C'est presque l'unique manière de faire transparaître la réalité de la détention en France. Le député Tourangeau EELV Charles Fournier a exercé samedi 15 octobre, son droit de visite inopinée à la maison d'arrêt de Tours.
"On est loin d'avoir une maison d'arrêt digne de ce nom". Au lendemain de sa visite surprise à la prison de Tours, Charles Fournier reste à la fois marqué par la décrépitude de l'établissement, et la volonté des équipes sur place de faire le mieux possible, avec les moyens du bord.
Des locaux en décrépitude
Samedi 15 octobre à 10h, le députe Europe Ecologie les Verts s'est rendu au centre pénitentiaire de Tours pour y exercer son droit de visite inopinée. C'est l'une des seules manières, pour les journalistes, de pouvoir accéder à la totalité d'une prison et de documenter la question carcérale. Pendant sa visite, le député était accompagnée de deux journalistes : une de Médiapart, et une autre de la Nouvelle République.
Dans ses colonnes, le journal local raconte l'état des "murs décrépits", des "portes au bois décati". "Si on veut une réinsertion efficace, il faut des conditions de vie dignes de ce nom", estime Charles Fournier. Dès le début de son mandat, il avait mis un point d'honneur à se rendre en détention assure-t-il.
Quand la porte d'une cellule s'ouvre, il constate la surpopulation carcérale. A Tours, la prison est pleine à plus de 200% en ce moment. Les détenus qu'il rencontre ne peuvent pas tenir tous les trois debout en même temps dans la pièce. "C'est humainement assez insupportable" rapporte Charles Fournier.
Défis énergétiques urgents
Face à lui, l'écologiste estime avoir eu un directeur de prison qui lui a donné accès à tout ce qu'il souhaitait voir. Gérald Pidoux a pris la tête de la maison d'arrêt en septembre et admet qu'il reste encore beaucoup à faire.
Alors que la France fait face à des canicules de plus en plus répétées : "Fournir uniquement des brumisateurs aux détenus me paraît largement insuffisant" note Charles Fournier. Encore plus qu'ailleurs, la hausse des factures d'énergie pose aussi question avec l'arrivée de l'hiver. "Je crains que cette augmentation de dépenses ait des conséquences sur le budget alloué par exemple à la réinsertion, et ce serait dramatique" alerte-t-il. Il pourrait donc demander la réalisation d'un état des lieux énergétique de la prison, pour en connaître davantage les enjeux.
Et maintenant ?
Que peut faire l'élu désormais ? "Je suis encore au stade du diagnostic" explique-t-il. Il souhaite ensuite rencontrer à la fois les syndicats du personnel pénitentiaire, mais aussi le président du tribunal correctionnel, ainsi que le procureur de la République de Tours.
A ses yeux, cette visite permet d'alerter, mais aussi d'être conscient des réalités de la situation carcérale, lorsqu'il aura à voter des lois en rapport avec la justice. Il reste convaincu que les alternatives à l'enfermement doivent être davantage explorées : "Il y a une réelle réflexion à avoir sur la politique pénale". Il cite l'exemple du Canada et s'inquiète des conditions de travail des agents de probation, mais aussi des surveillants pénitentiaires.
Des travaux sont en cours, et prévus pour 2023, parmi eux, la refonte du système électrique de la prison, qui doit être remis aux normes.