Le père de Matisse, mort après avoir été frappé de plusieurs coups de couteau à Châteauroux samedi 27 avril, s'exprime auprès de France 3. Il parle de son fils, "un gamin super gentil", et attend que "justice soit faite" mais il récuse toute récupération politique, "de quelque bord que ce soit".
"J'espère que la justice sera faite, qu'elle ne sera pas trop laxiste, que ce sera un maximum." Moins de trois jours après la mort de son fils, Christophe Marchais a décidé de s'exprimer au micro de France 3. Ce samedi 27 avril, son fils Matisse, 15 ans, est mort à Châteauroux, de plusieurs coups de couteau. Un suspect, lui aussi âgé de 15 ans, a été mis en examen pour meurtre, et a reconnu les faits.
"Je suis désolé, mais même si c’était un gamin de 15 ans, y’a pas d’excuse pour ça, assène-t-il, dans une colère sourde. Retourner chez soi pour poignarder quelqu’un, en plus un copain avec qui on traîne depuis quelques semaines, c’est juste pas possible."
Il a aussi reçu un appel du Premier ministre, Gabriel Attal
Le père peint le tendre portrait de son fils, un "petit gamin super gentil", "joyeux et heureux" et qui "aimait tout le monde" :
Matou était très aimé à Châteauroux, de par le fait qu’on est connus et que c’était un petit garçon très sociable qui avait plein d’amis.
Christophe Marchais, père de MatisseFrance 3 Centre-Val de Loire
Résultat, les marques de soutien (venues de Châteauroux et d'ailleurs) se multiplient depuis la mort de Matisse. Des mots sur les réseaux sociaux, mais aussi des fleurs déposées sur le lieu de son agression ou devant le restaurant de ses parents. Ce mardi, il a aussi reçu un appel du Premier ministre, Gabriel Attal. "Ça fait énormément de bien de savoir qu'on est soutenus, que ces gens-là aimaient Matou."
Mais parfois, soutien et récupération peuvent s'entremêler. De nombreux politiques de droite et d'extrême droite ont en effet utilisé le drame de samedi pour critiquer la politique migratoire française. "Je ne veux pas que les gens montent au créneau - on sait qui va le faire - parce que [le mis en examen], c'était un afghan", souffle Christophe Marchais, las. "Je ne veux pas que qui que ce soit s'approprie la mort de Matou, de quelque bord que ce soit. Il aimait tout le monde, je veux que tout le monde soit comme ça."
Dans un même élan d'exaspération et d'abattement, il dit refuser que "les gens croient" à certaines informations, "comme quoi il aurait proféré des insultes racistes" : "Matou il joue au foot depuis des années à L'Étoile, un club de cité où il y a une tonne d'enfants issus de l'immigration. Je ne vois pas d'où on peut dire que Matou pouvait balancer des insultes racistes."
"Les enfants, ne mentez pas à vos parents"
Trois jours après le drame, Christophe Marchais estime que "la violence est partout, que personne n'est à l'abri". Et surtout pas les enfants.
Ça va faire très vieux con, mais il faut pister les gamins, savoir où ils sont.
Christophe Marchais, père de MatisseFrance 3 Centre-Val de Loire
Il prône même l'utilisation "des applis" de pistage ou de géolocalisation. Il préconise aussi de "couper les ponts" dès "la première fréquentation qui craint".
Presque submergé par l'émotion, il commence à adresser un message aux enfants et adolescents, comme s'il parlait à son fils :
Mentez pas à vos parents. Un parent, ça aime son enfant. S'il lui donne un conseil, c'est pas par méchanceté, c'est pas pour le faire chier, c'est parce qu'il veut que tout se passe bien. Les enfants, ne mentez pas à vos parents.
Christophe Marchais, père de MatisseFrance 3 Centre-Val de Loire
Il demande aussi à certains médias de faire preuve de retenue. Plus qu'agacé, il raconte qu'une "chaîne de télé faisait le pied de grue [devant chez lui] et voulait m'interroger parce qu'ils font une émission sur la violence chez les ados. [...] Laissez retomber le soufflé, bordel ! Comment voulez-vous avoir quelque chose de concret et de sensé quand vous interrogez un père qui a perdu son fils la veille ?"
Christophe Marchais attend désormais de connaître "les détails" de la marche blanche, que la famille souhaite organiser elle-même, certainement ce samedi 4 mai. Une marche encadrée par la police. "On attend des retours de la préfecture, explique-t-il. [...] on communiquera tout ça dès qu'on saura." "Matou était un petit gamin super gentil, on veut quelque chose qui lui ressemble, on n'a pas envie que ce soit la guerre."