Critiquer les syndicats? Un sport national pratiqué même par certains postulants à l'Élysée. Mais une fois franchi le seuil de l'entreprise, les Français s'accrochent à leur "seule roue de secours", remarque Marc Delaleuf, natif d'Issoudun (Indre), après "40 ans d'engagement syndical" au compteur.

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L'échéance présidentielle approchant, le délégué FO des Banques populaires (BPCE) a des "craintes énormes": que les syndicats soient considérés comme des "empêcheurs de tourner en rond" par le futur exécutif, tenté de "réduire encore leurs moyens
d'action, alors qu'il faudrait aller dans l'autre sens".
La petite musique anti-syndicale résonne du fait de la "mauvaise image" donnée parfois par les partenaires sociaux à l'échelon national et "les grèves qui perturbent la vie des Français". Mais dans l'entreprise se joue une autre partition. Les instances représentatives du personnel, élues avec une participation plus élevée que les politiques, ne souffrent d'aucune contestation. Elles ont même "la légitimité et la reconnaissance des employeurs", assure M. Delaleuf.


Face cachée

Le natif d'Issoudun, dans l'Indre, se plaît à décrire la "face cachée" du syndicalisme "de terrain" qu'il pratique depuis une vingtaine d'années à temps plein: "aller voir mes collègues dans les agences, les écouter,
les faire parler, surtout pas vendre une idéologie". A l'écouter, l'activité syndicale est plus que jamais nécessaire dans le monde feutré des banques, traversé par des mutations profondes, des effectifs sous tension
et une hausse des incivilités.

Les conditions de travail sont devenues une problématique qui passe quasiment avant les salaires,

dit cet homme de 60 ans, père de deux enfants. Or, dans l'entreprise "on le nie", jusqu'à ce qu'un employé commette "un acte irréversible".
Témoin privilégié du malaise ambiant, il doit parfois troquer ses habits de syndicaliste pour ceux "d'assistante sociale", malgré les avertissements de ses formateurs.

Ils nous disent: +lorsque les salariés viennent vous voir en pleurs et vous (racontent) leurs problèmes, il faut les diriger vers les médecins du travail (...), c'est pas votre travail+. Sauf que lorsque vous faites du syndicalisme avec les tripes, vous pouvez pas faire ça, rapporte-t-il.

Au contraire, face à une personne "en détresse", il s'agit de tout faire "pour essayer de la sortir de là". Dès lors, la frontière entre empathie et militantisme, comme entre vie privée et vie professionnelle, se brouille.
Un même collègue peut appeler "deux fois, trois fois dans la journée", puis le week-end quand "vous êtes en train de décompresser. Parce que vous êtes leur seule roue de secours", raconte-il.


Malades eux-mêmes

Le mal-être des salariés peut alors déteindre sur les délégués syndicaux. Certains, notamment les plus jeunes, ne sont "pas préparés à ça" et "finissent par être malades eux-mêmes", lâche-t-il. Le procès en légitimité fait aux syndicats fait sourire cet autodidacte, sorti du cycle scolaire à 16 ans et en conflit dès l'année suivante avec son premier employeur, un fabricant de machines agricoles qu'il a fait condamner aux prud'hommes. Que ceux qui voient le syndicalisme d'un mauvais oeil "s'engagent pendant un an" dans une entreprise et leur regard changera, s'amuse-t-il.
Le message s'adresse en premier lieu aux responsables politiques qui, plutôt que d'"amoindrir le contre-pouvoir" des organisations syndicales, devraient songer à le renforcer, selon lui. Ils font "tout pour les empêcher de faire leur travail correctement", peste le délégué FO en citant les récentes lois Rebsamen et El Khomri. A l'approche de la retraite, il n'attend pas grand-chose des politiques, mais plus de ses concitoyens. Car, conclut-il,

Les organisations syndicales n'ont que le pouvoir que les salariés leur donnent...

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