Une semaine après la décision de fermer la maternité du Blanc, les protestations des habitants s’enchaînent. Cynthia, enceinte de six mois, et Alexandre ont simulé le trajet pour aller accoucher à Poitiers.
Un enfant à accoucher et un chemin qui devient plus tortueux sans la maternité du Blanc. C’est ce qu’ont voulu démontrer Cynthia et Alexandre qui habitent le petit village d’Antigny, à la frontière entre l’Indre et la Vienne.
Le couple qui attend son troisième enfant dans quatre mois, a décidé de simuler le trajet entre leur maison et la maternité de Poitiers, située à 48 kilomètres de distance. Comme beaucoup de femmes habitant dans le sud de l’Indre, Cynthia n’aura pas le choix. Pour accoucher, elle devra allonger son chemin de plusieurs dizaines de kilomètres et se rendre à la maternité de Poitiers ou bien de Châteauroux.
« Nous sommes obligés d’allonger le trajet d’une trentaine de kilomètres »
« Nous [avons simulé] le trajet que nous oblige [à faire] l’ARS pour accompagner ma femme au CH de Poitiers », a dénoncé le couple dans un post Facebook qui a rapidement reçu plusieurs centaines de partages et de like. Cynthia et Alexandre sont partis de chez eux à 17h 28 pour parcourir les 43,2 kilomètres qui le séparaient du CH de Poitiers. Ils ne sont arrivés que 50 minutes plus tard. « Nous sommes obligés d’allonger le trajet d’une trentaine de kilomètres, alors que la maternité du Blanc était à 18 kilomètres de chez nous » dénoncent les époux.
Dans leur post Facebook, ils décrivent un chemin de combattant qu’ils n’auraient pas dû envisager si la maternité du Blanc restait ouverte. « Les minutes défilent. Les km beaucoup moins. Ma femme s’imagine avec des contractions de plus en plus intenses », décrivent-ils en détaillant tous les obstacles rencontrés sur la route. Des feux rouges, des nombreuses limitations de vitesse à 30 et 50 km/h sur des rues traversant de petites communes telles que Paizay-Le-Sec et Chauvigny.
« On nous éloigne de plus en plus de nos droits »
Après 18 kilomètres parcourus et 20 minutes de voyages, Cynthia fait remarquer à son époux qu’elle « serait déjà prise en main par le personnel hospitalier du Blanc. »
Pour Cynthia, en attente de son troisième enfant, l’enjeu est émotionnel autant que pratique. « Nous sommes très attachés à cette maternité qui est essentielle pour les femmes de cette région. Si on augmente le kilométrage entre nos maisons et l’hôpital, les risques liés au stress pour rejoindre la maternité la plus proche s’amplifient », explique la jeune trentenaire.
Son mari pointe du doigt la tendance de l’administration « à oublier les ruraux. Nous avons le droit de vivre avec des services publics essentiels à proximité, tout comme les habitants de grandes villes. On nous éloigne de plus en plus de nos droits », accuse Alexandre.
Le couple attend son enfant dans quelques mois et il espère de le voir naître à la maternité du Blanc. « Nous souhaitons que la mobilisation ait un effet, mais nous ne nous faisons pas d’illusions », concluent-ils.