Titwane est un illustrateur reconnu. Cet ancien ingénieur, n'a jamais cessé de dessiner depuis son enfance. Autodidacte, il signe sa cinquième collaboration avec le documentariste Raynal Pellicer, une immersion dans le quotidien d'un sous-marin nucléaire le Vigilant. Rencontre avec un passionné à Tours.
Le Vigilant, immersion dans un sous-marin nucléaire, c'est une aventure de deux ans, de contacts suivis avec la Marine nationale, de plusieurs mois d'attente pour enfin pouvoir réaliser cette immersion fascinante à bord du Vigilant basé à l'Ile Longue, en face de la rade de Brest. Un reportage dessiné en immersion, au plus profond des océans.
Ce sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) qui fait partie des quatre sous-marins nucléaires qui patrouillent dans les océans pour assurer la permanence à la mer de la dissuasion nucléaire. Un monde soumis au secret-défense, des métiers inconnus du grand public.
Le reportage illustré raconte le quotidien d'un équipage de 110 personnes. Le commandant, le pacha, les sous-mariniers ou les analystes appelés "oreilles d'or" ont raconté des bribes de leur vie, leurs inquiétudes aussi, l'éloignement de la famille pendant des plongées de 70 jours. La fierté aussi d'être sous-mariniers dans ce "bateau noir" de 14 000 tonnes et 138 mètres de long.
7 à 10 mois de dessins
Un appareil photo, un disque dur, un ordinateur portable, un enregistreur numérique, seront les seuls outils du documentariste. Son téléphone portable restera à quai pendant les douze jours d'immersion, pour une mission d'entraînement intensif. Au retour du Vigilant, 7 à 10 mois de dessins pour Titwane à partir des photos, des enregistrements réalisés par son complice Raynal Pellicer pendant une plongée de 12 jours. C'est le cinquième reportage illustré en immersion de Titwane et Raynal Pellicer
"On travaille à chaque fois comme ça. Lui fait l'immersion, il prend énormément de notes, il fait des interviews, il fait beaucoup de photos et moi je travaille ensuite à partir de cette matière-là."
"Sur les derniers reportages sur la police judiciaire, qu'on a faits avant, j'y suis allé un peu pendant l'immersion mais quelques jours. Là dans le cadre du Vigilant, je n'y suis pas allé avant, c'était déjà compliqué d'autoriser une personne à bord."
Le temps de la rencontre
Depuis la parution du Vigilant aux éditions de La Martinière, fin septembre, Titwane et Raynal accompagnent le livre lors de rencontres dédicaces. À la base navale de Brest, Titwane a rencontré les vrais sous-mariniers qu'il avait croqués sur papier à partir des photos.
"Moi j'ai l'impression que je les connais, parce que j'ai passé du temps avec eux". Il ajoute :
Quand on dessine quelqu'un, on passe du temps avec lui, on le regarde de près, donc on a l'impression de le connaître. Mais je n'avais pas leur voix, leur façon de marcher et ça c'est hyper important de coller une voix sur le dessin qu'on a fait.
Titwane, illustrateur
"Ils se sont reconnus, c'est chouette ça, ils se donnent même des nouveaux surnoms, page 157, page 158, dit-il en riant. 70 dédicaces dans la matinée, c'était assez intense sur la base navale, mais c'était très chouette de les rencontrer, de les voir en vrai, j'aurais aimé avoir plus de temps pour échanger avec eux."
Une belle satisfaction en voyant les sous-mariniers prendre plusieurs ouvrages, pour leur femme, leur père sous-marinier. Une façon de lever le voile et de pouvoir partager avec leur famille ce métier si secret. Des rencontres inédites, insolites pour Titwane qui promène ses crayons et ses pinceaux dans des univers très différents. Un métier passion qu'il a découvert au fil du temps.
"J'ai toujours voulu dessiner, j'ai toujours dessiné"
Titwane n'a pas fait d'études de dessin. Une scolarité de bon élève, Maths Sup, Maths Spé, une formation d'ingénieur et 8 ans passés dans le BTP avant de se consacrer entièrement au dessin. "J'ai mis 8 ans avant de basculer sur un métier créatif et plus artistique mais il ne faut rien regretter. Mes parents voulaient que j'aie un "vrai" métier. Cette formation m'a apporté une façon un peu scientifique de voir les choses, plus carrée."
Il ajoute : "Tout le monde dessine quand il est enfant et puis à un moment il y a quelqu'un qui vous dit ; Ah, tu dessines bien ou tu ne dessines pas bien et il y a des gens qui s'arrêtent. En fait il suffit de continuer ! "
J'ai toujours voulu dessiner, j'ai toujours dessiné, en fait je ne me suis pas arrêté. Comme en dessin on apprend des choses chaque jour, on progresse chaque jour, c'est ce qui fait que j'ai pu en faire mon métier.
Titwane, illustrateur
Du graphisme à ses débuts, des couvertures de magazines, des affiches, des illustrations de romans jeunesse... Titwane a aussi enseigné l'art du croquis à l'école Brassart de Tours. Il aime la variété de son métier passion, mais aussi les aventures au long cours avec Raynal Pellicer. Des histoires de la vraie vie, qui sont les plus belles pour lui.
Depuis ses reportages dessinés avec Raynal Pellicer, en immersion dans les coulisses de la brigade de répression du banditisme, à la brigade criminelle, au 36 quai des orfèvres, ou à la brigade des mineurs, on lui propose de plus en plus de projets de dessins de presse. Une notoriété qui lui permet aujourd'hui de casser le rythme lent de ses reportages dessinés ou BD.
Un sourire immense illumine son visage lorsqu'il nous dit : "Je n'en reviens toujours pas de dessiner pour Le Monde. À chaque fois qu'on m'appelle, je me dis, c'est Le Monde !". Il illustre souvent les enquêtes de Gérard Davet et David Lhomme Une fierté aussi pour ses parents, qui lisent depuis longtemps le quotidien. Finalement une activité d'enfant peut conduire aussi à un "vrai" métier. Conclusion de Titwane : "Le fait d'être arrivé dans cette activité assez tardivement fait que je continue à m'émerveiller chaque jour, je ne suis jamais blasé en fait ".