Une délégation des maires ruraux de France, avec à sa tête, Vanick Berberian, maire de Gargilesse (Indre), a été reçue à Matignon par Edouard Philippe et Jacqueline Gourault, le mercredi 24 octobre ; pour renouer le dialogue après trois mois de contestation des élus.
« La réunion a débuté dans une ambiance un peu tendue. Mais les discussions ont été franches et cordiales » souligne d'emblée Vanick Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF). Qui était accompagné à cette réunion d'élus du Finistère, des Vosges, de l’Eure-et-Loir et de Saône-et- Loire.
Il faut dire que les relations entre Matignon et les maires ruraux n’ont cessé de se dégrader depuis l’accession à la fonction suprême d’Emmanuel Macron, taxé de « président des villes ».
Après l’annonce en 2017 de la suppression de la taxe d’habitation, l’abaissement de la vitesse à 80km/heure, c’est le transfert obligatoire de la compétence Eau et Assainissement en juin dernier qui focalise les critiques des édiles des communes de moins 3 500 habitants.
Ce transfert est inscrit dans la loi NOTRe, promulguée en 2015 par le gouvernement de François Hollande, ont rappelé mercredi Edouard Philippe et la toute nouvelle Ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault. Pour bien faire entendre qu’ils assumaient la continuité des actions de leurs prédécesseurs.
« Ce transfert de compétence de l'assainissement va obliger les communes de Gargilesse (Indre) et de Badecon-le-Pin à mettre fin au syndicat intercommunal qu’elles avaient créée. Les élus contribuent à son fonctionnement bénévolement, sans coût supplémentaire pour la collectivité. Ca fonctionne très bien» plaide le président de l’AMRF, Vanik Berbérian.
En 2020, (2026 au plus tard), c’est donc la communauté de communes d’Eguzon-Argenton, située à 13 km de Gargilesse, qui reprendra la gestion de l’assainissement. Sans garantie de baisse des coûts. Quid des communautés de communes, incompétentes, qui décideraient de confier cette gestion à des grands groupes comme Véolia...
écrivait encore, exaspéré Vanick Barbérian, dans son édito d’octobre. Les élus des « campagnes » sont entrés en résistance contre la recentralisation et réclament le droit de « s’administrer librement ». Ils l’ont fait savoir lors du congrès de l’AMRF, fin septembre, en adoptant le principe d’un boycott des élections européennes 2019. Les bureaux de vote seront ouverts mais les mairies ne transmettront pas les résultats aux préfectures.La coupe est pleine pour tous les « petits » de la République
Avec @j_gourault et @SebLecornu, échange hier avec les membres du bureau de @Maires_Ruraux sur les question d’eau, les mobilités, la jeunesse, le numérique, le coût de la vie dans le monde rural. pic.twitter.com/mon8V072F0
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 25 octobre 2018
La hausse du prix des carburants pénalise les territoires ruraux
La hausse du prix des carburants, c'est l'autre point évoqué lors de la réunion à Matignon le 24 octobre. Cette mesure gouvernementale génère des rentrées fiscales à l’Etat mais "elle est prise au détriment des habitants des zones rurales", estime le maire de Gargilesse, " se déplacer devient un luxe". Car les bus de remplacement sont souvent en inadéquation avec les besoins des automobilistes. Et la desserte des trains est de moins en moins assurée. En gare d’Argenton sur Creuse, les trains Intercités en provenance ou en direction de Paris ne s’arrêtent plus. Comment faire alors pour se passer la voiture ? « Le nouveau monde, c’est comme l’ancien. Et même pire ! ».Un bon début pour entamer désormais le traitement de toutes les propositions des @Maires_Ruraux et les attentes des habitants de campagnes #autravail changer de regard sur la #ruralite et entendre enfin ce pays dans toutes les #communes qui le composent #macommuneestutile https://t.co/IJDOHJyg1I
— Cédric Szabo (@CedricSZABO) 25 octobre 2018
A l’issue de la réunion à Matignon, la délégation du bureau des Maires ruraux de France a appelé de ses vœux la création d’un Agenda rural français, pour oeuvrer à une véritable politique en faveur de la ruralité. Sur laquelle s’est engagée le Premier ministre. La mission a été confiée à Jacqueline Gourault, Ministre de la Cohésion des territoires et par ailleurs sénatrice Modem du Loir-et-Cher.