Dans l'enceinte de l'hôpital pédiatrique Clocheville, la Maison des Parents de Tours a été inaugurée le 3 octobre 1995. Un soutien précieux pour des familles souvent désemparées, grâce aux 30 bénévoles de l'AFMH (Association des familles de malades hospitalisés) qui en assurent le bon fonctionnement
L'hôpital Clocheville est l'un des établissements les plus réputés de France et les enfants qui y sont hospitalisés viennent souvent de loin (tout le grand Ouest français, voire au-delà). Il est vite apparu nécessaire de pouvoir proposer aux accompagnants (les parents, la plupart du temps) un hébergement dans de bonnes conditions, pour les soulager des soucis du quotidien.
Grâce, notamment, à la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France et Pièces Jaunes, dont Bernadette Chirac était la présidente, ainsi qu'à une grande vague de solidarité, les travaux ont débuté en 1992, juste à côté de l'Hôpital Clocheville. La Maison des Parents a été inaugurée le 3 octobre 1995, il y a tout juste 25 ans.
La Maison des Parents comprend aujourd'hui 30 chambres et un restaurant, près de 50 résidents et une centaine de repas préparés sur place chaque jour. Le prix de la pension complète est dégressif, selon les revenus du foyer fiscal : 42, 33, 24 ou 15 euros la nuitée et les trois repas (la Sécurité Sociale comble le manque sur les tarifs réduits).
Des bénévoles "au coeur de l'humain"
L'établissement est géré par l'AFMH, qui emploie 9 salariés (gardiens et personnels d'entretien) et est en contrat avec une société de restauration tourangelle, qui envoie chaque jour deux équipes de cuisiniers. Mais depuis 25 ans, c'est surtout l'équipe de 30 bénévoles qui assure le fonctionnement au quotidien de la Maison des Parents.Ancienne chanteuse et animatrice de Radio-France, Christine Authier a rejoint cette équipe en s'installant à Tours il y a trois ans :
"Il n'y a pas que l'accueil, précise-t-elle, nous gérons aussi tout l'administratif et la trésorerie. Nous devons être polyvalents. C'est extrêmement passionnant et gratifiant d'être auprès de ces personnes et de leur apporter un réconfort, ne serait-ce qu'en faisant en sorte que leur environnement quotidien soit le plus agréable possible. ça crée de belles relations, aussi, on est au coeur de l'humain."
Au coeur de l'humain, aussi cruel et douloureux puisse-t-il être parfois. Les bénévoles sont formés en binômes sur le terrain pendant 6 mois, et bénéficient de l'accompagnement d'un psychologue du centre hospitalier qui leur explique la réalité de ce travail, la confrontation à la douleur des parents :
"Quand j'étais en formation, raconte Christine, une résidente est arrivée dans le bureau, elle n'arrivait plus à parler, elle était très tendue. Elle a fini par réussir à nous expliquer qu'elle disposait d'une heure, avec son mari, pour donner l'autorisation au médecin de débrancher son bébé...Dans cette situation, quand on n'est pas formé, on ne sait pas comment réagir. Il faut apprendre ce qu'on peut dire ou ne pas dire dans un tel cas."
Fort heureusement les bénévoles ne sont pas seuls, ils restent en permanence en lien avec les assistants sociaux et psychologues du CHRU :
"Si une personne est en trop grande souffrance, effondrée, un psychologue peut venir la chercher. Nous-mêmes, si nous sommes trop bouleversés, si nous n'arrivons pas à gérer nos émotions une fois rentrés à la maison, nous pouvons nous tourner vers les psys. C'est vraiment un travail main dans la main avec l'hôpital."
80% des résidents ont un enfant à Clocheville
La situation est souvent difficile pour les résidents, mais l'issue n'en est pas toujours tragique, loin s'en faut. Le livre d'or regorge de témoignages de remerciements, de soulagement, de réconfort. Une page, au hasard :La Maison des Parents peut accueillir toute personne ayant un proche hospitalisé dans une structure de l'agglomération tourangelle. Mais, dans les faits, 80% des résidents sont des parents d'un enfant hospitalisé à Clocheville. Et le personnel soignant de l'hôpital pédiatrique n'y voit, lui aussi, que des avantages :
"La Maison des Parents est un luxe pour les soignants, déclare le Pr Hubert Lardy, chirurgien pédiatre, Responsable du Pôle enfants du CHRU de Tours. Savoir que les parents sont à proximité de l'enfant, à toute heure du jour et de la nuit, permet de coordonner nos efforts pour le bien des malades."
Le fait d'être à la fois située dans l'enceinte de Clocheville (donc tout proche des malades) et séparée de l'hôpital est aussi un atout pour la Maison des Parents. Ceux-ci bénéficient d'un lieu plus "neutre", moins lourd psychologiquement, où ils peuvent parler, s'ils le souhaitent, avec des bénévoles ou d'autres parents.
Quel avenir pour la Maison des Parents?
La Maison des Parents pouvait accueillir plus de 4000 résidents à l'année, un chiffre revu à la baisse depuis le déménagement à l'hôpital Bretonneau du service néonatalité. Mais avec le plan de regroupement des services hospitaliers, et le transfert prévu, d'ici quelques années, de l'hôpital pédiatrique à Trousseau (Chambray-lès-Tours), on s'interroge, évidemment, sur le sort réservé à la Maison des parents."Nous souhaitons continuer notre mission auprès des familles du CHRU, se contente de dire Christine Authier. Car nous avons conscience que la présence de notre Maison est importante pour elles."
Contactée à ce sujet, la direction du CHRU se veut rassurante :
"Le CHRU est très attaché à la Maison des parents. Concernant l’avenir de la Maison des parents, il est étroitement lié à celui du nouvel hôpital Clocheville. Celui-ci naîtra à Trousseau en 2026, avec à ses côtés une maison, pour accueillir les familles et les parents des enfants et patients adultes hospitalisés, comme c’est le cas aujourd’hui. Le CHRU et la Maison des parents y travaillent ensemble étroitement."
Dans le contexte sanitaire actuel, les bénévoles de la Maison des Parents ne pourront fêter comme ils l'espéraient ce premier quart de siècle d'existence. Mais ils resteront, via leur page facebook, en liens avec tous les anciens résidents pour leur apporter des infos et renseignements en temps réel.