Des élèves handicapés laissés sur la touche après la fermeture du dernier centre de formation agricole par correspondance

Le CNEAC d'Argenton-sur-Creuse était le dernier centre de formation par correspondance pour les élèves de la seconde à la terminale. Fermé sur décision administrative, il laisse 300 élèves livrés à eux-mêmes.

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La formation par correspondance aux métiers de l'agriculture, c'est bientôt fini ? Le rectorat de l'académie Orléans-Tours a entériné, sur demande du ministère de l'Agriculture et de la direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) la fermeture d'une partie des formations proposées par le CNEAC, le Centre national d'enseignement agricole par correspondance.

Des problèmes révélés par une inspection en août 2020

Cette fermeture était dans les tuyaux de longue date, selon David Berthias, enseignant au CNEAC depuis 1995 et co-directeur de la structure. En août 2020, une inspection révèle plusieurs éléments problématiques, notamment concernant la formation des enseignants et les contrats proposés aux étudiants. "Il y avait un certain nombre de choses à remettre à niveau", concède David Berthias, "certains formateurs n'avaient pas le niveau requis. Le problème, c'est que comme pour les lycées en voie générale, on ne trouve plus personne !

En définitive, le rectorat ordonne la fermeture administrative de l'établissement entre décembre 2021 et janvier 2022. Le CNEAC porte un recours auprès du tribunal administratif d'Orléans, qui suspend cette fermeture en juillet 2022. Mais en janvier 2023, un nouvel ordre de fermeture est émis par le rectorat, et cette fois le tribunal administratif lui donne raison.

Dernier recours désormais : le Conseil d'État, mais ce dernier n'est pas suspensif de la décision du rectorat. Sur 800 personnes, 300 élèves en formation initiale (seconde, première et terminale) sont concernés, la décision ne concernant pas les formations professionnelles données aux adultes.

Des "manquements graves" selon le ministère

Au rectorat, aucune déclaration officielle, mais le dossier laisse perplexe certaines sources consultées par France 3, qui le qualifient de "rocambolesque". Il semblerait en effet que l'opération soit avant tout téléguidée depuis le ministère de l'Agriculture et la DGER, le rectorat n'ayant fait que valider une décision déjà prise. Sollicité par France 3, le ministère de l'Agriculture indique que la mission d'inspection d'août 2020 "a fait état de manquements graves, qui malgré un délai d'un an pour y répondre, n'ont pas donné lieu à action corrective".

Il s'en est suivi qu'une "décision d'interdiction de dispenser des formations initiales scolaires a été prise en janvier 2023 par le rectorat pour mise en application au 1er septembre 2023 et pour une durée de 11 mois". Autrement dit, la faute incombe au CNEAC d'avoir accepté des étudiants pour la rentrée 2023, alors que la fermeture lui avait été signifiée huit mois plus tôt et malgré le recours tenté auprès du tribunal administratif.

Nous craignons, à lire les déclarations et retours que l'association a prévu l'accueil d’apprenants en formation initiale scolaire en cette rentrée, malgré l'interdiction qui lui a été signifiée.

Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Pour le ministère, "la question importante est celle de la poursuite de scolarité des jeunes potentiellement inscrit en formation initiale. Le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, tant au niveau central que régional suit de près cet aspect".

De son côté, la direction du CNEAC affirme ne toujours pas comprendre ce qui lui est exactement reproché. "On ne nous a pas dit ce qu'il fallait qu'on fasse pour corriger la situation", se désespère David Berthias.

Notre secrétariat a dû appeler chaque famille pour leur expliquer la situation, alors que c'est normalement au rectorat de leur trouver une solution.

David Berthias, enseignant et co-directeur au CNEAC

Oui, mais voilà : le CNEAC est le dernier établissement en France à accueillir des élèves par correspondance en formation initiale. En effet, toutes les autres structures ont cessé de proposer ce type de formations à distance, régulièrement réformées et jugées trop lourdes à suivre. "Nous avons un public qui comprend des élèves handicapés, en état de phobie ou d'anxiété scolaire", se désole le chef de l'établissement. "On ne sait pas vers qui ils vont pouvoir se tourner." En tout, 30 personnes parmi les 300 élèves concernés sont en situation de handicap reconnu, sans compter "toutes celles et ceux qui ont quitté leur lycée parce qu'ils étaient harcelés".

En attendant, les cours se poursuivent, mais sans garanties pour les élèves de pouvoir s'inscrire aux examens de fin d'année, ni de trouver un autre débouché pour leurs études.

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