À l'évidence, le vélo est une solution de mobilité qui répond aux contraintes sanitaires liées au déconfinement. Pour éviter, aussi, un afflux massif d'automobiles (lié à la crainte des transports en commun), Tours Métropole Val de Loire va déployer 60 kilomètres de réseau cyclable "transitoire".
Sept communes du cœur de la Métropole sont concernées par ce nouveau dispositif : Tours, Saint-Cyr-sur-Loire, Saint-Pierre des Corps, Saint-Avertin, La Riche, Chambray-les-Tours et Joué-les-Tours.
Les premiers aménagements ont débuté dès lundi sur le pont d’Arcole à Saint-Avertin, et sur la rue des tanneurs à Tours. Ils se sont poursuivis mardi à Tours, sur le pont Wilson et l’avenue Maginot.
Un projet séduisant sur le papier, mais de quoi s’agit-t-il exactement ?
"Pour éviter la promiscuité dans les transports publics, les gens vont reprendre leur voiture, ou bien opter pour le vélo", explique Michel Gillot, en charge des mobilités douces à la Métropole. "On risque donc de se retrouver avec des cyclistes néophytes, et l'on crée des pistes temporaires pour qu'ils puissent se déplacer en toute sécurité."David Sellin, du Collectif Cycliste 37, relativise la portée de ce « plan vélo transitoire » :
"Soixante kilomètres, c’est une certaine façon de calculer. Il s’agit en fait de trente kilomètres, multipliés par deux côtés de voirie. Et, surtout, une grande partie du plan proposé est constitué de ce qu’ils appellent « mieux cohabiter », c’est-à-dire seulement la pose de nouveaux pictogrammes, ou l’amélioration de la signalétique."
Michel Gillot, d'ailleurs, ne s'en cache pas :
"Nous avons deux dispositifs qui ne sont pas du tout aussi contraignants pour les voitures, l'un que l'autre. D'un côté, on supprime une, voire deux voies de circulation pour les automobiles, de l'autre, on ne fait que rappeler que le vélo est tout aussi légitime à circuler sur la chaussée que les voitures ou les camions."
Plus vite, plus loin
Le Collectif Cycliste ne rejette pas, en fait, ce plan qu’il juge intéressant. Mais l’association estime qu’il faut aller « plus vite, plus loin » :"C’est maintenant que ça se passe, maintenant qu’il faut agir", poursuit David Sellin. "Nous, ce qu’on regrette, c’est que ce dispositif soit mis en place uniquement pour répondre aux trajets domicile-travail. Nous avons une ambition beaucoup plus grande qui concerne tous les déplacements actifs, la marche et le vélo. Par ailleurs, ce plan ne répond pas à la problématique de la circulation à vélo dans le centre-ville de Tours. "
Sentiment d'insécurité pour les cyclistes
Et pour les militants du vélo, ce projet doit nécessairement s’accompagner d’une baisse de la pression automobile :"Le trafic, la place de la voiture en ville, les vitesses doivent diminuer. D’autres métropoles, comme Toulouse ou Lille, prévoient des plans piétons-vélo, ce que nous réclamons. Il faut presque un électrochoc, prendre des mesures fortes. L’un des principaux freins actuels à l’usage du vélo est le sentiment d’insécurité, qui décourage de passer à l’acte."
Michel Gillot, enfin, s'explique sur le terme "transitoire" utilisé pour ce nouveau réseau cyclable :
"Pour l'instant c'est sûr, le dispositif va être maintenu, car c'est une question de santé. Si par bonheur ça marche, si les cyclistes l'utilisent, ce dispositif sera pérennisé, mais avec des installations en dur, des bordures. Il entrerait ainsi dans la réalisation du schéma directeur des pistes cyclables, sur lequel on travaille depuis plusieurs années. Mais tout ne restera pas forcément en place, il risque d'y avoir des secteurs où ça coince, où cela pose trop de difficultés."
Tributaire des approvisionnements, notamment en pictogrammes et balises, la Métropole espère terminer l'aménagement des soixante kilomètres, d'ici à la fin du mois de mai.