La chambre du soldat Hubert Rochereau, né en 1896 à Bélâbre (Indre) et mort sur le champ de bataille en 1918, va déménager pour être préservée. Elle est restée intacte pendant plus d'un siècle grâce à une étonnante clause datant de 1935.
C'est une visite exceptionnelle, le temps d'un week-end. Avant son déménagement définitif, la célèbre "chambre du poilu", restée intacte pendant plus de 100 ans dans une maison de Bélâbre, dans l'Indre, a pu être visitée ces 3 et 4 juin 2023.
"On n’a pas connu les poilus, donc cette chambre nous plonge dans cette époque et c'est quand même impressionnant", glisse un visiteur. Comme lui, près de 200 curieux ont défilé pour voir de leurs propres yeux ce morceau d'histoire. "Je visite cette chambre en lien avec la Première Guerre mondiale parce que c'est un moment important de notre histoire, ça raconte d'où l'on vient", ajoute un autre.
Une chambre figée depuis 1918
Depuis plus d'un siècle, la chambre du sous-lieutenant Robert Rochereau, poilu décédé sur le champ de bataille en 1918, est restée à l'identique. On y retrouve des livres de classe, des manuels de guerre, mais aussi des paires de chaussures cloutées, un casque à pointe prussien, une gourde en métal allemande criblée de balles, des baïonnettes, un paquet de tabac ou encore des éperons. Tout a appartenu à ce jeune soldat né dans cette chambre le 10 octobre 1896.
Cette incroyable histoire, révélée par La Nouvelle République, avait fait le tour du monde, en 2014, jusque dans les colonnes du prestigieux journal britannique, The Guardian.
Une clause étonnante
La longévité de cette chambre s'explique par une clause très particulière, ajoutée par les parents d'Hubert Rochereau lorsqu'ils ont vendu la maison, en 1935 : les nouveaux propriétaires devaient s'engager à ne pas toucher à la chambre d’Hubert pendant 500 ans. "Cette clause qui n’avait aucun fondement juridique", expliquait à France 3 l'ancien propriétaire Daniel Fabre en 2014, a pourtant été respectée par les bailleurs successifs... Jusqu’à aujourd'hui et la nécessité de préserver ce patrimoine unique.
Un patrimoine en péril
Car l'abandon de cette pièce abîme ce joyau. "Les deux vareuses [la veste des poilus, NDLR] sont mangées par les insectes depuis plus d'un siècle", constate le conseiller municipal Michel Jouanneau.
Les deux propriétaires de la maison, Hélène et Alban T. souhaitent donc déménager la chambre afin que les objets y soient inventoriés et préservés ailleurs. "Cette chambre est un monument de l'histoire. On a voulu en faire profiter le public. L'objectif est que ce ne soit pas démembré, mais conservé dans son intégralité dans son contexte global", explique Alban T.
Pour l'heure, la chambre a été entièrement numérisée et il sera bientôt possible de la visiter en ligne. Si personne ne sait encore où seront conservés les objets, la mairie espère d'ores et déjà créer une réplique identique afin de faire perdurer ce bout d'histoire dans sa commune.