Les 287 salariés d’Alvance Wheels voient chaque jour l’espoir s’amenuiser. Le dernier fabricant de jantes aluminium de France, dans la tourmente depuis plusieurs années a connu la succession des repreneurs. Aujourd’hui, les deux candidats à la reprise ont retiré leurs offres.
"Tout le monde est sous le choc. On a du mal à réaliser". La plupart des salariés n’y croient plus depuis longtemps disent-ils, mais garde toujours un espoir enfoui au plus profond d’eux. Beaucoup sont viscéralement attachés à cette entreprise et à son activité, qu’ils sont les seuls à pouvoir exercer en France.
La réunion en Préfecture ce jeudi soir n’avait pas de quoi leur redonner le moral. Les administrateurs judiciaires ont en effet annoncé que les deux potentiels repreneurs avaient retiré leurs projets, faute sans doute d’avoir obtenu auprès des constructeurs automobiles Renault et PSA des assurances sur les volumes commandés.
Christophe Bouvet, secrétaire CFDT du CSE raconte "après cette annonce, il y a eu au moins une minute de silence. Tout le monde était sous le choc. C’est une situation inédite pour nous. Il nous faut le temps pour réfléchir à comment nous allons gérer cette nouvelle situation".
D’autant que les administrateurs ont fait savoir qu’ils ne demanderaient pas la mise en liquidation judiciaire le 19 octobre à Paris. En raison peut-être d’un troisième projet sur lequel reposerait les espoirs de poursuite d’activité.
L’entreprise Sotoya de Marseille, spécialisée dans les menuiseries aluminium ne présentera pas d’offre, mais continue à dialoguer avec l’état, sur un éventuel projet.
"Lundi, on sera là dès l’embauche à quatre heures"
L’usine étant fermée ce vendredi, en raison de l’organisation partielle du travail (l’entreprise connaît des périodes régulières de chômage partiel depuis la rentrée), les délégués syndicaux ont informé les salariés par SMS et autres messages.
"Les quatre syndicats présents dans l’entreprise vont devoir se réunir pour voir quelle stratégie adopter" estime Antony Babarczi, délégué syndical CGT.
En attendant, dès lundi matin les syndicats vont "informer les salariés dès la prise de service de la première équipe, échanger avec eux et prendre le pouls de leur humeur".
La situation est de plus en plus délicate, les constructeurs ne jouent pas le jeu, et plus encore, le gouvernement est incapable de prendre les mesures qui s’imposent pour sauver la dernière usine de fabrication française.
Christophe Bouvet
Comment inverser le cours des choses ? Pour le syndicaliste, Emmanuel Macron a fixé des caps de fabrication pour les voitures non polluantes. Il suffirait d’un quart du nombre de jantes nécessaires pour sauver l’entreprise.
Pourquoi l’Etat, actionnaire de Renault, ne peut-il pas faire pression sur l’entreprise ? Cette attitude est incompréhensible pour les salariés. Mardi 19 octobre, le tribunal de commerce de Paris devra statuer sur la poursuite de l’activité et la recherche d’un repreneur. Une nouvelle épreuve pour tous ceux qui attendent depuis avril dernier de savoir si leur activité va pouvoir continuer dans des conditions plus sereines ou si elle va disparaître.