L'ex-député d'Indre-et-Loire est soupçonné de "complicité d'abus de biens sociaux".
Deux jours après sa garde à vue et au lendemain de sa remise en liberté, Renaud Donnedieu de Vabres a été mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi.
Dans cette affaire, deux autres personnalités ont déjà été mises en examen : Thierry Gaubert et Nicolas Bazire, tous deux proches de Nicolas Sarkozy.
Les juges Le Loire et Van Ruymbeke (qui n'ont pas interrogé l'ex-ministre de la culture) enquêtent depuis des mois sur un possible financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.
Ils cherchent notamment à vérifier l'existence de rétro-commissions. Lors de la signature d'importants contrats de ventes d'armes entre la France, le Pakistan et l'Arabie Saoudite, une partie des commissions versées aux intermédiaires auraient pu revenir en France dans les caisses de partis politiques.
Selon plusieurs observateurs proches du dossier, M. Donnedieu de Vabres (bras droit de François Léotard au ministère de la défense entre 1993 et 1995 dans un gouvernement dirigé par Edouard Balladur) a activement participé à la négociation des contrats, au point d'avoir imposé certains intermédiaires dans l'opération tels que le franco-libanais Ziad Takieddine.
N'exerçant plus aucune fonction politique (hormis ses rares passages au conseil municipal de Tours) Renaud Donnedieu de Vabres a déjà connu l'épreuve de la mise en examen. C'était en 2002 dans l'affaire des comptes du Parti républicain et cela s'était soldé par une condamnation pour complicité de blanchiment d'argent deux ans plus tard.
A l'époque, la justice n'avait pas réussi à déterminer d'où venaient 760 000 euros d'origine suspecte découverts dans le compte du PR. Un lien avec d'éventuelles rétro-commissions du dossier reste plausible.
Dans ce dossier, une autre procédure est en cours pour savoir si cette affaire de corruption est à l'origine de l'attentat qui a tué 11 français au Pakistan à Karachi en 2002. Le juge Trévidic cherche à vérifier l'hypothèse d'un règlement de comptes contre la France pour des commissions qui n'auraient pas été intégralement versées.
Interview exclusive de François Léotard
En août 2011, l'ex-ministre de la Défense s'est exprimé devant les caméras de France 3 Centre
François Léotard est l'un des principaux acteurs de l'affaire Karachi. Un homme qui sait beaucoup de choses mais dira-t-il tout ce qu'il sait ? Il y a un an dans une interview accordée à Libération, il affirmait que sa vie pourrait être menacée s'il parlait.
Lors de son passage dans la région le 28 août dernier nous lui avions demandé de préciser son propos sur ces menaces qui pèse sur les acteurs du dossier.
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