Le village de Sainte-Sévère, dans l'Indre, célèbre à partir de samedi 29 avril et jusqu'au 1er octobre les 70 ans du tournage de "Jour de fête" par Jacques Tati (1907-1982) qui y incarne un facteur benêt et débonnaire.
3 versions du film à découvrir
Pour l'occasion, Pierre Richard promènera sa silhouette lunaire, samedi 29 et dimanche 28 avril, dans le village berrichon en fête, en hommage vivant et souriant à Tati, maître du burlesque nostalgique.
Des projections permettront de découvrir les trois versions du film : en noir et blanc, en version colorisée au pochoir (1964) et restaurée en couleur (1995). Autres festivités, un festival de court métrage mettra l'humour anglo-saxon à l'honneur du 3 au 5 août.
Tout comme "Françoué" le facteur, saisi par la passion de la distribution frénétique du courrier "à l'américaine" avec les moyens du bord, Sainte-Sévère prend durant l'été 1947 des airs d'Hollywood-sur-Indre pour un tournage à petit budget. Pour l'occasion, les Sévérois sont invités à enfiler leurs habits du dimanche et à venir jouer leur propre rôle.
A dessein, malgré leurs réticences à sortir leurs costumes de la naphtaline, Tati choisit d'habiller les figurants d'occasion avec leurs vêtements noirs : "La couleur arrivait avec les forains et leurs baraques, le manège et les chevaux de bois. Quand la fête était terminée, on remettait la couleur dans les grandes caisses et elle quittait le petit village", expliquait le comédien et réalisateur.
Destins parallèles
Dans le film devenu culte, l'employé des PTT des années d'après-guerre est entraîné dans sa folie douce par des forains de passage... Les saltimbanques de l'équipe de tournage, eux, ont enrôlé le village dans un rêve de cinéma, dont il ne s'est jamais vraiment réveillé.
Il est vrai que "Jour de fête" devait remporter, en 1949, le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise et le Grand prix du cinéma français l'année suivante, mettant sur les écrans et pour très longtemps le petit village berrichon.
Le maire de Sainte-Sévère, François Daugeron, constate :
Cet événement a marqué à jamais les esprits des Sévérois: notre village est devenu une vedette de cinéma.
"Jour de fête", un hommage
Accueilli avec bonhomie à Sainte-Sévère où il s'était réfugié pendant la guerre pour échapper au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, Jacques Tatischeff, dit Tati, a voulu avec "Jour de fête" rendre hommage à l'hospitalité villageoise.
Pour le remercier à leur tour, les Sévérois ont érigé une statue à Tati-"Françoué", képi de facteur éternellement vissé sur la tête. Une "Maison de Jour de fête" propose même au visiteur de revivre l'aventure avec notamment la reconstitution du bureau de poste et d'un studio de cinéma de l'époque.