Un Berrichon a lancé il y a trois mois une application baptisée "Park and view". Le principe ? Des touristes en camping-car peuvent réserver un emplacement sur une exploitation agricole pour 5 à 10 euros, où ils sont censés être seuls, au calme, avec une belle vue sur la campagne.
S’endormir et se réveiller en pleine nature, face à des champs de blés, de vignes ou de lavandes, seuls au monde sans être gênés par un chien qui aboie ou un bébé qui pleure, c’est la promesse que vend une nouvelle application, Park and view (en anglais, "se garer et regarder le panorama").
Elle est née dans la tête de Grégoire Popineau, fils d’un agriculteur berrichon près de Châteauroux. "J’ai toujours vu qu’il y avait un potentiel énorme du Berry", affirme le fondateur de l’application, et plus globalement des espaces agricoles qui occupent plus de 2/3 du territoire français.
Il s’est aperçu aussi que les agriculteurs sont "bien souvent une population qui a besoin de complément de revenus, mais aussi de contact", car l’activité peut être très prenante et parfois "isoler".
Du camping sauvage avec la bénédiction du propriétaire
L’activité de son père, Grégoire Popineau ne l’a d’ailleurs pas repris, préférant la voie du commerce international, du marketing… et des voyages. "J’ai fait deux fois le tour du monde et je cherchais des endroits isolés", souffle-t-il.En partant de ce double constat, il a alors travaillé pendant deux ans sur Park and view. "C’est un peu comme du camping sauvage mais avec la bénédiction du propriétaire", résume Grégoire Popineau… Et contre une compensation : entre 5 et 10 euros en moyenne.Les camping-caristes en ont marre des campings et des parkings et ont envie d’aller où ils veulent.
50 emplacements dans la région
Lancée il y a trois mois, l’application recense aujourd’hui 200 à 250 emplacements, dont une cinquantaine en région Centre-Val de Loire. 5.000 camping-caristes et agriculteurs se sont inscrits sur le site.
Parmi eux, Guillaume Pineau, céréalier en Eure-et-Loir. Il a entendu parler de cette plateforme "par hasard sur la presse agricole". "J’ai trouvé cette idée sympa", assure-t-il. "C’est un moyen de faire connaître la région, et notre métier si les gens le souhaitent."
"Qu'ils soient autonomes"
L'intérêt premier à ses yeux reste l'autonomie : "si on est là, on peut éventuellement fournir chaises, tables, barbecue, s'ils le souhaitent. Mais on peut ne pas être là, je peux partir, être en moisson. L'idée c'est que les camping-caristes soient autonomes : ils peuvent venir, payer en ligne, repartir, sans contact."Inscrit peu avant l’été, il propose deux emplacements : l’un près de la ferme avec une vue sur la vallée de l’Eure, l’autre entre ses parcelles, avec vue sur les champs et deux bois.
Guillaume espère attirer des étrangers qui se rendent en Bretagne et souhaitent faire une pause sur la route, mais il n’a encore reçu personne.
De multiples applications
Il faut dire que ce n’est pas la seule ni la première application destinée aux camping-caristes sur le marché.Parmi celles qui localisent des aires, les plus connues sont Aires C.Car, Camping-Car Park, mais surtout Park4Night, qui est la plus étoffée avec plus de 115.000 emplacements référencés, à la fois payants et gratuits.
Grégoire Popineau reste en tout cas optimiste, et s’appuie sur un autre système dans la même veine du retour à la nature : le camping à la ferme. "Certains agriculteurs qui font du camping à la ferme participent en plus à Park and view."
Reportage de Catherine Lacroix, Pascal Epée et Frédéric Marche.
Intervenants :
Dorothée Renaudat, femme d'agriculteur et propriétaire de gîtes.
Grégoire Popineau : fondateur de Park and view.