées. On ne peut pas former comme on devrait les jeunes professionnels. Les plus anciennes ont la charge morale des jeunes collègues et des enfants. Parmi ces enfants, il y a les prématurés : leur fragilités fait qu’il faut que ce soit des experts qui s’en occupent. La situation est difficile pour assurer la qualité des soins. On assure le minimum. On ne peut pas former et assurer les soins surtout dans des services de soin spécialisés comme celui des prématurés.
 Je ne peux pas le confirmer. Le transfert de prématurés est régulier étant centre de référence des femmes enceintes de la région Bourges, Orléans Blois. Selon la pathologie de l’enfant, certains naissent à Tours et retournent après dans leur hôpital d’origine. Il peut y avoir des transferts dans d’autres centre s’il y a un manque de place mais au jour d’aujourd’hui, je ne peux pas le dire.
 
  • Quel regard portent les patients et les parents des patients sur cette pénurie ?
Nous faisons tout pour que les patients et les enfants ne voient pas la situation. On prend sur nous, on essaie qu’il y ait le moins d’impact sur eux. On essaie de protéger au mieux les patients, c’est là où ça devient compliqué pour nous.  
  • Quelles sont vos revendications ?
Réouverture de places dans les différents services (ce qui désengorgerait les services d’urgence). On attire l’attention de la direction avec un droit d’alerte (situation actuelle n’est pas conforme)
Le remplacement du personnel par des gens qui sont formés (congés maternité et arrêts maladie pas remplacés) à les gens arrivent dans des conditions d’urgence donc compliqué de les former correctement et la revalorisation des salaires. 
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