Sept louveteaux ont été adoptés par une meute vieillissante, au parc zoologique de la Haute-Touche, dans l'Indre. Le but : accentuer la diversité génétique au sein de la meute.

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La meute de loups d'Europe de la Haute-Touche n'était plus que l'ombre d'elle-même. Seuls trois animaux vieillissants restaient, au sein du parc zoologique situé dans l'Indre, à cheval sur les communes d'Azay-le-Ferron et Obterre.

Pas de quoi assurer la pérennité de l'espèce sur les lieux. Car peu d'individus, c'est une forte consanguinité à venir sur les prochaines générations, avec tous ses effets plus qu'indésirables (malformations, développement ralenti, faiblesse immunitaire...).

Ma famille d'abord

Pour les équipes de la réserve, la survie de la meute était donc en jeu. Pour remédier au problème, a été tentée une opération d'adoption par les trois loups restants (la femelle dominante et deux mâles) de sept louveteaux, à peine âgés de deux mois. Une opération plus délicate qu'il n'y paraît :

Chez les loups, c'est très compliqué d'introduire des individus adultes parce qu'ils vivent en meute. Qui est ni plus ni moins qu'une famille, avec un couple et sa descendance. La méthode qui promet le plus de succès, c'est d'introduire de jeunes animaux.

Anthony Ciréfice, directeur de la réserve zoologique de la Haute-Touche

Les sept jeunes loups sont arrivés à la mi-juillet, depuis le parc animalier des Monts de Guéret. À peine sevrés et se nourrissant déjà de viande, les louveteaux ont, à cet âge-là, "un besoin d'attachement et sont demandeurs de rejoindre des adultes", selon Anthony Ciréfice. La réciproque pouvait, en revanche, se révéler plus complexe.

Plus d'interactions sociales pour les loups

Pour s'assurer que la greffe allait prendre, les louveteaux ont été présentés à la meute de la Haute-Touche par contact visuel. Les équipes de la réserve ont élevé un petit enclos avec les louveteaux, au milieu de l'enclos des loups. Pendant trois jours, "ils ont fait connaissance, sous haute surveillance".

Et force est de constater que l'entente s'est magnifiquement faite. "On a observé les interactions, et les comportements ont été vraiment positifs", raconte Anthony Ciréfice. Au bout des trois jours, les petits ont rejoint les grands. Il faut dire que, par le passé, les adultes avaient déjà connu une situation similaire, "donc les probabilités de succès étaient élevées". Mais le "risque de rejet" restait présent.

La nouvelle famille est donc constituée de dix individus, ce qui "multiplie les interactions sociales et est enrichissant pour eux", assure le directeur du parc. Pour les visiteurs aussi, bonne nouvelle : plus d'animaux, c'est plus de chance de les voir. Car les enclos sont (très) grands.

Vocation scientifique

La Haute-Touche accueille 1 500 animaux sur 436 hectares de parc, donc seule une partie est ouverte au public. 130 espèces venues de tous les continents (sauf l'Antarctique) se partagent l'espace : des tigres et des guépards, toutes sortes d'antilopes, une multitude d'oiseaux, des singes, ainsi que de très nombreux cervidés.

Le lieu est d'ailleurs un laboratoire de la procréation assistée des cervidés. Concrètement, "on est en capacité de faire porter un embryon d'un cerf sika pseudaxis, éteint en milieu naturel, par une biche cerf élaphe, beaucoup plus courant dans nos contrées". De telles techniques représentent un espoir pour bon nombre d'espèces menacées.

Car la réserve de la Haute-Touche est l'un des trois parcs zoologiques dépendant du Muséum national d'histoire naturelle (avec le zoo de Vincennes et le Jardin des plantes, tous deux à Paris) ouverts au public. Le parc a plusieurs missions. Notamment la conservation, avec des centres d'élevage visant à réintroduire des tortures cistudes et des outardes canepetières (un oiseau des plaines d'Europe et d'Asie centrale) dans la nature.

Autre mission du parc, la recherche scientifique. "Énormément de publications et d'études en lien avec la recherche sont émises ici", se félicite Anthony Ciréfice.

Le loup, un animal pacifique

Enfin, la réserve a une vocation éducative, et c'est là qu'intervient le loup. "Il n'y a pas de programme de réintroduction du loup, la population progresse naturellement en France, précise le directeur. Nous faisons de la présentation, de la pédagogie, de la sensibilisation au loup, à son retour et aux menaces qui pèsent sur lui."

Car, "pour nous, le loup doit garder sa place dans l'écosystème français, et cette opinion n'est pas partagée par tout le monde". La réserve, par des ateliers pédagogiques en lien avec des écoles notamment, s'évertue à battre en brèche nombre de clichés qui collent à la fourrure du loup. "Les histoires de grand méchant loup, ces légendes qui disent que le loup est un danger pour l'humain sont encore bien ancrées aujourd'hui", regrette-t-il.

Il décrit le loup comme une espèce "pacifique", qui a "naturellement tendance à fuir les activités humaines, à maintenir une distance", et qui "ne tue pas par plaisir et chasse plutôt des petites proies". En somme, un loup, c'est "plutôt craintif" face à l'humain.

Ces dernières années, le loup est revenu naturellement en France depuis l'Italie dans les années 90, notamment grâce à son statut d'espèce protégée. Environ un millier de loups sont désormais présents dans l'Hexagone.

De rares victimes récentes ont accusé le loup de les avoir attaquées, mais il reste bien souvent complexe de prouver qu'il s'agit bien d'un loup. Sur 4 000 rencontres confirmées entre le loup et l'humain, recensées depuis les années 90 par l'Office français de la biodiversité et le Réseau Loup-Lynx, seules dix "font état de loups ayant adopté une attitude agressive, et aucun des observateurs n'a été blessé".

En 2023, le parc zoologique de la Haute-Tourche a accueilli 65 000 visiteurs.

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