Recycler des dons de vêtements pour en faire des habits adaptés aux personnes dépendantes et en situation de handicap, c’est le nouveau projet d’Agir à Châteauroux, dans l’Indre. Cette association qui existe depuis 1992 veut ainsi étoffer son offre de service.
Une friperie solidaire physique ou en ligne, un concept store de fripes vintage et de luxe, une boutique solidaire et désormais une gamme de vêtements de seconde main repensée pour les personnes dépendantes ou en situation de handicap, c’est la toute nouvelle idée de l’association Agir, basée à Châteauroux.
Le projet s’appelle Kif Kif, avec un concept simple: adapter des articles de seconde main en opérant quelques modifications. Pose de fermetures éclairs sur des sweat-shirts ou pantalons, fermetures velcro (scratch) sur des jupes ou des chemisiers, plusieurs prototypes ont déjà été conçus pour lancer une expérimentation.
Des vêtements testés en EHPAD
Ces prototypes sont en ce moment testés dans des structures d’aide à domicile ou dans des EHPAD de l’Indre pour voir si ces vêtements répondent aux besoins et y apporter d’éventuelles améliorations.
Ces vêtements seront ensuite proposés à la vente. "Nous organiserons des ventes éphémères dans les communes rurales où les personnes dépendantes n’ont pas toujours accès aux boutiques, puis nous organiserons des ventes à domicile", précise Yves-Henri Lafon, le directeur de l’association à l’origine du projet.
Pour organiser ces ventes très spécifiques, des vendeurs seront formés aux spécificités de l’habillement des personnes dépendantes. "Certaines personnes âgées n’ont plus de mobilités au niveau des articulations, des bras, des difficultés à se mouvoir… Cela rend l’habillement pour les aidants familiaux compliqués et parfois même douloureux pour les personnes dépendantes. L’objectif de cette gamme de vêtements, c’est donc de faciliter la vie de ces personnes". Les couturières bénéficieront également d’une formation ciblée.
Il y a un volet social et sociétal à ce projet, avec de la revalorisation de vêtements.
Yves-Henri Lafon, Directeur de l’association Agir
Des couturières en réinsertion professionnelle
Les vêtements revalorisés proviennent de dons, récupérés dans les 300 vetibox du département, puis transformés dans l’atelier de couture de Châteauroux. 1000 tonnes de vêtements sont ainsi récoltées chaque année par l’association.
Encadré par une chef couturière, tous les employés de l’association sont des personnes éloignées de l’emploi en réinsertion professionnelle. Pour le projet Kif Kif, elles recevront une formation, par exemple sur l’utilisation d’aimants qui peuvent venir remplacer les boutons d’un chemiser ou d’un pantalon.
"On a la chance d’avoir une chef couturière qui est extraordinaire, elle a travaillé en lien avec des infirmiers pour mieux comprendre les besoins des personnes âgées ou en situation de handicap ", s’enthousiasme le directeur.
Un projet unique en France
Si des vêtements pour les personnes dépendantes existent déjà sur des sites spécialisés dans le matériel médical, la revalorisation de vêtements de seconde main pour ce besoin est une première.
"Nous proposerons des vêtements moins chers que sur ces sites spécialisés qui nécessitent d’aller sur internet, ce qui n’est pas toujours évident en ruralité. Un chemisier qui est en moyenne vendu 60 à 80€, nous le proposerons à 25€. Et pour l’estime de soi, il me paraissait important que ces personnes puissent s’habiller comme tout le monde", argue Yves-Henri Lafon à la tête de la structure depuis un an.
"J’ai travaillé 25 ans dans l’aide à domicile et je cherchais un pont entre mon ancien poste et l’association Agir", explique-t-il. Dès que les tests auront été effectués, une ligne de production de ces vêtements adaptés devrait démarrer au deuxième semestre 2024.