C'est la première fois que des détenus votent depuis leur lieu de détention. Un vote par correspondance permis depuis mars 2019, pour des détenus inscrits sur une liste électorale et qui ne sont pas privés de leurs droits civiques. Paroles de détenus à la maison d'arrêt de Tours.
Laurent est un des 30 détenus de la maison d'arrêt de Tours à avoir voté pour les élections européennes ce matin.On n'est pas des oubliés.On participe à la vie citoyenne.
Isoloirs, urnes, bulletins, émargement : ils ont voté comme tous citoyens avec 4 jours d'avance par corespondance.
Depuis la loi de la réforme de la justice et son décret d'application du 24 mars 2019, un vote par correspondance est autorisé pour des détenus inscrits sur une liste électorale et qui ne sont pas privés de leurs droits civiques. Auparavant, il fallait confier son vote à un proche, par procuration, ou profiter d'une permission de sortie.
Laurent avait participé aux 4 réunions du Grand débat. Il a aussi suivi les ateliers de préparation aux votes pour comprendre les enjeux du scrutin.
" Quand on est enfermé, on ne pense pas forcément à la politique "
Mohammed était déjà incarcéré pour les dernières élections (présidentielle et légilatives). Il ne savait pas qu'il pouvait voter par procuration avant.Là, il trouve que la mise en place du vote par correspondance dans la maison d'arrêt est une bonne chose : " On a pu être informé de tous les partis et tous les candidats différents. Cela nous fait ressentir ce qui se passe dehors du point de vue politique. On a un peu l'impression d'être plus entendu. C'est juste quelques votes en prison mais c'est quelque chose de plus pour obtenir satisfaction, de notre bulletin", nous confie Mohammed après avoir glissé son bulletin dans l'urne.
" C'est un droit civique essentiel pour se sentir reconnu dans une société "
Arnaud est incarcéré pour la première fois. Il a toujours voté quand il était dehors. Pour lui, c'est un droit civique essentiel pour se sentir reconnu dans une société. " Vu que la plupart de nos droits sont coupés ici, on a l'impression d'avoir à nouveau accès à des droits civiques et donc à un peu de liberté. "
Interview réalisée par Narjis El-Asraoui et François-Xavier Mauffrey
En France, plus de 5 000 détenus ont eu la possibilité de voter.