Un jeune garçon âgé de 15 ans est mort dans la soirée du samedi 27 avril à Châteauroux, après avoir été poignardé lors d'une bagarre. Le principal suspect a été mis en examen pour meurtre, ce lundi soir.
Matisse, un adolescent de 15 ans est mort, ce samedi 27 avril, à Châteauroux, dans l'Indre, après une bagarre aux alentours de 18h, au croisement des rues Ernest-Nivet et du Champ Carreau.
Une enquête est en cours du chef d'homicide volontaire, et un mineur, auteur suspecté, a été interpellé, placé en garde à vue et mis en examen. France 3 vous résume ce que l'on sait de cette affaire.
Une rixe aux origines floues
L'agression se serait déroulée peu avant 18h, à Châteauroux. Selon un communiqué du parquet, il s'agit d'une "bagarre avec arme blanche, en l'espèce des coups de couteau" sur la voie publique dans le quartier Saint-Denis. Matisse, l'adolescent de 15 ans, aurait été touché plusieurs fois au thorax et au dos.
La victime, apprenti cuisinier et fils de restaurateur, était accompagné d'un ami au moment des faits, selon une source proche du dossier.
Malgré l'intervention des équipes de secours, le jeune homme est décédé plus tard dans la soirée à l'hôpital.
Une enquête a, dans un premier lieu, été ouverte pour tentative d'homicide volontaire, avant d'être requalifiée du chef d'homicide volontaire. Elle a été confiée au service interrégional de police judiciaire d'Orléans, co-saisi avec le service départemental de police judiciaire du commissariat de Châteauroux.
Un autre adolescent mis en examen pour meurtre
L'auteur suspecté, un adolescent lui aussi âgé de 15 ans, a été interpellé deux heures après les faits et placé en garde à vue pour tentative d'homicide. Le jeune homme n'a jamais été condamné par la justice, et dispose d'un casier vierge de toute condamnation.
Sa garde à vue a été levée ce lundi après-midi. Présenté à un juge d'instruction, il a été mis en examen pour meurtre, puis placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la détention.
Selon "l'audition de témoins et les déclarations du mineur", qui "semblent concordantes", la victime et le suspect "se connaissaient et s'étaient réciproquement insultés avant les faits", indique la procureure de Bourges, Céline Visiedo, par communiqué ce lundi 29 avril.
"Une nouvelle altercation" aurait eu lieu peu avant les faits. Le suspect assure avoir "reçu un coup de poing de la part de la victime". Reconnaissant les faits, il dit avoir été "pris de colère", et être rentré chez lui pour prendre un couteau, qu'il aurait ensuite retourné contre Matisse.
Deux procédures judiciaires étaient déjà en cours contre lui, l'une ayant débouché sur une information judiciaire pour des faits de vol aggravés. À la suite de sa présentation devant un magistrat instructeur le 22 avril, il avait été mis en examen "pour des faits de nature correctionnelle" et placé sous contrôle judiciaire, "seule mesure de sûreté prévue [...] pour un mineur de son âge, sans condamnation antérieure".
La mère du suspect également interpellée
Selon le parquet, "le recueil des témoignages permettait de suspecter que la mère du mineur ait pu être impliquée". Les enquêteurs soupçonnant "une participation", la femme de 37 ans a également été placée en garde à vue, après son arrestation samedi à 20h45. Elle n'a aucun antécédent judiciaire.
Selon le maire de Châteauroux, Gil Avérous, la famille "nombreuse" du suspect fait l'objet d'un suivi des services sociaux. "Comme beaucoup d'autres familles, et ça ne veut pas dire que ce sont des enfants délinquants", a-t-il ajouté.
Comme son fils, la femme de 37 ans a été mise en examen ce lundi, du chef de "violences volontaires n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail avec cette circonstance que les faits ont été commis sur une personne vulnérable". Elle est soupçonnée d'avoir giflé Matisse, après que celui-ci s'est fait poignarder.
Les témoignages des riverains
Dans le quartier Saint-Denis, les habitants n'en reviennent pas. "C'est très calme d'habitude", souffle une habitante, qui raconte avoir entendu "des jeunes rire puis crier, et puis des hurlements". Elle dit avoir vu, depuis sa fenêtre, la victime au sol. "Il disait qu'il avait froid, j'ai lancé une couverture par la fenêtre." "On n'a pas tous réalisé ce qui se passait, explique-t-elle. Pour nous, il s'était fait agresser, pas poignarder."
Une autre voisine explique être "allée aider le jeune pendant qu'il agonisait".
Je lui ai descendu la couverture, et une copine à moi qui est infirmière a fait les soins, mais il était dans un état critique.
Une habitante du quartier Saint-Denis, témoin des faits
"C'est choquant, un petit comme ça, il ne méritait pas ça." Selon elle, la mère du suspect "tapait sur le jeune" pendant qu'il était au sol.
Les réactions des politiques
Sur X (ex-Twitter), plusieurs personnalités politiques ont rapidement réagi au drame. Le maire Gil Avérous (DVD) a adressé ses premières pensées "aux parents, à la famille et aux proches de la victime, à qui nous adressons nos plus sincères condoléances et tout le soutien des Castelroussins". Pour l'auteur des faits, l'édile réclame "une peine exemplaire".
Originaire de Châteauroux, le député LFI Antoine Léaument a, de son côté, "à sa famille, à ses amis et camarades de classe, ainsi qu’à la communauté éducative de son établissement scolaire tout [s]on soutien dans ce moment terrible qui nous effondre tous". Il espère que l'auteur sera "jugé au plus vite".
"Une sanction ferme doit être considérée comme éducative", considère l'ancienne ministre socialiste Ségolène Royal. Le député RN du Loiret Thomas Ménagé a adressé ses "pensées pour sa famille et ses proches face à ce nouveau drame qui touche notre région".
Plusieurs personnalités politiques de droite et d'extrême droite ont utilisé le meurtre de Matisse pour dénoncer la politique migratoire de la France. Gil Avérous a, de son côté, demandé qu'il n'y ait "pas de récupération". En conférence de presse ce lundi, il a expliqué que "la famille de Matisse ne souhaite pas apporter le sujet de l'immigration sur la place publique". Il a par ailleurs assuré que la famille du principal suspect se trouve en France "en situation régulière". Une source proche de l'enquête a assuré auprès de l'AFP qu'il "n'y a aucun caractère religieux" au sujet de la bagarre.