C’est à la fois un acte sanitaire et militant que les médecins de Sainte-Sévère organisent le 12 mai dans ce canton excentré et rural de l’Indre. La séance de vaccination programmée pour ses habitants verra ses conditions d’accès élargies.
Le constat du Docteur Nicolas Krzemien est simple. "Le covid n’est pas dernière nous. On a encore des cas graves, notamment chez des personnes plus jeunes. Ça nous inquiète, et on pense qu’on ne sortira de cette situation que si on a une campagne de vaccination large, qui permette d’atteindre l’immunité collective, et on en est loin".
Le covid n’est pas dernière nous. On a encore des cas graves, notamment chez des personnes plus jeunes.
Après deux mois d’accalmie dans son cabinet, les malades du Covid reviennent. Il a même envoyé, coup sur coup, deux patients à l’hôpital. Fervent partisan de la vaccination la plus large, il se heurte comme ses confrères à de nombreux verrous qui freinent leur capacité à accomplir cet acte.
Tous ceux qui le veulent seront vaccinés
Parmi les verrous décrits par le médecin vient en premier lieu, les restrictions d’âge et de vaccins.
"L’AstraZenecca, qui est le seul vaccin dont on dispose, est tellement décrié par la presse, par le gouvernement, par tout le monde, que les gens n’en veulent plus. Donc l’idée de cette campagne vaccinale, c’est d’avoir au moins un peu de Pfizer, pour que les gens puissent quand même se faire vacciner. D’autant qu’au moins 20% de nos patients, parce qu’ils sont trop loin ou invalides, qu’ils n’ont pas confiance, ou parce qu’ils ne savent pas où c’est, ne se déplaceront jamais au centre vaccinal de la ville de la Châtre. Si on veut une bonne adhésion, il faut qu’on vaccine au plus proche, à Sainte-Sévère, voir chez eux s’ils ne peuvent pas bouger, et c’est ce qu’on va faire le 12 mai", affirme-t-il.
La maison médicale transformée en centre de vaccination éphémère
Le 12 mai, la maison médicale de Sainte-Sévère se transformera en petit centre de vaccination. Et les dernières annonces d’Emmanuel Macron vont enfin dans le sens des souhaits de ce médecin généraliste de campagne, puisque le Président vient d’annoncer que dès le 12 mai, tous ceux qui voudraient se faire vacciner pourraient le faire, s’il reste des doses disponibles. Reste à avoir les vaccins.
"A Sainte-Sévère, depuis le début de la pandémie, on n’a pas eu un seul vaccin Pfizer ni Moderna, et on a eu, moi j’ai eu, quatre fioles de vaccin de 5 doses de Johnson et Johnson, et je reçois cinq fioles par semaine d’AstraZenecca. Pour ce dernier c’est suffisant pour moi, mais pour les autres c’est nul ou proche de nul. Donc je n’avais pas de solution pour les gens qui disent : "je veux bien me faire vacciner, mais pas avec l’AstraZenecca".
Le 12, nous aurons au moins une solution à proposer à quelques dizaines de patients. Il reste chaque semaine en France quelques 300 000 doses dans les frigos d’AstraZenecca, qui ne trouvent pas preneur.
Il est temps que le gouvernement réagisse et nous autorise à vacciner des gens plus jeunes.
Reste à savoir si la répartition des vaccins pourra se faire différemment. "Nous devons pouvoir vacciner dans nos cabinets avec tous les vaccins, puisqu’on sait maintenant que Pfizer et Moderna peuvent se garder dans un congélateur classique".
Mais cela sera-t-il suffisant pour relancer la machine vaccination, grippée par le désamour des français envers le vaccin AstraZenecca. Les prochaines semaines devraient nous apporter la réponse.