Depuis le covid-19, le nombre de personnes de confession musulmanes enterrées en Indre-et-Loire a plus que triplé. Résultat, les carrés confessionnels des villes de la Métropole de Tours arrivent à saturation. Plusieurs membres de la communauté musulmane sont inquiets pour les années à venir.
Mohamed Abachri arpente les allées du cimetière de Joué-Lès-Tours, désabusé. "Là il nous reste la partie dédiée à l’année 2023 qui est déjà à moitié pleine, montre-t-il. Donc je ne suis pas sûr que d’ici la fin de l’année, il y ait encore de la place."
17 jours pour pouvoir enterrer un bébé décédé
A Joué-Lès-Tours comme dans les autres cimetières de la métropole tourangelle, les carrés musulmans sont saturés. Une situation qui inquiète le Président du comité départemental du culte musulman d'Indre-et-Loire, d’autant qu’en octobre dernier, le phénomène a connu un triste écho lorsque la famille d'un bébé décédé à la naissance a dû attendre 17 jours pour pouvoir l'enterrer.
"La famille s’est rendue à la mairie de tours pour demander un carré et la mairie leur a répondu qu’il n’y avait pas de place. Donc elle s’est tournée vers d’autres mairies notamment Joué-Lès-Tours qui a refusé en leur expliquant qu’ils gardaient les places pour leurs habitants. Saint-Pierre-des-Corps idem, Saint-Cyr-sur-Loire pareil", énumère tristement Mohamed Abachri.
Supprimer les dérogations
Désemparée, la communauté musulmane d’Indre-et-Loire, par le biais de ses associations, a diffusé un questionnaire en ligne afin de mesurer l’ampleur que va prendre le phénomène dans les années à venir.
Elle demande à ce que la métropole s’empare du problème en supprimant notamment les demandes de dérogations que les familles doivent obligatoirement faire pour pouvoir enterrer un proche dans une autre commune. Actuellement, la loi stipule qu’un défunt peut être inhumé uniquement dans les cimetières des communes dans laquelle il résidait, où il est décédé ainsi que celle où se trouve le caveau familial.
Un cimetière métropolitain en 2025 ?
De son côté, la métropole de Tours affirme chercher des solutions. Une convention doit notamment être signée avec la mairie de Saint-Pierre-des-Corps dont le carré musulman compte encore une centaine de places.
"Les personnes de rite musulman ou autre qui appartiennent aux 22 communes de la métropole feront une demande de dérogation au maire de Saint-Pierre qui sera acceptée puisque ce sera un accord entre lui et la métropole", explique Corinne Chailleux, vice-présidente à la Métropole de Tours chargée du groupe de travail "carré confessionnel".
Une solution à court terme donc avant la création d’un cimetière métropolitain qui devrait voir le jour à Saint-Pierre-des-Corps d'ici 2025. Sa construction pourrait être actée avant le mois de septembre à condition que le budget qui lui sera alloué soit voté et que les services de l'Etat valident le projet.