Des pics de chaleur jamais atteints en octobre notamment dans l'Indre et le Cher. 2023 est l'année de tous les records de température. Pourquoi fait-il si chaud début octobre ? À quoi faut-il s'attendre pour les jours à venir ? Que dit ce record absolu du changement climatique ?
Alors que les températures devraient osciller entre 17 et 18 degrés l'après-midi en ce début d'octobre, le thermomètre s'affole pour avoisiner les 33 degrés dans l'Indre. Mais aussi dans les autres départements de la région Centre-Val de Loire.
Au moins 18 records ont été battus ce dimanche 1er octobre dans la région (Source des données Météo-France via Météociel) et 40 ce lundi 2 octobre.
Ce lundi 2 octobre, le mercure a encore grimpé. Dans les deux tiers de la région Centre-Val de Loire, les températures étaient supérieures à 30 degrés, le seuil de forte chaleur. "On pourra atteindre des pointes de 33 degrés sur l'extrême sud du Centre voire plus de 34 degrés au sud du Berry", peut-on lire dans le bulletin de l'association de Méteo Centre pour ce lundi 2 octobre.
"Un été qui se prolonge de façon plus ou moins indéfini"
Ce phénomène de jeu de masses d'air existait plus au sud en Méditerranée et dans le Nord de l'Afrique. Il arrive maintenant plus au Nord ce qui fait que la France est plus touchée qu'avant.
"C'est comme si l'été se prolongeait de façon plus ou moins indéfinie. Depuis fin août-début septembre, on a des anticyclones et des dépressions qui sont placées de telle façon qu'on a une arrivée d'air chaud par le sud-ouest qui se produit sur une bonne partie de la France jusqu'à la région Centre. On a à la fois un réchauffement par cet air chaud qui arrive mais aussi par cet anticyclone qui vient plaquer l'air au sol," explique Olivier Renard, président de Météo Centre.
Il n'existe pas de lien direct avec le phénomène climatique El Niño qui débute en ce moment sur le Pacifique Sud et qui fait augmenter la température globale de la planète. En revanche, l'activité humaine accélère le processus. "C'est du réchauffement climatique. Donc tant qu'on continuera à mettre beaucoup de dioxyde de carbone, de méthane et tous les autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère et qu'on augmentera leur concentration, on aura de plus en plus chaud ", rappelle Olivier Renard.
Des vagues de chaleur de mai à octobre qui s'annoncent fréquentes
Ce phénomène devient récurrent et les projections du GIEC estiment que des vagues de chaleur seront fréquentes de mai à octobre désormais. "Il n'est pas prévu qu'il n'y ait plus que deux saisons mais les périodes de forte chaleur vont s'allonger", confirme Olivier Renard. "C'est quelque chose qu'on ne connaissait pas. Avant c'était juin, juillet, août. On a commencé à avoir septembre. Maintenant c'est début octobre et un nouvel épisode est attendu pour le week-end prochain".
Si les températures devraient baisser ce mardi pour descendre aux alentours de 25 degrés avec un peu de précipitations, le thermomètre devrait à nouveau s'affoler samedi 7 et dimanche 8 octobre. " Ce sera de moindre intensité, mais on devrait atteindre les 30 degrés, ce qui est beaucoup trop pour la région,'" annonce le président de l'association Météo Centre.
La sécheresse en embuscade
Ces pics de chaleurs sont accompagnés d'une absence de précipitation alors la période de recharge des nappes phréatiques aurait dû commencer entre le 15 et le 20 septembre.
Olivier Renard dresse un bilan mitigé concernant les précipitations en région Centre-Val de Loire : "Sur le mois de septembre, c'est bien moins pire que l'année dernière en surface sauf dans le Berry où il y a eu moins de précipitation sur le mois de septembre que sur les autres départements. Je sais que l'Indre-et-Loire s'en tire très bien sur le mois de septembre".
D'autres départements, comme le Loir-et-Cher, sont déjà en état d'alerte. Le bassin du Cher, par exemple, est considéré comme "en crise" par la préfecture, qui interdit par ailleurs les prélèvements souterrain pour l'irrigation en Beauce blésoise.
Et de poursuivre, inquiet : "Mais là, si on continue à ne pas avoir de précipitation sur une large partie de la région, on ne va pas remplir les nappes. Il faudrait que ces mois d'octobre à février soient très pluvieux pour pouvoir repartir avec un niveau des nappes qui soient bien meilleures pour pouvoir envisager l'été prochain avec moins de restrictions et moins d'inquiétudes."
2023 : un pic ou la nouvelle norme ?
2023, l'année de tous les records. "Il y a un décrochage clairement des températures mondiales et nationales sur 2023. Est-ce que ça va être juste un pic et ça va redescendre ou est-ce un pic et ça va continuer à montre ? Malheureusement, je ne peux pas vous le dire. Mais on a peur que 2023 soit une année charnière et que cela devienne la norme. Surtout quand on voit le nombre de canicules." conclut le président de Météo Centre.